Le Nom nouveau
"Je lui donnerai une pierre blanche,
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Le nom, c'est ce que nous sommes, mais aussi notre vocation, c'est-à-dire la multitude de choses grandes et petites auxquelles nous sommes appelé-e-s et qui nous rendent profondément heureux. Cette conférence cherche à montrer les voies dont le SEIGNEUR se sert afin de nous révéler ses appels, lors qu'Il nous révèle notre Nom nouveau, représenté notamment par un caillou blanc. |
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IntroductionLe Nom nouveau : qu’est-ce donc ? Ne représente t-il pas la vocation céleste que le SEIGNEUR nous réserve et qui commence dès cette terre ? Ou les mauvais desseins des ennemis de DIEU sur une personne. La fécondité spirituelle à notre époqueNous vivons actuellement une époque singulière, caractérisée, je crois, par une véritable famine spirituelle. Une parole de l'Ancien Testament l'illustre parfaitement : "Ce jour-là, on avancera d'une mer à l'autre parce qu'on aura soif de la Parole du Seigneur." Ce temps, c'est aujourd'hui. Nous faisons face à un assèchement spirituel, comparable à la plaie des sauterelles en Égypte, la huitième plaie, où ces insectes dévorent toute la végétation restante après les fléaux précédents. Cela signifie qu'après d'autres "cataclysmes" – que l'on peut associer à des événements historiques comme la Révolution française ou la loi de 1905, qui ont pu affaiblir les piliers de l'Église dans la vie des individus – le peu de spiritualité qui subsiste est aujourd'hui phagocyté, dévoré, mangé entièrement. Notre monde actuel est rempli de distractions et de loisirs, laissant peu de place au silence et à l'intériorité. Il devient de plus en plus difficile de se nourrir spirituellement. Nous avons un besoin crucial d'un éclairage particulier, de "lumières" spécifiques, pour répondre aux questionnements de notre entourage. Trop souvent, les gens sont exposés à des émissions télévisées très bien produites, qui leur fournissent des arguments parfois plus étayés que les nôtres sur une multitude de sujets. Nous nous retrouvons alors démunis, ne sachant pas toujours comment réagir. Il me semble que la base, dans ce contexte, est de savoir comment cultiver notre fécondité spirituelle afin de progresser avec le Seigneur en cette époque particulière. La fécondité spirituelle englobe plusieurs thèmes, et j'ai choisi aujourd'hui d'aborder plus spécifiquement la manière dont Dieu nous révèle notre vocation. La vocation : un appel continu et personnelLa vocation ne se résume pas à un unique choix décisif dans notre existence, comme le conçoit parfois la mentalité moderne, où l'on pense qu'après un engagement majeur tel que le mariage, il n'y a plus de retour en arrière possible. En réalité, la vocation dépasse le cadre d'un instant précis ; elle se manifeste à travers tous les petits choix que nous faisons au quotidien. Il s'agit d'un appel divin constant, à l'image des bébés tortues qui, instinctivement, courent tous vers l'océan. Notre vocation spirituelle consiste à entendre cet appel de Dieu et à nous diriger résolument vers Lui, en évitant autant que possible les écueils. Le nom dans la Bible et la vocationDans la Bible, il existe un lien profond entre la vocation et le nom, en particulier le nom nouveau que chacun de nous est appelé à recevoir personnellement. Je vous propose d'explorer ensemble ce concept du nom dans les Écritures. Nous examinerons ce que représente le nom, nous analyserons des exemples de noms nouveaux en parcourant des passages bibliques familiers, mais en les abordant sous l'angle de la manière dont Dieu révèle un nom à des personnages clés. Nous nous pencherons également sur un passage de l'Apocalypse qui évoque le nom nouveau et offre des clés de compréhension essentielles. Prenons l'exemple de Samuel, qui met un certain temps à percevoir l'appel du Seigneur. Chaque fois, le prêtre Éli lui conseille de se recoucher, pensant qu'il a rêvé. Il faudra trois tentatives à Samuel pour recevoir les clés lui permettant d'entendre son nom nouveau, c'est-à-dire la direction que le Seigneur souhaite lui donner. Samuel était pourtant destiné à devenir un homme saint ; sa mère, stérile, avait prié avec ferveur et avait fait un vœu au Seigneur, promettant de lui consacrer l'enfant qu'elle lui donnerait. La vocation de Moïse et les noms de DieuJe vous propose d'examiner un récit de vocation particulièrement détaillé, celui de Moïse, rarement étudié sous cet angle. Dieu lui répète à de multiples reprises son commandement de faire sortir le peuple d'Égypte. Ces répétitions, je crois, résonnent avec la nature même de nos vocations. Enfin, nous aborderons une dernière partie consacrée aux noms de Dieu. Car lorsque Dieu nous révèle notre nom, il y a souvent un échange où Il nous révèle Son propre nom ou un nom particulier qu'Il porte. Cela nous permet d'entrer plus profondément dans la connaissance de Dieu, d'approfondir notre vie de foi. C'est comme un secret partagé, une amitié qui se tisse, à l'image de cette parole : "Je ne vous appelle plus mes serviteurs, mais mes amis." En résumé, voici les cinq points que nous allons aborder : |
Partie 1 : Le Nom dans la Bible : le Nom nouveau
Le nom : lien avec la destinée et le groupeLe nom, dans la Bible, est étroitement lié à la destinée. Recevoir son nom, c'est en quelque sorte recevoir un chemin unique et personnel, pour lequel nous sommes spécifiquement équipés. C'est un peu comme si, sur un sentier boueux, j'avais été pourvu de bottes par le Seigneur, tandis qu'Alexis, sur un chemin poussiéreux et long, aurait reçu des sandales adaptées. Chacun de nous a un chemin qui lui est propre, un chemin sur lequel il lui est plus aisé d'avancer vers Dieu et de s'épanouir pleinement dans sa vie spirituelle. Tout comme le bébé tortue perçoit progressivement l'humidité, le vent, et l'odeur de la mer à mesure qu'il s'en approche, ces signes l'incitant à accélérer sa course, le nom nouveau agit de même pour nous. Le nom peut s'appliquer à une personne ou à un groupe. Dans la mentalité moderne, héritée du Siècle des Lumières, nous avons tendance à penser l'individu de manière isolée, en mettant l'accent sur le "je". C'est à l'opposé de, par exemple, la mentalité chinoise, où la notion de groupe prime et où l'individu tend à s'oublier. Je crois qu'il existe un équilibre à trouver entre ces deux extrêmes : ne penser qu'à soi, ou se considérer comme un membre d'un groupe plus vaste, qu'il s'agisse de la nation (la France), de la famille, de l'Église, d'un club sportif, etc. Le nom, en réalité, s'applique souvent à la fois à une personne et à un groupe. Le nom nouveau : une mission en constante évolutionLe cœur de la vie chrétienne réside dans la découverte de notre nom nouveau, car ce nom est intrinsèquement lié à la mission que nous recevons du Seigneur. Cette mission se précise tout au long de notre vie, et ses modalités peuvent parfois sembler contradictoires. En effet, le Seigneur peut nous inspirer une action à un moment donné, puis nous demander l'inverse quelques années plus tard. Cette apparente contradiction ne doit pas nous faire oublié que le Seigneur nous fait croître continuellement dans la connaissance, la spiritualité et la prière. Ainsi, un changement de lieu de vie, l'arrêt d'un service ecclésial ou un ajustement dans notre couple peuvent correspondre à une relecture et un réajustement nécessaires pour être davantage en phase avec l'époque présente. Le nom nouveau représente donc une course vers le Seigneur, un chemin de construction où de nouvelles pierres s'ajoutent à l'édifice de notre être, tandis que d'autres, incompatibles avec notre vie de prière ou nos penchants, sont écartées. Le Seigneur se sert de la Providence pour opérer ce "nettoyage" dans nos vies. Comme l'émondage opérée par le vigneron. La vocation céleste et terrestreIl est stimulant de considérer que le nom nouveau est en réalité la mission que nous recevons au Ciel. Au Ciel, nous ne serons pas inactifs ; nous continuerons d'agir. Nous avons l'exemple de Sainte Jeanne d'Arc, qui, même après sa mort, continue d'intercéder et d'inspirer de nombreuses personnes en France. De nombreux saints, comme Sainte Thérèse de Lisieux ou Marthe Robin, poursuivent leur mission céleste en inspirant des dévotions ou en aidant ceux qui les invoquent. Le saint, au Ciel, prend des décisions en accord avec le Seigneur pour agir sur Terre et s'épanouir pleinement