PRIÈRES CONTRE L'ASIE |
La lecture priée des textes suivants extraits de la Parole de DIEU s'adressent vigoureusement au peuple biblique de l'Asie (et non pas le continent actuel !). Celle-ci donne des grâces majeures afin d'avoir la juste maîtrise des choses/sujets secondaires : savoir les prendre en compte, prendre conscience de celles qu’il nous faut abandonner. Devenir prioritaires auprès de ceux qui nous font attendre alors qu’on a besoin d’eux. Réussir à ne jamais s’irriter contre les autres en nous concentrant sur l’essentiel les concernant. Mettre fin à nos problèmes d’infiltration dans notre toiture. Elles ont également été regroupées dans un pdf imprimable. |
Quelqu’un se lèvera à sa place, qui fera passer un exacteur dans la Splendeur du royaume ; mais en quelques jours il sera brisé, non par suite de la colère ou de la guerre.
Alors que les habitants de la ville sainte jouissaient d’une paix entière, et qu’on y observait au mieux les lois grâce à la piété du grand prêtre Onias et à son horreur du mal, 2 il arrivait que les rois eux-mêmes honoraient le saint lieu et faisaient au sanctuaire les dons les plus magnifiques, 3 si bien que Séleucus, le roi d’Asie, couvrait de ses revenus personnels toutes les dépenses exigées par le service des sacrifices.
4 Mais un certain Simon, de la tribu de Bilga, institué prévôt du temple, se trouva en désaccord avec le grand prêtre au sujet de l’agoranomie de la ville. 5 Comme il ne pouvait l’emporter sur Onias, il alla trouver Apollonius, fils de Thraséas, stratège à cette époque de Cœlésyrie et de Phénicie. 6 Il dénonça le trésor de Jérusalem, disant qu’il regorgeait de richesses inouïes au point que la quantité des sommes était incalculable, et sans aucun rapport avec le compte exigé par les sacrifices, et ajoutant qu’il était possible de les faire tomber en la possession du roi. 7 Au cours d’une audience chez le roi, Apollonius mit celui-ci au courant de la dénonciation qui lui avait été faite au sujet de ces richesses. Ayant choisi Héliodore qui était à la tête des affaires, le roi l’envoya avec l’ordre de procéder à la confiscation des richesses indiquées. 8 Aussitôt Héliodore se mettait en route, en apparence pour inspecter les villes de Cœlésyrie et de Phénicie, en réalité pour exécuter les intentions du roi. 9 Arrivé à Jérusalem et reçu amicalement par le grand prêtre et par la ville, il fit part de la révélation qu’on avait faite et expliqua la raison de sa présence ; mais il demandait si cette accusation répondait à la vérité. 10 Le grand prêtre lui représenta que le trésor se composait des dépôts des veuves et des orphelins, 11 en partie aussi de ceux d’Hyrcan, fils de Tobie, personnage occupant une très haute situation, et que, contrairement aux indications calomnieuses de l’impie Simon, il y avait en tout quatre cents talents d’argent et deux cents talents d’or ; 12 qu’au reste il était absolument impossible de léser ceux qui avaient fait confiance à la sainteté du lieu, à la majesté et à l’inviolabilité d’un temple vénéré dans le monde entier.
Mais Héliodore, en vertu des ordres du roi, soutenait absolument que ces richesses devaient être confisquées pour le trésor royal. 14 Au jour fixé par lui, il entrait pour dresser l’inventaire de ces richesses ; une très vive inquiétude se répandit alors dans toute la ville. 15 Les prêtres, revêtus de leurs habits sacerdotaux, se prosternaient devant l’autel et invoquaient le Ciel, auteur de la Loi sur les dépôts, le priant de conserver intacts ces biens à ceux qui les avaient déposés. 16 À voir l’aspect du grand prêtre, on ne pouvait manquer de sentir une blessure dans le cœur, tant son air et l’altération de son teint faisaient apparaître l’angoisse de son âme. 17 La frayeur et le tremblement dont cet homme était saisi dans tout son corps rendaient visible à ceux qui le regardaient la souffrance qui lui étreignait le cœur. 18 Des gens sortaient par groupes des maisons pour prier en commun afin de détourner du saint lieu l’opprobre dont il était menacé. 19 Les femmes ceintes de sacs au-dessous des seins remplissaient les rues ; les jeunes filles, encore tenues à la maison, couraient les unes vers les portes, les autres sur les murs, certaines se penchaient aux fenêtres : 20 toutes, les mains tendues vers le ciel, clamaient leur supplication. 21 C’était pitié de voir la prostration confuse de la foule et l’attente du grand prêtre agité d’une grande angoisse. 22 Tandis qu’on suppliait le Seigneur tout-puissant de garder intacts, en toute sûreté, les dépôts à ceux qui les avaient confiés, 23 Héliodore, lui, exécutait ce qui avait été décidé.