dans cette mission. Puisque le baptême nous fait entrer "un pied au Ciel" – c'est-à-dire qu'une partie de nous est déjà au Ciel, déjà sauvée – une autre partie de nous reste susceptible d'être éprouvée par le démon, qui cherche à nous arracher des choses. Je ne parle pas ici d'une damnation, mais plutôt du cas général où, par le baptême, nous sommes sauvés. Le démon, alors, s'attaquera à nous afin que notre vocation céleste soit "moins réussie", pour ainsi dire, parce que nous nous serions nous-mêmes abîmés. Saint Paul explique que notre vie terrestre est comme un remboursement de ce que le Seigneur nous a donné. En réalité, il s'agit avant tout de nous préserver nous-mêmes afin d'avoir, une fois morts, un corps spirituel incroyablement sain. Plus nous grandissons en amour ici-bas, plus notre vocation sera spectaculaire au Ciel. Ce nom nouveau, connu de Dieu seul, révèle que notre vocation sur Terre est le prélude à celle que nous aurons au Ciel. L'ennemi et la subversion du nomNaturellement, l'ennemi est également à l'affût. Dans le livre de la Genèse (chapitre 41), nous voyons le Pharaon changer le nom de Joseph. Donner un nom à quelqu'un, ou le modifier, est une manière d'exercer une ascendance sur la personne. C'est pourquoi, dans certains contextes, cela peut être malsain. Alors que des parents, inspirés par Dieu et par la vocation particulière de leur enfant, donnent un nom avec bienveillance, il en va différemment lorsqu'une personne change délibérément le nom d'autrui. Cela s'apparente à une tentative de contrôle, de brider l'individu, de lui imposer une direction. Un autre exemple se trouve dans le livre de Daniel. Lorsque le peuple de Juda est déporté, le roi Nabuchodonosor change les noms des jeunes gens Daniel, Ananias, Misaël et Azarias (qui deviennent Beltassar, Shadrac, Méshac et Abed-Nego). Ces jeunes gens, brillants et intelligents, sont intégrés à la cour royale, et le changement de leur nom est une manière d'affirmer son autorité, d'exercer un joug sur eux, et potentiellement d'obscurcir leur capacité à discerner leur nom nouveau, en se plaçant ainsi entre Dieu et la personne. La portée du nom : entre pouvoir et destinée divineCe phénomène de changement de nom n'est pas isolé. Nous le retrouvons également dans le deuxième livre des Rois, où le Pharaon Néko, ayant pris le contrôle de Jérusalem, change le nom du roi Éliakim. Modifier le nom d'un roi, c'est exercer une autorité non seulement sur l'individu, mais aussi, par extension, sur l'ensemble du pays. C'est une manière d'imposer une nouvelle direction, voire une sujétion, par la force. De même, le recensement du peuple par le roi, un péché grave commis par David (2 Samuel 12), illustre cette intrusion. En voulant connaître le nom de chaque individu, le roi empiète sur la connaissance divine des noms. Dieu seul connaît nos noms nouveaux, et cette ingérence s'apparente à une forme de sorcellerie, touchant à des domaines réservés au divin. |
Partie 2 : Noms bibliques
La Bible regorge d'exemples de noms nouveaux qui révèlent une transformation profonde et une mission divine. Abraham, dont le nom originel était Abram, signifie "le père est exalté". Cela évoque une figure sainte, admirée pour sa progression spirituelle. Dieu met alors Abraham à l'épreuve d'une manière inouïe : après des années de stérilité et l'attente d'un fils, il lui est demandé d'offrir Isaac en sacrifice, et de marcher plusieurs jours sans savoir sur quelle montagne l'acte devra être accompli. Abraham réussit cette épreuve avec succès, prouvant son détachement vis-à-vis de ce qui lui était le plus cher, sa descendance. En récompense, Dieu lui fait une promesse extraordinaire : il deviendra le père d'une multitude. Le nom d'Abram se transforme alors en Abraham, avec l'ajout de la lettre hébraïque "Heh" (H), qui symbolise le souffle et la fécondité, à l'image d'une fenêtre ouverte dans notre cœur, laissant entrer la flèche d'amour divine. Des témoignages mystiques décrivent ces "petites flèches en or" de l'Esprit Saint qui touchent les cœurs et les illuminent de joie. Le nom d'Abraham, "père d'une multitude", exprime cette fécondité démultipliée. De la petite fécondité initiale, magnifiée par sa fidélité et son épreuve, il reçoit la promesse d'une descendance innombrable. C'est une illustration extraordinaire du lien entre l'épreuve, la foi et les grâces reçues. Jésus lui-même a dit : "Abraham a vu mon jour", suggérant une vision prophétique, peut-être une expérience spirituelle intense où il aurait contemplé la Croix. Abraham fut véritablement un géant de la foi. Sa femme, Saraï, dont le nom signifie "ma princesse", est admirée par Abraham. Elle devient Sarah, "Princesse" de manière absolue, comme la Vierge Marie, mère d'une multitude. Ce nom nouveau souligne sa vocation à enfanter une multitude. Nous avons également l'exemple de Simon, que Jésus rencontre près de son bateau. Jésus lui dit : "Ton nom sera Pierre." La pierre est un symbole puissant dans la Bible, évoquant à la fois la contradiction, la solidité et le fondement. Lorsque Jésus s'adresse à Pierre en lui disant : "Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela...", il l'appelle par son ancien nom, soulignant sa condition humaine de base, que Dieu élève et à laquelle il révèle des vérités divines. Cette révélation d'une partie de son nom à toute l'Église constitue un exemple de vocation où Dieu change le nom, et Pierre devient alors le chef de l'Église universelle. Le renoncement pour une paternité spirituelle : l'exemple de PierreCe lien entre le renoncement et une paternité spirituelle se retrouve dans les visions de Maria Valtorta, une mystique italienne de l'époque de la seconde guerre mondiale, qui a eu la grâce de contempler des passages de l'Évangile. On y voit Pierre, attristé par son désir d'avoir des enfants, taquiner Jésus à ce sujet. Jésus lui répond alors qu'il est appelé à une vocation bien plus sainte. Pour Pierre, le renoncement à une paternité charnelle fut une véritable épreuve. Pourtant, Jésus lui a offert une paternité immense : celle d'être le père de toute l'Église. Nous retrouvons ici une similitude avec l'épreuve d'Abraham. Le Seigneur demande un sacrifice, mais offre en retour des grâces extraordinaires, incompréhensibles sans le regard de la foi. C'est un don immense, même si à court terme, il peut sembler aride de ne pas avoir d'enfant de deux ans à prendre dans ses bras. Ainsi, Simon-Pierre incarne un puissant symbole du nom nouveau. La Vierge Marie et son nom nouveau à l'AnnonciationL'exemple de la Vierge Marie est également d'une grande beauté. Lors de l'Annonciation, l'ange Gabriel lui adresse les mots : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." (Lc 1, 28) Marie, imprégnée de la Parole de Dieu, fut troublée par ces paroles, un trouble d'ordre spirituel. L'expression "réjouis-toi" est rare dans la Bible et renvoie à des textes précis de l'Ancien Testament. Elle est notamment liée à Zacharie (chapitre 9), où il est dit : "Réjouis-toi, fille de Sion, car ton sauveur vient vers toi, humble et monté sur un âne, sur le petit d'une ânesse." Ce texte, lu lors du Dimanche des Rameaux, évoque l'arrivée du Messie, humble et monté sur un âne. Ainsi, dès le "réjouis-toi", Marie discerne dans l'appel à sa vocation la venue imminente d'un Messie humble. On retrouve également ce "réjouis-toi" dans le prophète Sophonie (chapitre 3). Ce petit prophète dresse un tableau sombre de la situation d'Israël, marqué par les persécutions et l'oppression, à l'image de l'époque de Jésus sous la domination romaine, ou de notre époque où une laïcité, se voulant tolérante, nous empêche parfois d'exprimer notre foi. À la fin du livre de Sophonie, on lit : "Réjouis-toi, fille de Jérusalem, car je vais te délivrer en tant que peuple." Le "réjouis-toi" de l'ange donne donc à la Vierge Marie une clé, un nom nouveau. Elle est choisie pour mettre fin à l'oppression du peuple d'Israël, afin qu'un flot de grâces l'inonde et que, par elle, le peuple tout entier soit racheté. Dans Isaïe (chapitre 7), il est écrit : "Voici que la Vierge est enceinte et elle concevra." En raison du lien entre l'Annonciation et ce texte, la Vierge Marie, dans son trouble spirituel, a certainement perçu la puissance des paroles de l'ange comme un concentré de toutes les références de l'Ancien Testament qu'elle avait méditées pendant des années. L'ange lui dit "Voici que la jeune fille vierge est enceinte", soulignant sa virginité. C'est pourquoi elle s'interroge : "Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais point d'homme ?" Il y a là un nom nouveau : "la jeune fille vierge", celle qui, par un choix radical de virginité pour le Royaume des Cieux et pour se donner entièrement à la communauté juive, au peuple d'Israël, va porter un fruit extraordinaire. Enfin, je pense au quatrième texte, celui de Michée 5 : "Bethléem Éphrata, tu n'es certes pas le plus petit des clans de Juda, car de toi sortira celle qui doit enfanter." Cette "celle qui doit enfanter" (en hébreu, yoleda) est un nom en soi. C'est celle qui est venue au monde avec la mission d'enfanter. On pense spontanément à Jésus, mais dans le Magnificat, la suite est donnée : "Toutes les générations te diront bienheureuse." En entendant cela, Marie a peut-être compris, pas forcément immédiatement, que toutes les personnes de l'humanité seraient enfantées en elle, par la grâce de la Sainte Trinité qui lui déléguerait cette part de leur puissance créatrice. La vocation de Marie : Mère de l'Église et partage du règne divinLes visions de Maria Valtorta nous révèlent des passages émouvants où l'on perçoit la tristesse de Pierre à ne pas avoir d'enfants. Jésus, avec une douce taquinerie, lui assure qu'il est appelé à une vocation bien plus sainte. Le renoncement de Pierre à une paternité charnelle, bien que difficile, lui a permis d'embrasser une paternité immense : celle d'être le père de l'Église entière. Ce sacrifice apparent trouve sa juste mesure dans la foi, car le Seigneur lui offre déjà sur terre une grâce extraordinaire, comme ce fut le cas pour Abraham. La Vierge Marie incarne un autre exemple magnifique de nom nouveau. L'Annonciation est un moment clé où, par les paroles de l'ange Gabriel – "Réjouis-toi, comblée de grâce" – un nom nouveau lui est donné. Marie, imprégnée de la Parole de Dieu, perçoit le sens profond de ce "réjouis-toi", qui renvoie à des prophéties de l'Ancien Testament. Luc, dans son Évangile, fait sciemment écho au Deuxième Livre de Samuel (chapitre 7), où le prophète Nathan annonce à David que ce n'est pas lui qui construira un temple à Dieu, mais un descendant issu de lui. Les mots "royaume", "sera grand" et "mon trône" sont repris pour souligner que le Royaume de Dieu trouve son origine dans le sein de la Vierge Marie. Sa vocation est immense, car elle est choisie pour mettre fin à l'oppression du peuple d'Israël, devenant ainsi la source d'un flot de grâces qui rachètera l'humanité. La grandeur sous-estimée de Saint Joseph et le rôle des dogmesNous sous-estimons souvent la grandeur de Saint Joseph. Si vous aspirez à la sainteté, priez Saint Joseph, car il est d'une aide précieuse. Bien qu'aucun dogme n'ait encore été promulgué à son sujet, de nombreux théologiens et personnes priantes estiment que Saint Joseph est déjà ressuscité. On dit même que le Père céleste lui a délégué le rôle de canaliser toute sa paternité. Il est comme un intermédiaire par lequel le Père, le Fils et le Saint-Esprit passent. Ces trois personnes humaines – Jésus, Marie et Joseph – ont une vocation spécifique pour aider l'humanité à comprendre le mystère de la Sainte Trinité. Les dogmes promulgués par l'Église sont essentiels dans la compréhension du nom nouveau de Jésus, Marie et Joseph. Quand nous proclamons "Marie, Mère de l'Église", nous honorons non seulement la Vierge Marie, mais nous reconnaissons publiquement son nom et sa mission. Plus nous y pensons, plus nous le célébrons, plus nous reconnaissons publiquement Marie comme Mère de l'Église, plus nous donnons de la force à la Vierge Marie. C'est comme si cela venait déployer pleinement sa vocation maternelle sur Terre. Les dogmes donnés par l'Église, qu'ils soient liés à Jésus, Marie, Joseph, ou à d'autres saints, révèlent des "noms mystérieux" que nous pouvons invoquer dans la prière car ils possèdent une puissance particulière. Par exemple, chaque fois que je dis avec foi "Marie, Mère de l'Église", c'est comme si je plaçais l'Église sous sa protection, ou comme si je contribuais à ce que les chrétiens, de manière générale, saisissent mieux le mystère de la Vierge Marie pour leur propre vie de foi. C'est tout un processus qui se met en place. Les noms des peuples dans la Bible : l'exemple d'IsraëlAu-delà des noms individuels, la Bible révèle aussi des noms liés à un peuple. On trouve des exemples poignants dans le livre d'Osée, où Dieu s'adresse à Israël en disant : "Je t'appellerai Non-aimé." Cela exprime un moment où le Seigneur est éloigné de son peuple, le laissant à ses propres dérives. Puis viennent les promesses d'Isaïe : "Je t'appellerai Jérusalem pardonné, ville de justice, cité fidèle, ville désirée par Yahvé, mon plaisir en elle." Chaque nom est comme une caresse divine qui insuffle la vie à un peuple qui, par ses péchés, ne mériterait pas d'être sauvé. Si l'on regarde le mot Israël en hébreu, on peut y déceler des significations profondes. La première lettre du mot Israël est un Yod. Le Yod désigne la paternité dans la faiblesse, à l'image d'un père plein de miséricorde. C'est le père de la parabole de Luc (chapitre 15) qui accueille son fils prodigue à bras ouverts, l'interrompant dans ses vaines excuses pour lui dire : "Non, je te pardonne, je t'aime, et nous allons célébrer. Je te rends l'habit de sainteté, ainsi que l'anneau pour que tu retrouves ton autorité au sein de la famille." Il accueille son fils repentant avec une tendresse inconditionnelle, interrompant ses justifications maladroites pour lui signifier son pardon et son amour. Dans le Yod, nous pouvons discerner le peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, un peuple dont la vocation était de manifester le Père, de révéler sa justice. C'est un peuple parfois "borné" dans son obéissance aux commandements divins – observer le shabbat, respecter les interdits alimentaires – non par rigidité, mais pour être un signe de la présence paternelle, même dans sa fragilité et sa petitesse. Le peuple juif, humble et souvent pauvre, portait en lui cette image d'une paternité divine miséricordieuse. Le Shin et le Resh : De l'accomplissement apostolique à la royauté des chrétiensLa lettre suivante dans Israël est le Shin (S), qui représente l'accomplissement absolu. On peut y voir l'accomplissement de la promesse divine dans le collège apostolique restreint des douze apôtres, au temps de Jésus. Il y a eu un transfert du peuple de Dieu : d'un peuple dont la vocation était de révéler une facette de Dieu, à un second peuple dont la mission est de révéler une autre facette, celle de l'envoi de Son Fils, Jésus. C'est un accomplissement qui s'est déroulé durant les trois années de la vie publique du Christ. Enfin, le Resh (R), qui symbolise la royauté, nous renvoie à la royauté des chrétiens d'aujourd'hui. Par le baptême, nous sommes unis au nom de Jésus et, comme je l'ai mentionné, nous sommes déjà sauvés. Notre temps sur terre n'est donc pas consacré à obtenir le salut – nous l'avons déjà reçu – à moins que nous ne nous éloignions délibérément de Dieu. L'enfer n'est pas le fruit d'une simple erreur, mais d'un choix conscient et définitif de désespérance ou de haine, préférées à l'espérance et à l'amour. Ainsi, nous sommes rachetés par le baptême et passons notre temps sur terre à "rendre" au Seigneur, en partageant sa royauté. Nous avons tous la capacité d'exercer cette royauté avec Lui. Cette royauté s'exerce notamment par la prière. Nous avons le pouvoir d'intervenir n'importe où, pour n'importe qui. Si je prie avec foi pour quelqu'un qui souffre, le Seigneur peut opérer des miracles dans la vie de cette personne. En participant à la messe et en communiant, nous contribuons à l'avènement du Royaume de Dieu sur Terre. Il y a une force extraordinaire dans les sacrements, une véritable fécondité, un règne. Le Christ partage tout avec nous, comme le dit Paul : "Je suis tout en tous." L'héritage infini du Père et la royauté partagéeC'est ce que le fils aîné de la parabole du fils prodigue n'a pas compris. Il craignait que le retour de son frère cadet ne divise l'héritage en deux. Or, l'héritage du Père est infini. Le Père, en réintégrant le fils cadet, ne divise pas son bien en moitiés. Il lui restitue "sa part", non pas une portion limitée, mais une "dose d'amour" que chaque enfant reçoit et qui lui permet d'exercer une royauté particulière sur l'humanité. Si je m'abandonne au Seigneur et que ma prière a une efficacité particulière, je suis comme un enfant devant Lui. En priant, je peux en Christ sauver des personnes, les empêcher de sombrer dans le désespoir en les aidant à porter leur fardeau. En communiant, je peux transformer l'Église. Le fils aîné n'a pas saisi que cette royauté, cet héritage, était accessible à tous. Le service que je rends, par exemple sur ma paroisse, ne m'appartient pas ; il appartient à chacun. Si un autre service organise une soirée de miséricorde, cette soirée est à nous tous. En tant que paroissiens, nous pouvons nous réjouir et nous approprier toutes les grâces qui en découlent. Il y a un partage non seulement des grâces, mais aussi des faiblesses, et le Seigneur nous équipe pour y faire face. La troisième lettre d'Israël : De l'apostolat à l'Église universelleLa troisième lettre du peuple d'Israël symbolise un nouveau transfert, celui du Collège Apostolique vers l'Église entière, désormais ouverte aux Gentils, c'est-à-dire à nous qui ne sommes pas nécessairement Juifs de souche. |