Il était déjà, avec sa garde, près du Trésor, quand le Souverain des Esprits et de toute puissance fit une grande apparition, de sorte que tous ceux qui avaient osé venir là furent frappés par la force de Dieu et en perdirent vigueur et courage. 25 Il leur apparut, en effet, un cheval, monté par un cavalier terrifiant, et richement caparaçonné ; s’élançant avec impétuosité, il agita contre Héliodore ses sabots de devant. L’homme qui le montait paraissait porter une armure d’or. 26 En même temps, deux autres jeunes hommes apparurent à Héliodore, d’une force remarquable et d’une très grande beauté, habillés de vêtements magnifiques ; s’étant placés de part et d’autre, ils le fustigeaient sans relâche, lui assénant une grêle de coups. 27 Héliodore tomba tout d’un coup à terre et fut enveloppé d’épaisses ténèbres. On le ramassa pour le mettre dans une litière, 28 et cet homme, qui venait d’entrer dans le trésor susdit avec une nombreuse suite et toute sa garde, fut emporté, désormais incapable de s’aider lui-même, par des gens qui reconnaissaient ouvertement la souveraineté de Dieu. 29 Par l’effet de la puissance divine, cet homme gisait donc sans voix, privé de tout espoir et de tout secours. 30 Quant aux autres, ils bénissaient le Seigneur, qui avait miraculeusement glorifié son saint lieu, et le sanctuaire qui, peu de temps avant, était rempli de frayeur et de trouble, débordait de joie et d’allégresse grâce à la manifestation du Seigneur souverain. 31 Certains des compagnons d’Héliodore s’empressèrent de demander à Onias qu’il priât le Très-Haut et accordât la vie à l’homme qui gisait là et en était à son dernier souffle. 32 Dans la crainte que le roi ne conçût le soupçon qu’un mauvais tour avait été joué à Héliodore par les Juifs, le grand prêtre offrit un sacrifice pour le retour de cet homme à la vie. 33 Pendant que le grand prêtre offrait le sacrifice d’expiation, les mêmes jeunes hommes apparurent de nouveau à Héliodore, revêtus des mêmes habits ; debout près de lui, ils lui dirent : « Rends de grandes actions de grâce à Onias le grand prêtre, car c’est grâce à lui que le Seigneur t’accorde la vie sauve ; 34 quant à toi, fustigé du Ciel, va annoncer à tous la grande force de Dieu. » Ayant prononcé ces paroles, ils disparurent.
Héliodore, ayant offert un sacrifice au Seigneur et adressé de ferventes prières à celui qui lui avait conservé la vie, prit amicalement congé d’Onias et revint avec son armée auprès du roi. 36 Il rendait témoignage à tous des œuvres du Dieu Très-Grand, qu’il avait contemplées de ses yeux. 37 Le roi lui demandant quel homme était indiqué pour être envoyé une nouvelle fois à Jérusalem, Héliodore répondit : 38 « Si tu as quelque ennemi ou conspirateur contre ton gouvernement, envoie-le là-bas, et tu le recevras roué de coups, si toutefois il en réchappe, car une puissance divine entoure vraiment ce lieu. 39 Car celui qui a sa demeure dans le Ciel veille sur ce lieu et le protège, et ceux qui y viennent avec de mauvais desseins, il les frappe et les fait périr. » 40 C’est ainsi que se passèrent les événements concernant Héliodore et la conservation du trésor.