Partie 3 : Lettre à Pergame
L'Apocalypse : Révélation des révélations et clé de lecture ecclésialeNous abordons maintenant l'Apocalypse, un texte d'une profondeur extraordinaire. Si la Bible est la Révélation par excellence, avec Jésus comme clé de lecture universelle – tout s'y ramène à Lui (par exemple le peuple hébreu sortant d'Égypte et traversant la mer évoque Jésus qui, par le baptême, nous fait traverser l'épreuve et la mort) –, l'Apocalypse est la révélation des révélations. C'est un secret réservé à ceux qui sont les plus profondément greffés sur l'Église. Certaines de ses parties, notamment les plus cruciales, peuvent échapper à ceux qui, étant chrétiens mais non spécifiquement catholiques, n'ont pas cette connexion avec le Pape et la Vierge Marie. L'Apocalypse est un texte que nous recevons en tant qu'Église, et qui nous permet de comprendre les temps présents, d'éclairer le passé et d'entrevoir l'avenir. Une onction particulière repose sur ce livre. Il est essentiel de noter qu'il existe de multiples interprétations qui se superposent ; il ne faut donc jamais considérer une seule interprétation comme absolue et exclusive. Les lettres aux sept Églises : un itinéraire spirituelNous nous situons dans les lettres aux sept Églises d'Asie Mineure. L'apôtre Jean, très âgé et exilé sur l'île de Patmos à la fin de sa vie, les a écrites pour donner des directives spirituelles. Ces directives avaient probablement une application concrète à l'époque, que nous avons en partie perdue. Une lecture littérale permet de comprendre les reproches (tiédeur, etc.) et les spécificités de chaque ville (foi, ferveur, etc.) Mais cette lecture littérale est avant tout une porte d'entrée pour une interprétation plus profonde. Une des interprétations majeures de ces sept lettres est leur application aux sept étapes de l'itinéraire de l'âme vers Dieu. Sainte Thérèse d'Avila en parle dans son œuvre "Le Château Intérieur", qui explore la vie spirituelle comme une spirale concentrique nous menant progressivement vers Dieu. Nous en sommes à la troisième étape. La première consiste à nous débarrasser des entraves à notre vie spirituelle. La deuxième est de résister aux combats de l'adversaire qui cherche à nous décourager. La troisième, que nous abordons, est celle où nous recevons notre nom nouveau. Le message à l'Église de Pergame : discernement et fidélitéL'ange de l'Église de Pergame reçoit ce message : "Ainsi parle celui qui a le glaive acéré à deux tranchants." C'est Jésus, dans sa gloire, dont la parole est un glaive qui sort de sa bouche, nous permettant de discerner le bien du mal et de faire avancer le règne de Dieu. "Je sais où tu habites : c'est là que Satan a son trône." Cela fait référence à la ville de Pergame, connue pour une école ésotérique qui pervertissait et éloignait de la foi. Pour nous, cela peut s'appliquer à notre intelligence, où coexistent la lumière de Dieu et notre orgueil, qui nous pousse parfois à mal utiliser notre esprit. "Mais tu tiens ferme à mon nom et tu n'as pas renié ma foi." "Tenir ferme à mon nom" signifie s'efforcer de progresser dans la compréhension de qui est Dieu, en accueillant les noms qu'Il nous révèle. "Mais j'ai quelque chose contre toi : tu as des gens qui tiennent ferme à la doctrine de Balaam, celui qui enseignait à Balac comment faire trébucher les fils d'Israël." Ceci désigne ceux qui mettent leur intelligence au service de l'ennemi pour nous pervertir, nous égarer et nous détourner du chemin qui mène à Dieu. "Convertis-toi donc ! Sinon, je viendrai à toi sans tarder, et je les combattrai avec le glaive de ma bouche. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée [le pain du ciel que les Hébreux reçurent dans le désert], et je lui donnerai un caillou blanc sur lequel est inscrit un nom nouveau que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit." Ce passage est capital : seul Dieu connaît notre nom nouveau, et nous-mêmes, progressivement, nous en percevons les "syllabes", nous commençons à le discerner. Il reprend le schéma de notre progression spirituelle : en avançant dans la compréhension de Dieu par les noms qu'Il révèle à notre cœur et à notre intelligence, le Seigneur nous rétribue dès cette terre au centuple, en nous révélant notre nom nouveau, c'est-à-dire notre vocation. Le nom et la vocation : un chemin vers le surnaturelNous discernons le nom, puis nous en acquérons une compréhension plus profonde, celle de notre vocation propre. Sainte Thérèse d'Avila affirme que la prière est l'horizon qui permet d'entrer dans ce "château intérieur", et la lettre à Pergame correspond à la troisième demeure. En substance, après avoir franchi les deux premières portes, l'âme rencontre de grandes sécheresses et des épreuves intérieures intolérables. Elle ne peut avancer qu'en puisant l'humilité et la paix de Dieu à travers ces difficultés. Plus elle aimera, sera dans l'action de grâce, s'exercera à une prompte obéissance, et fera peu cas de sa volonté propre, plus vite elle cessera de subir ces lourdes épreuves et deviendra apte à vivre les choses surnaturelles des demeures suivantes. Le nom nouveau est lié à la capacité de vivre des choses surnaturelles, d'exercer notre vocation de chrétien d'une manière qui dépasse le cadre habituel. Par exemple, nous pourrions recevoir une inspiration pour créer un projet révolutionnaire pour notre paroisse, doté d'une fécondité particulière. C'est un nom nouveau qui nous est adressé, précédé d'une sécheresse. Cette sécheresse, ce "désert" de la prière où l'on a l'impression de se perdre dans nos propres pensées pendant vingt minutes d'oraison quotidienne, n'est pas vaine. Le Deutéronome nous dit que le Seigneur conduit son peuple dans le désert, "dans ce pays peuplé de hurlements sauvages" (Dt 32, 10). Cela peut symboliser notre propre esprit, rempli de nos soucis quotidiens, de nos difficultés, de nos émotions, de l'impact de nos expériences – même de films violents. C'est pourtant dans ce désert que le Seigneur révèle son nom et nous révèle le nôtre. Les lettres aux sept Églises : une interprétation temporelleUne autre interprétation des lettres aux sept Églises, peut-être moins centrale mais que je trouve pertinente, est leur description d'un fil rouge spirituel se déroulant à travers différentes périodes du temps. Le Seigneur a un plan d'amour pour ces sept périodes, que l'on retrouve dans l'Ancien Testament, dans la vie de Jésus, et dans notre époque. La connexion est souvent frappante. Prenons l'exemple de la lettre à Pergame : elle correspond au séjour du peuple hébreu au désert, puis aux périodes de Josué et des Juges. C'est la période où le peuple, sorti d'Égypte, s'installe progressivement en Canaan, restant petit et pauvre. Il s'éloigne de Dieu, qui suscite alors des figures comme Samson ou Débora pour le délivrer, à l'image de Jeanne d'Arc chassant les Anglais de France. C'est au désert que le peuple reçoit la manne, les cailles, et l'eau vive du rocher. C'est là aussi que Moïse reçoit la Torah au Sinaï. La lettre mentionne la manne, le glaive de la bouche du Christ ("je viendrai à toi sans tarder avec le glaive de ma bouche je les combattrai"). Les Dix Commandements sont comme ce glaive qui éclaire ce qui peut nous aider à avancer vers Dieu. C'est aussi durant cette période que le peuple est tenté par la lassitude dans le désert. La lassitude est le premier péché, qui mène à la critique, puis à des actes plus graves comme l'adoration du Veau d'or. La lettre à Pergame fait mention de Balaam le devin, qui, ne pouvant maudire Israël, envoie de belles jeunes femmes pour séduire le peuple. C'est l'intelligence mal utilisée, qui détourne même la beauté des femmes – un don extraordinaire – pour pervertir l'humanité. L'objectif est d'utiliser ce qu'il y a de plus beau sur Terre pour la pervertir au maximum. Des psaumes des fils de Coré ont également été écrits à cette époque. La troisième période de la vie de Jésus : le désert et le glaive de la ParoleSi l'on observe la vie de Jésus, la troisième période est celle de sa préparation au désert avant sa vie publique. Il y forge durement son corps d'homme, y "aiguise son épée". Il nous montre comment aiguiser la nôtre : dans le "désert de l'oraison", en s'imprégnant de la Parole de Dieu et en se tournant vers Lui, nos paroles peuvent être davantage inspirées par le Seigneur. Elles acquièrent alors un effet tranchant, un pouvoir purificateur pour notre entourage. On retrouve ici l'image du glaive. Le combat spirituel : l'exemple de Jésus et de ses disciplesLa capacité à aiguiser notre épée spirituelle nous permet de combattre les mauvaises pensées et les tentations du démon. Bien que Jésus n'en ait pas eu intrinsèquement besoin, en s'étant fait homme, il a voulu nous montrer comment mener le combat spirituel, particulièrement durant les périodes de désert. Par la suite, il a appelé ses disciples, donnant un nom nouveau à certains, comme Pierre, et sans doute à d'autres de manière moins explicitement rapportée. Jean, l'apôtre bien-aimé, reçoit lui aussi un nom nouveau. L'analyse de son nom en hébreu, avec un subtil changement de lettre, révèle à quel point cet amoureux de Jésus est devenu semblable à son Maître, précurseur des contemplatifs qui, par une contemplation intense de Jésus, deviennent d'autres Christ. Dans cette période, Jésus se révèle à Nicodème et à la Samaritaine. Il se présente comme la véritable manne, affirmant que nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, et qu'il donnera l'eau vive. Il se positionne en opposition aux doctrines des Pharisiens, des Zélotes, des Saducéens, que l'on peut comparer aux doctrines de Balaam. Tous ces éléments se retrouvent dont bien de manière frappante dans la vie de Jésus. Il est stupéfiant de voir à quel point Jésus s'est abaissé à vivre intentionnellement d'une manière qui respectait les périodes que le Père, de toute éternité, avait proposées aux hommes. Cela permet aux hommes de comprendre le monde dans lequel ils vivent et la sensibilité particulière de chaque époque donnée. L'âge des Pères de l'Église : intelligence illuminée et combat des hérésiesLors de notre ère, il s'est produit ce que l'on pourrait appeler l'âge des Pères de l'Église. Ce sont des figures qui ont su concilier une vie de prière intense, souvent vécue dans le désert, avec une prédication féconde. À cette époque, l'intelligence de l'Église est illuminée, ce qui évoque le glaive à deux tranchants de la Parole de Dieu. Ces deux tranchants peuvent aussi symboliser les écoles d'Orient et d'Occident, avec leurs Pères de l'Église respectifs. La doctrine des Nicolaïtes, mentionnée dans l'Apocalypse, est en droite ligne des "mauvais fruits" évoqués précédemment (incestes, adultères). Ce sont les hérésies combattues par les Pères. Dans la Bible, la prostitution symbolise souvent l'alliance avec l'ennemi, le fait de suivre de mauvaises inspirations. À cette époque, l'Église était moins soumise aux persécutions directes, mais elle faisait face à de nombreuses hérésies. C'est durant cette période que sont rédigés les canons, c'est-à-dire les textes fondamentaux de référence qui nous servent encore aujourd'hui à combattre ces hérésies. C'est également à cette période que les hérésies s'accentuent, donnant finalement naissance à l'islam, qui nie la divinité du Christ et sa mort sur la Croix. Il est important de souligner qu'un musulman peut devenir un grand saint, car Dieu agit par tous les moyens, y compris par le Coran. Cependant, l'islam en tant que système nie une partie de l'essence de Dieu. Jésus est Dieu, et Il est mort sur la Croix, tandis que l'islam affirme qu'une autre personne a été substituée à Jésus sur la croix. D'un point de vue strictement historique, il est regrettable de nier la faiblesse de l'Église, qui est le Christ lui-même s'étant fait le plus faible. Nier la mort du Christ sur la Croix, n'est-ce pas aussi triste que de nier la Shoah, comme si on cherchait à nier une blessure profonde ? Le bénéfice du désert et la troisième créationEn résumé, cette troisième période – que ce soit dans l'Ancien Testament avec le peuple hébreu au désert, à l'époque de Jésus dans son désert personnel, ou durant l'ère des Pères de l'Église – nous montre le bénéfice du temps du désert. C'est une période où l'intelligence et le cœur sont fortifiés pour recevoir notre nom nouveau et la mission propre que le Seigneur veut nous confier. Cela correspond également à la troisième création de Dieu dans la Genèse, où Dieu sépare la terre des eaux pour les rassembler en un même lieu. On retrouve ces sept moments à travers toute la Bible. C'est une période où les arbres et les fruits sont créés, signe d'une fécondité extraordinaire. Comme il est dit : "Le troisième jour, Dieu créa tous les arbres, tous les fruits, toutes les espèces." C'est une période d'une fécondité prodigieuse. Les fruits inépuisables de la Parole et les Pères de l'ÉgliseLes fruits de cette période sont inépuisables : nous avons les commandements, et à l'époque de Jésus, le Sermon sur la montagne, véritable traité pour la vie chrétienne. Sa lecture seule est d'une immense profondeur. Puis viennent les écrits des Pères de l'Église, qui sont comme une sortie du Seigneur de sa demeure sainte pour venir habiter parmi son peuple. Je vous invite à explorer ces textes. |
Partie 4 : les 7 appels de MoïsePrésentation du passage Ex 3, 6 à 7, 5.
Moïse : Le prototype de la vocation et les étapes de la purificationExaminons maintenant comment cela se met en application chez cet homme extraordinaire qu'est Moïse, décrit comme l'homme le plus humble que la terre ait porté (Nb 12, 3). Le livre de l'Exode offre des dialogues très détaillés entre Dieu et Moïse, faisant de ce dernier le prototype de celui qui cherche à avancer vers Dieu et qui reçoit un nom nouveau. Nous retrouvons chez Moïse les deux premières demeures décrites par Sainte Thérèse d'Avila. La première demeure consiste à se détacher des mauvaises choses. Moïse grandit en Égypte, occupant une position de pouvoir considérable. Puis il commet un acte regrettable : il tue un Égyptien. Cet acte restera une source de douleur pour lui, je l'imagine, un peu comme pour Saint Paul qui a persécuté les chrétiens. Toute sa vie, cela va exalter son humilité, le faisant se considérer comme le "dernier des derniers", ce qui l'aidera peut-être à sortir de sa torpeur. Il doit fuir dans le désert, se débarrassant de tout ce qui l'entravait. Il se réfugie au pays de Madian, où il défend une bergère et ses troupeaux, se marie, et y reste quarante ans. Nous retrouvons ici le chiffre quarante, symbole de purification, le temps du carême spirituel, cette étape nécessaire de faiblesse et de désert spirituel pour pouvoir recevoir notre nom nouveau. C'est là qu'il vit l'épisode du Buisson Ardent, où Dieu se manifesta à lui. L'écoute de Dieu et la révélation progressive du nom nouveauJ'ai divisé les dialogues entre Dieu et Moïse en quatre grandes parties. Je me suis interrogé : Moïse entendait-il réellement la voix de Dieu ? Il est difficile de répondre, mais je pense qu'à force de croître en sainteté, il a pu, à la fin, voir Dieu face à face ou presque. Cependant, il est possible qu'il n'ait pas entendu des paroles humaines, mais plutôt des locutions intérieures, des inspirations reçues progressivement dans la prière. Un peu comme nous, dans la prière, nous nous disons : "Je crois que Dieu m'a demandé cela." Le lendemain, nous prions, nous faisons l'adoration, le chapelet, nous nous confessons, un frère ou une sœur nous dit quelque chose. C'est comme s'il y avait des couches successives qui dégageaient le sable sur notre nom nouveau, nous permettant de le percevoir de plus en plus clairement. Peu importe qu'il ait entendu la voix de Dieu ou non. Mais cela m'aide de penser que, peut-être, il a lui-même eu du mal à comprendre : "Que me dis-tu ? Que me demandes-tu ?" Puis, évidemment, lorsque la