En l’an cent cinquante et un, Démétrius, fils de Séleucus, s’échappa de Rome et se dirigea avec une poignée d’hommes vers une ville du littoral où il inaugura son règne. 2 Comme il pénétrait dans la maison royale de ses pères, l’armée se saisit d’Antiochus et de Lysias pour les lui amener. 3 Il en fut informé : « Ne me faites pas voir leur visage », dit-il. 4 Et l’armée les tua et Démétrius s’assit sur son trône royal. 5 Alors vinrent à lui tout ce qu’Israël comptait d’hommes sans foi ni loi, conduits par Alkime qui convoitait la charge de grand prêtre. 6 Ils accusèrent le peuple devant le roi en disant : « Judas et ses frères ont fait périr tous tes amis et nous ont dispersés hors de notre pays. 7 Envoie donc maintenant un homme de confiance pour qu’il aille voir tous les ravages dont Judas s’est rendu coupable parmi nous et dans le domaine du roi, qu’on les punisse, eux et tous leurs auxiliaires. »
Après un intervalle de trois ans, Judas et les siens apprirent que Démétrius, fils de Séleucus, après avoir abordé au port de Tripoli avec une forte armée et une flotte, 2 s’était emparé du pays et avait fait périr Antiochus et son tuteur Lysias. 3 Un certain Alkime, précédemment devenu grand prêtre, mais qui s’était volontairement souillé au temps de la révolte, comprenant qu’il n’y avait pour lui de salut en aucune façon, ni désormais d’accès possible au saint autel, 4 se rendit chez le roi Démétrius vers l’an cent cinquante et un et lui apporta une couronne d’or avec une palme et, de plus, des rameaux dus selon l’usage par le sanctuaire. Cependant il resta réservé ce jour-là.
5 Mais il saisit une occasion complice de sa démence quand Démétrius le convoqua à son conseil et l’interrogea sur les dispositions et les desseins des Juifs. 6 Il répondit : « Ceux des Juifs qu’on appelle Assidéens, que dirige Judas Maccabée, fomentent la guerre et les séditions et ne laissent pas le royaume jouir du calme. 7 C’est pourquoi, ayant été dépouillé de ma dignité ancestrale, je veux dire du pontificat, je suis venu ici, 8 d’abord poussé par le souci sincère des intérêts du roi, ensuite en considération de nos concitoyens, car la témérité de ceux que je viens de nommer plonge toute notre race dans une grande infortune. 9 Toi donc, ô roi, quand tu auras pris connaissance de chacun de ces griefs, daigne pourvoir au salut de notre pays et de notre nation si exposée, avec cette bienveillance affable que tu prodigues à tous. 10 Car tant que Judas est en vie, il est impossible à l’Etat de jouir de la paix. » 11 Dès qu’il eut parlé ainsi, les autres amis du roi, hostiles à l’action de Judas, s’empressèrent d’enflammer Démétrius. 12 Ayant aussitôt choisi Nikanor, qui était devenu éléphantarque, il le nomma stratège de Judée et le fit partir 13 avec l’ordre de supprimer Judas, de disperser ceux qui étaient avec lui et d’introniser Alkime grand prêtre du plus grand des sanctuaires. 14 Les païens de Judée qui avaient fui devant Judas se mêlèrent par troupes aux soldats de Nikanor, pensant que l’infortune et les malheurs des Juifs tourneraient à leur propre avantage.
Le roi choisit Bakkhidès, un des amis du roi, qui gouvernait la Transeuphratène, grand du royaume et fidèle au roi. 9 Il l’envoya avec l’impie Alkime. A ce dernier, il conféra le sacerdoce, et le chargea de tirer vengeance des fils d’Israël. 10 Ils partirent avec une nombreuse armée et arrivèrent au pays de Juda. Ils envoyèrent à Judas et à ses frères des messagers porteurs de propositions perfidement pacifiques. 11 Les Juifs, voyant qu’ils étaient venus avec une forte armée, n’accordèrent aucun crédit à leurs discours. 12 Une commission formée de scribes se réunit toutefois chez Alkime et Bakkhidès, pour rechercher une solution équitable. 13 Parmi les Israélites, les premiers à solliciter la paix étaient les Assidéens. 14 Ils disaient en effet : « C’est un prêtre de la race d’Aaron qui est venu avec les troupes, il ne commettra pas d’injustice envers nous. » 15 Il leur tint des discours pacifiques et leur assura avec serment : « Nous ne chercherons à vous faire aucun mal, pas plus qu’à vos amis. » 16 Ils le crurent, et pourtant il fit appréhender soixante d’entre eux et les fit périr en un seul jour, selon qu’il est écrit : 17 La chair de tes saints et leur sang, ils ont répandu autour de Jérusalem, et il n’y avait personne pour les ensevelir (Ps 79, 2-3). 18 Alors, la crainte et la terreur s’emparèrent de tout le peuple : « Il n’y a chez ces gens, disait-on, ni vérité ni justice, car ils ont violé le pacte et le serment qu’ils avaient faits. » 19 Bakkhidès partit de Jérusalem et dressa le camp à Bethzeth. Il envoya arrêter de nombreux hommes qui s’étaient ralliés à lui, ainsi que quelques-uns du peuple : il les égorgea et les jeta dans le grand puits. 20 Il remit la province à Alkime, et laissa avec lui une armée pour le soutenir, puis Bakkhidès revint auprès du roi. 21 Alkime lutta pour se faire admettre comme grand prêtre, 22 et tous ceux qui semaient la confusion parmi le peuple se groupèrent autour de lui ; ils se rendirent maîtres du pays de Juda et portèrent un grand coup à Israël. 23 Voyant que la malfaisance d’Alkime et de ses partisans contre les fils d’Israël surpassait celle des païens, 24 Judas parcourut à la ronde tous les territoires judéens. Il tira vengeance des renégats et les empêcha de circuler dans le pays.