tradition orale s'est établie et qu'ils ont fixé définitivement ce que Moïse avait reçu, l'Esprit Saint lui a certainement rappelé très exactement ce qui lui avait été dit, comme pour Saint Jean et les évangélistes. Mais au départ, je ne sais pas. Au vu du nombre de fois où Dieu lui parle pour lui dire la même chose à peu de choses près, je me dis que cela a peut-être été plus douloureux qu'on ne l'imagine. Sinon, Dieu ne l'aurait pas dit une seule fois ? Ou peut-être était-ce pour "décrasser" en plusieurs fois les Hébreux des mauvaises moeurs égyptiennes... La répétition divine et la vocation des disciples à GethsémaniJe voulais souligner cette répétition. Jésus demande trois fois à Pierre s'il l'aime. Samuel est appelé trois fois. Le fait de demander trois fois semble être un signe que Dieu nous demande quelque chose et qu'il le répète pour s'assurer que nous avons bien entendu. La première fois, nous avons pu faire la sourde oreille, la deuxième aussi, mais la troisième fois, l'insistance est telle qu'il nous est impossible de ne pas entendre. Et c'est également un élément de discernement, d'attendre la répétition pour s'assurer que cela vient bien du Seigneur. Il y aussi les trois disciples recevant un nom nouveau à Gethsémani, lorsque Jésus leur demande trois fois de prier et de veiller. C'est comme si Dieu leur disait : "Les gars, vous avez une vocation : me soutenir, soutenir l'Église. Une grande épreuve va vous arriver, et si vous voulez être à la hauteur, être des membres vivants de mon corps qui portent l'Église avec moi, il vous faudra jeûner, veiller, et vous soumettre à cette épreuve. Il vous faudra faire plus d'efforts que d'habitude pour traverser cette épreuve sans tomber." Ils auraient eu la capacité de ne pas tomber, car Jésus leur aurait donné cette capacit s'ils avaient pris au sérieux l'exhortation à veiller à Gethsémani. Il semble plausible qu'ils auraient dès lors su rester au pied de la Croix tout du long et, peut-être même, répondre aux soldats : "Oui, je suis un disciple de Jésus, alors fichez-moi la paix." La scène du reniement de Pierre, qui reniera Jésus trois fois, est un exemple d'anti-vocation. Comme s'il avait besoin d'une phase de régression, afin, ensuite, de pouvoir à nouveau avancer. Revenons à Moïse. J'ai pris plaisir à colorier les différents thèmes qui se répètent à chaque fois que Dieu lui parle. La révélation de Dieu à Moïse : Le Dieu de nos pèresDans Exode 3,6, Dieu se révèle à Moïse en disant : "Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob." C'est une manière pour Dieu de se faire connaître, de se rendre familier. Il utilise un élément que Moïse connaît, comme Jésus le fera avec les disciples d'Emmaüs, en leur parlant des Écritures qu'ils connaissent par cœur, et en leur révélant que le Serviteur souffrant, c'est Lui. Ici, Dieu prend des éléments connus – l'histoire des ancêtres de Moïse – pour entrer en contact avec lui. Il lui dit : "Mon nom est celui qui a agi pour ton entourage, pour ta famille." En quelque sorte, Moïse reçoit un nom de Dieu. Dieu se révèle à Moïse en évoquant son nom, ses actions passées pour ses parents. En mesurant toutes les grâces qu'ils ont reçues, Moïse peut entrer en contact avec Dieu, avancer dans sa vie spirituelle et découvrir davantage qui il est lui-même. La miséricorde de Dieu et son projet de délivranceEnsuite, il y a toujours ce passage où Dieu dit : "J'ai vu la misère de mon peuple, j'ai entendu ses cris." C'est un refrain où Dieu exprime sa compassion : "Moi, le Dieu qui donne gratuitement, je ne peux supporter une telle misère. Je viens là." Nous retrouvons un écho de cela dans le Magnificat de la Vierge Marie : "Il s'est penché sur son humble servante." Quand nous prononçons le Magnificat en nous considérant humbles et petits, c'est comme si cela forçait Dieu à venir. Dieu dit explicitement : "Oui, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. Je suis descendu pour le délivrer." C'est son projet spirituel : délivrer son peuple. Et il y a aussi le projet concret : "le faire monter vers un pays beau", un pays où il chassera le Cananéen, le Hittite, etc. Dieu révèle ainsi son nom, sa tendresse face à la misère humaine. Il a un projet spirituel, une direction, et un plan concret pour sa mise en œuvre. "Je suis avec toi" : La clé pour la mission difficileDans une deuxième partie, au verset 12, on retrouve un autre nom de Dieu : "Je suis avec toi." Cette partie explique comment Moïse va pouvoir affronter Pharaon, comment il va accomplir la partie la plus pénible de sa mission. C'est un peu comme si Dieu disait à Jonas : "Je te demande d'aller à Ninive," et dans la deuxième partie, il lui expliquait comment convertir les Ninivites. Si on nous demande d'aller à Marrakech et de nous mettre sur un tabouret en proclamant "Jésus vous aime", nous aurons besoin de cette deuxième partie. Le Seigneur nous révélera un nom particulier, une clé pour nous adresser aux personnes dans cette mission qui nous semble impossible. Le verset 12, "Je suis avec toi," est ce nom de Dieu qui nous aide à avancer dans notre mission. Au verset 9, on lit : "Le cri des fils d'Israël est parvenu jusqu'à moi, j'ai vu l'oppression que leur font subir les Égyptiens." Avez-vous remarqué combien de fois cela est répété ? Cela mérite d'être approfondi. Le projet spirituel et le culte parfait : Une vie comblée de grâcesAu verset 10, le projet spirituel est clair : "Tu feras sortir mon peuple, les fils d'Israël." Et au verset 12, à la fin : "Vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne." C'est une promesse immense : "Je vais vous faire sortir, et plutôt que de vous laisser avec un vide spirituel – car vous aviez de mauvaises habitudes en Égypte – vous rendrez un culte. Et ce sera génial Car le fait d'avoir un culte parfait, révélé par Dieu, vous donnera une attitude qui vous comblera de grâces." Dieu ne nous laisse pas avec un vide après nous avoir tirés de notre état misérable de pécheurs. Il nous donne un véritable coup d'accélérateur dans notre vie pour que nous nous épanouissions pleinement dans notre cheminement spirituel. La mission auprès des fils d'Israël : "Je suis qui je suis"Nous abordons la troisième partie, que je perçois comme la mission de Moïse auprès des fils d'Israël. Au verset 14, Dieu dit à Moïse : "Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux Fils d'Israël : Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est Je suis." Dieu révèle à Moïse le nom qui le motivera à parler à ses frères, avec qui la conversation est naturellement moins ardue qu'avec le Pharaon. Le nom "Je suis qui je suis" sera la force de Moïse pour s'adresser aux Hébreux. Cependant, Dieu précise : Moïse, tu ne diras pas ce nom tel quel aux autres, car ils n'en sont pas au même stade que toi. Tu leur diras simplement : "Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est Je suis." Il y a là une clé, peut-être une porte d'entrée. Si nous devons parler à nos frères, à des personnes proches de nous par leur sensibilité (par exemple, au sein d'un groupe de catholiques), le fait de se répéter à soi-même "Seigneur, Je suis qui je suis" peut nous préparer. Et ensuite, leur dire "C'est Je suis qui m'a envoyé vers vous." C'est peut-être un peu conceptuel, mais je trouve intéressant de voir comment Dieu s'adresse à nous. Cela s'applique à Moïse, mais pour nous, les principes sont similaires. Parler aux Anciens : parler des ancêtresEnsuite, Dieu ordonne à Moïse : "Tu t'adresseras aux anciens d'Israël." C'est la partie D. Il faut leur dire : "Le Seigneur, le Dieu de vos pères." Les anciens sont attachés aux traditions, donc cette appellation sera la porte d'entrée pour qu'ils reconnaissent de qui Moïse parle et que cela les touche directement. Il y a une clé : "J'ai vu comment on vous traite en Égypte." Puis, au verset 17 : "Je vous ferai monter de la misère," et concrètement, "vers un pays ruisselant de lait et de miel." Parler aux gens de l'extérieur : adapter son langage divinLa partie E : une fois avec les anciens d'Israël, ils iront tous ensemble parler au Pharaon. Ce n'est plus Moïse seul, mais tout le peuple comme un seul homme qui s'adressera à lui. Le nom de Dieu à utiliser est alors "Le Seigneur, le Dieu des Hébreux" (verset 18). Nous ne parlons pas de la même manière à quelqu'un qui n'est pas du tout chrétien. Il faut être plus précis, peut-être dire Jésus, car c'est un nom qui identifie clairement notre foi. Je me rends compte moi-même que j'ai parfois du mal à prononcer le nom de Jésus devant mes collègues, comme si cela m'écorchait, alors que je sais que c'est ce que Dieu me demande. Dire "Le Seigneur, le Dieu des Hébreux" est plus précis que de parler d'amour de manière générale. Si je prends un auto-stoppeur et que je prie un peu, je dois essayer de placer le mot "Jésus" dans la conversation. C'est une clé. Si j'y parviens, j'ai déjà accompli les trois quarts de ma mission. Et puis dire "mon Dieu" sous-entend qu'on ne ferme pas la porte au fait que notre interlocuteur ait son propre Dieu. Il a peut-être besoin qu'on reconnaisse son Dieu à lui, même si on sait qu'il est moins fort que le nôtre... La résistance de Moïse et la délégation à AaronLe Seigneur commence alors à parler de choses concrètes, de la manière dont il va agir pour forcer la main des Égyptiens. Au verset 20, il est question des prodiges qu'il accomplira. Vient ensuite la résistance de Moïse. Il dit : "Ils ne me croiront pas." Dieu lui donne des signes le bâton transformé en serpent, la main lépreuse, l'eau changée en sang. Moïse insiste : "J'ai la bouche lourde, envoie quelqu'un d'autre." Dieu lui répond qu'Aaron sera sa bouche, et Moïse sera comme son dieu. En hébreu, cela signifie que, puisque Moïse a manqué de foi, Dieu va diviser sa mission en deux, déléguant une partie à un autre. C'est en quelque sorte un châtiment, car il sera contraint de "supporter" son frère Aaron, avec ses défauts (comme sa faiblaisse qui éclate lors de l'épisode du veau d'or). Moïse devra passer par Aaron pour parler au Pharaon. On se complique parfois la vie, et le Seigneur nous dit : "Tu veux te compliquer la vie ? Je t'accompagne quand même." L'approfondissement de la mission : La révélation du futurLa deuxième partie de l'Exode débute au retour d'Égypte, lorsque Dieu fortifie Moïse et approfondit sa mission. Dieu lui dit : "Tu diras au Pharaon : Ainsi parle le Seigneur," utilisant le nom Yahvé ou Adonaï en hébreu. C'est un affermissement. Si j'ai décidé de consacrer quelques années de ma vie à une mission dans l'Église, le Seigneur ne s'arrêtera pas là. Dans la prière quotidienne, avant même que je n'entame ma mission, Il continuera à me donner des clés, des ressources. Là, Il approfondit en disant : "Tu vois, je ferai en sorte qu'il s'obstine." Dieu commence à révéler le futur à Moïse. La prière et la révélation anticipée des épreuvesMoïse, au verset 21, voit Dieu lui dire : "Je ferai en sorte qu'il [Pharaon] s'obstine et ne laissera pas le peuple s'en aller." Dieu révèle des choses à Moïse dans la prière afin que, lorsque les événements se produisent, Moïse puisse dire : "Ah oui, Dieu me l'avait dit." Dans notre propre prière, nous pouvons vivre cette expérience. Quand nous nous décidons à avancer, il faut continuer à prier, non pas uniquement pour que les choses se passent bien, mais parce que Dieu a encore des choses à nous révéler. Ces révélations nous permettent, le jour où les événements arrivent, de ne pas être pris par surprise, car nous étions déjà avertis. Les épreuves purificatrices avant la missionEnsuite, il y a des épreuves particulières. On lit qu'un ange exterminateur vient et veut s'en prendre à Moïse et à sa femme. C'est sa femme qui intercède pour eux par un geste incroyable. Ce sont des épreuves qui viennent purifier juste avant la mission, juste avant un service rendu au nom du Seigneur. Comme par hasard, vous allez tomber en panne, et exactement en même temps votre bébé aura besoin d'être changé juste avant de partir (un clin d'oeil pour les jeunes parents !). Ce genre d'épreuve, quand on l'accueille, est comme un levier qui nous donne de la force pour ce qui va suivre. Si c'est juste avant la messe, cela peut nous aider à mieux la suivre, ou à avoir moins de distractions pendant celle-ci. La résistance du peuple et le rôle du démonMoïse rencontre Aaron, et les anciens d'Israël les écoutent, voyant les signes. Mais le Pharaon ne les écoute pas et durcit leurs corvées. Là, on voit un nom nouveau pour le peuple, correspondant à la deuxième étape de Sainte Thérèse d'Avila, où le démon s'acharne pour nous décourager d'avancer vers Dieu. Quand le peuple voit le Pharaon doubler leurs corvées, ceux qui étaient initialement galvanisés par Moïse vont se plaindre et regretter d'avoir voulu sortir. Ils en viennent à dire : "C'est à cause de toi qu'il nous persécute !" Le peuple se plaint à Moïse, qui se plaint au Seigneur. Les instructions de Dieu : précisions et généalogiesNous arrivons à la troisième partie, où Dieu s'adresse au Pharaon. Le petit (a) est très court. Dans le (b), Dieu donne des précisions à Moïse : "Je suis le Seigneur." La partie suivante est pour s'adresser aux fils d'Israël. Puis vient une partie pour le Pharaon, mais surtout pour Moïse et Aaron. Le Seigneur leur fait un point d'étape, une sorte de réunion au sommet, pour les briefer sur les plaies d'Égypte. Nous passons ensuite à la quatrième partie. Dans la section (a), adressée à Moïse et Aaron, une généalogie apparaît de nulle part. Ces généalogies, parfois fastidieuses à lire, sont en réalité des sources de grâces. En invoquant le nom de ces personnes, nous recevons des grâces particulières de tous ceux qui les ont portées. Jésus lui-même est arrivé dans l'humanité fort de toutes les grâces de ses ancêtres. Lorsque nous lisons la généalogie de Jésus au début des Évangiles, toutes les grâces accumulées sur des milliers de générations ont culminé pour permettre la venue du Messie. Ici, la généalogie précède immédiatement l'ordre : "Faites sortir du pays d'Égypte les fils d'Israël, rangés comme une armée." C'est comme si la force cumulée de tous ces ancêtres transformait le peuple d'Israël en une armée invincible. C'est un nom nouveau pour le peuple : "Ne vous inquiétez pas, tous vos ancêtres intercèdent pour vous et poussent dans la mêlée, comme dans une mêlée de rugby, et vous allez tous sortir." Moïse : Un "dieu" pour Pharaon et le châtiment de l'orgueilLa dernière partie est davantage adressée à Moïse. Au verset 1, Dieu dit : "Vois, j'ai fait de toi un Dieu pour Pharaon, et ton frère Aaron sera ton prophète." C'est un retour de bâton pour Pharaon. Pharaon s'était autoproclamé Dieu, le Dieu Soleil, Râ. Il était admiré, engendré divinement. Le châtiment de Pharaon est que Dieu suscite un "dieu" pour lui. Dieu, dans sa souveraineté, dit : "Puisque tu t'es autoproclamé Dieu, je vais faire en sorte que Moïse soit plus grand que toi et soit comme un dieu au-dessus de toi." La révélation de Dieu aux Égyptiens : "Je suis le Seigneur"Au verset 5, Moïse dit : "Les Égyptiens reconnaîtront que je suis le Seigneur." C'est un nom de Dieu révélé spécifiquement aux Égyptiens, particulièrement lors des trois dernières plaies d'Égypte. C'est le moment où les serviteurs de Pharaon viennent le supplier d'arrêter sa résistance, car le pays est dévasté par les sauterelles, les ténèbres, et enfin la mort des premiers-nés. Je crois que c'est ce nom – "Je suis le Seigneur" – qu'ils ont reçu à ce moment-là. Comme si les plaies, bien que dévastatrices, avaient ouvert leur cœur à recevoir une flèche de l'Esprit Saint, une petite lumière sur la nature de Dieu. Je m'arrête ici sur Moïse, bien qu'il y ait beaucoup à dire. Ces textes, souvent répétitifs et difficiles à pénétrer, regorgent de petites perles. Le Seigneur nous redit la même chose, mais en y ajoutant une petite touche, une nouvelle lumière. Dans notre prière, même après dix minutes d'oraison parce que nous sommes trop fatigués, une petite lumière nous est souvent donnée à la fin. Elle s'ajoute à toutes les lumières précédentes, nous aidant à comprendre une situation particulière de notre journée, à éclairer ce que le Seigneur attend de nous pour un service que nous rendons, ou à prendre une décision au travail. |
Partie 5 : les Noms de DIEU
Un rapide tour d’horizon de quelques Noms de DIEU et leur puissance.
La révélation du nom de Dieu : Un échange d'amitié
Dieu nous révèle notre nom et, en retour, il révèle aussi son nom à nous. C'est un échange. Jésus a dit : "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis." L'amitié est un échange, jamais à sens unique. Un ami ne se plaint pas constamment sans jamais s'intéresser à l'autre. L'amitié implique un équilibre, et si cet équilibre n'existe pas, nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour le rétablir, par exemple en nous confiant davantage ou en demandant à l'autre de nous parler de choses positives.
Avec Dieu, cet échange existe, bien qu'il soit excédentaire de son côté, car il nous donne toujours plus que ce que nous lui donnons. Mais lui, il a soif des flammes d'amour dans notre cœur, il a soif de notre amour. Il est tellement heureux de voir le fils prodigue revenir dans ses bras à chaque fois que nous pensons à lui. C'est comme si la parabole de Luc 15 se produisait. C'est très beau.
Contrairement aux autres divinités, ce n'est pas l'homme qui donne un nom à Dieu ; c'est Dieu qui révèle son nom. Les faux dieux sont souvent nommés par l'homme (Mardouk, Baal, etc.). Dieu, lui, est l'Autre de manière absolue, l'Autre dans toute sa différence par rapport à nous, et c'est lui qui se révèle. Ce n'est pas moi qui invente un nom pour Dieu, c'est Dieu qui me donne son nom. Le Nom est Dieu, car quand on parle du nom de Dieu, c'est Dieu tout entier qui se révèle ainsi.
Il y a une jalousie divine, car ces flammes d'amour, il veut que nous les lui donnions, et non à d'autres, ni à des choses qui nous détourneraient de la sanctification. Sur les Dix Commandements, trois parlent de la nécessité de servir Dieu en premier, de se tourner vers lui, de l'honorer et d'honorer son nom.
Le nom de Dieu : Sa sainteté et notre témoignage
Nous devons veiller à ne pas prononcer le nom de Dieu en vain et à sanctifier un jour de la semaine, le samedi (en union avec les Juifs), et/ou le dimanche (en union avec les Chrétiens), afin de célébrer son nom. En agissant ainsi, nous manifestons Dieu à nos enfants et à notre entourage. Plus nous nous centrons sur le Seigneur en réalisant des activités familiales, en lisant la Parole de Dieu, en nous engageant dans des activités qui ne nous dispersent pas le dimanche, plus Dieu révèle son nom.
À l'inverse, lorsque nous invoquons son nom pour nos propres fins égoïstes, nous le tentons. À notre époque, cela se manifeste souvent par le blasphème, en utilisant "Nom de Dieu" avec colère, comme si l'on imputait à Dieu le malheur qui nous frappe. C'est pourquoi cela le blesse, et il est essentiel de prier pour la personne qui agit ainsi. Si nécessaire, nous devons prendre sa défense en lui proposant de choisir d'autres expressions, en lui expliquant que le nom de Dieu est sacré et que, en tant que chrétiens, cela nous blesse. Le nom de Dieu est sacré parce qu'il est intimement lié à la réalité de son être. Comme le dit le Deutéronome (Dt 28, 10) : "Les nations craindront Israël, car Israël porte le nom de Dieu." Le peuple de Dieu porte le nom de Dieu en lui. Ainsi, chaque fois que je suis fidèle à Dieu, que je marche à sa suite, je le montre aux autres sans même m'en rendre compte.
Les nations craindront Israël parce qu'Israël porte le nom de Dieu. Cela nous éclaire sur la peur de Pierre quand il renie Jésus trois fois. S'il avait compris que les soldats ou la servante se chauffant près du feu le craindraient s'il portait Dieu en lui et répondait avec justesse, il n'aurait pas renié. Il se serait dit que sa réponse éloignerait ce qui pouvait lui nuire. Je ne pense pas qu'il serait mort martyr à ce moment-là.
Le nom de Père : "l'arme fatale" des chrétiens
Jésus nous fait connaître son Père, le nom qui exprime le plus profondément l'être de Dieu, notamment par la prière du Notre Père. Ce nom est l'Absolu, "Papa d'amour, Papa chéri". Nous avons le droit, dans notre prière personnelle, de remplacer ou de compléter ce nom par des expressions comme "Père céleste", "Toi qui es Père des miséricordes", des noms bibliques qui expriment ce mouvement d'amour de l'enfant qui court vers son père. Il ne s'agit pas d'un échange, d'un troc, comme l'enfant prodigue, mais d'un élan vers le Père en disant : "Tu m'aimes," en se centrant sur Lui, oubliant un instant ses péchés pour ne penser qu'à sa miséricorde. C'est cela le nom du Père, "l'arme fatale" des chrétiens, ce qui convertit les musulmans. Beaucoup d'entre eux témoignent avoir été touchés par le fait que les catholiques appellent leur Dieu "Papa". C'est très beau.
Le nom de Jésus : Puissance de salut et révélation de notre vocation
Le nom de Jésus est également très puissant. Il est dit que le nom de Jésus guérit, expulse les démons, fait des miracles et apporte le salut (Mt 28:19 : "baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit"). Si nous parvenons à l'intégrer dans nos discussions, une puissance qui nous dépasse se manifeste, et une partie de notre mission est déjà accomplie. En ressuscitant, Jésus reçoit le nom au-dessus de tout nom : Yeshua, le nom glorieux. Dans l'Apocalypse, Jean voit Jésus comme quelqu'un aux cheveux blancs immaculés, incarnation de la sagesse absolue, le Bon Pasteur qui connaît tous nos noms, même nos noms nouveaux, et nous les révèle.
La vie spirituelle : Course vers le Seigneur et intercession
Pour résumer, la vie spirituelle est une course vers le Seigneur, qui nous révèle son nom. Il nous fait comprendre des choses sur lui-même, sur ses mystères, et nous révèle aussi notre propre nom, notre vocation. Un peu comme Abraham, à qui Dieu dit : "Je m'apprête à détruire Sodome et Gomorrhe, je suis désolé mais je ne peux faire autrement." Et Abraham intercède, sauvant Lot. Notre nom nouveau implique une partie de notre mission qui consiste à courir vers le Seigneur, nous épanouissant dans cette mission, mais aussi à intercéder pour nos frères et à ce que Dieu nous révèle des événements futurs afin que nous puissions les gérer avec Lui.
La Puissance Transformante des Noms Divins
Nous avons exploré divers exemples de "noms nouveaux" au cours de cette conférence. En méditant sur les figures bibliques, nous sommes invités à interroger la manière dont elles ont vécu des moments cruciaux et les paroles que Dieu leur a adressées. Ces paroles ne constituent-elles pas un nom spécifique conféré à ces individus, un nom porteur d'une puissance particulière ? En les lisant avec foi, ces révélations peuvent produire un effet significatif dans nos propres vies.
Considérons l'instruction divine faite à Joseph : "Prends l'enfant et sa mère." Pour un père, cette exhortation peut résonner profondément et purifier sa propre paternité, lui rappelant son devoir de veiller sur sa famille. De même, lorsqu'un psaume proclame : "J'ai crié vers le Seigneur," et que suit l'appel "délivre mon âme," cette invocation, prononcée avec foi, est comparable à l'invocation du Seigneur par un nom salvateur. Face à des situations difficiles ou lorsque nous touchons le fond, dire "Seigneur, délivre mon âme" peut devenir une formule quasi mystique, nous permettant d'accéder directement au Père pour qu'il nous vienne en aide. Nous conférons ainsi une puissance accrue à l'action divine dans nos existences.
L'Apocalypse : Une Clé de Lecture pour le Chemin Spirituel
L'Apocalypse est un texte d'une richesse extraordinaire. Il est conseillé de le lire en priant, car des révélations profondes peuvent alors nous être accordées. De nos jours, les laïcs reçoivent de nombreuses grâces liées à l'itinéraire spirituel, notamment celui des sept demeures intérieures décrit par Sainte Thérèse d'Avila, ainsi qu'aux différentes époques traversées par l'Église. Une compréhension approfondie de ces périodes historiques et de leurs implications spirituelles pourrait faire l'objet d'une future exploration.
Moïse : Un Modèle de Révélation et de Vocation Personnelle
L'exemple de Moïse illustre concrètement comment Dieu, par une succession de révélations progressives, telle une série de vagues, dévoile notre nom nouveau. Chaque interaction divine agit comme une caresse qui met en lumière notre vocation personnelle. Dieu révèle son nom en échange du nôtre, offrant ainsi un éclairage précieux sur notre destinée. C'est comme une conversation continue où le Seigneur nous fournit les clés pour mieux saisir son être et la mission à laquelle nous sommes appelés. Cette dynamique est comparable à l'épisode d'Abraham intercédant pour Sodome et Gomorrhe : une partie de notre mission consiste à nous élancer vers le Seigneur, à trouver notre joie dans ce service, à intercéder pour nos frères, et à laisser Dieu nous révéler les événements à venir afin de pouvoir les affronter avec Lui.
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