Informés de l’approche de Nikanor et de l’agression des païens, les Juifs répandirent sur eux de la poussière et ils imploraient celui qui avait installé son peuple pour toujours et qui ne cessait de secourir son patrimoine avec des signes manifestes. 16 Sur l’ordre de leur chef, ils partirent aussitôt du lieu où ils se trouvaient et en vinrent aux mains avec les ennemis près du bourg de Dessau. 17 Simon, frère de Judas, avait engagé le combat avec Nikanor, mais à cause de l’arrivée subite des adversaires il avait essuyé un léger échec. 18 Toutefois Nikanor, apprenant quelle était la valeur des soldats de Judas et leur assurance dans les combats livrés pour la patrie, se gardait bien de s’en remettre au jugement par le sang. 19 Aussi envoya-t-il Posidonius, Théodote et Mattathias pour tendre la main aux Juifs et recevoir la leur. 20 Après un examen approfondi des propositions, le chef les communiqua aux troupes et, les avis ayant paru unanimes, elles manifestèrent leur assentiment aux conventions. 21 On fixa un jour où les chefs se rencontreraient en particulier. De part et d’autre s’avança un véhicule, et on disposa des sièges d’honneur. 22 Judas avait disposé aux endroits favorables des hommes armés et prêts à intervenir en cas d’une perfidie soudaine de la part des ennemis. L’entretien aboutit à un accord. 23 Nikanor séjourna à Jérusalem sans y rien faire de déplacé ; il congédia les foules qui, par bandes, s’étaient rassemblées autour de lui. 24 Il avait sans cesse Judas devant les yeux, éprouvant pour cet homme une inclination de cœur. 25 Il l’engagea à se marier et à procréer des enfants. Judas se maria, jouit de la tranquillité et prit part à la vie.
Mais Alkime, voyant leur bonne entente et s’étant procuré une copie du traité conclu, vint chez Démétrius et lui dit que Nikanor avait des projets opposés au gouvernement, car l’adversaire même de son royaume, Judas, il l’avait promu diadoque. 27 Le roi se mit en colère et, excité par les calomnies de ce misérable, il écrivit à Nikanor, lui déclarant qu’il était indigné desdites conventions et lui donnant l’ordre d’envoyer sans retard à Antioche Maccabée chargé de chaînes. 28 Au reçu de cette missive, Nikanor fut bouleversé et ne pouvait se faire à l’idée de violer les conventions avec un homme qui n’avait aucun tort. 29 Mais puisqu’il n’était pas possible d’agir à l’encontre du roi, il épiait l’occasion d’exécuter cet ordre par un stratagème. 30 De son côté Maccabée, remarquant que Nikanor se montrait plus froid à son égard et que son abord ordinaire se faisait moins affable, pensa que cette froideur ne signifiait rien de bon. Il rassembla donc un grand nombre de ses partisans et se dérobait à Nikanor. 31 Quand l’autre eut reconnu qu’il avait été proprement joué par cet homme, il se rendit au sanctuaire très grand et saint au moment où les prêtres offraient les sacrifices accoutumés et il commanda de lui livrer l’homme. 32 Comme ils affirmaient avec serment qu’ils ignoraient où était l’homme qu’il cherchait, 33 Nikanor étendit la main droite vers le temple et proclama avec serment : « Si vous ne me livrez pas Judas enchaîné, je raserai au niveau du sol ce temple de Dieu, je détruirai l’autel et j’élèverai à cette place à Dionysos un sanctuaire splendide. » 34 Sur de telles paroles, il s’en alla ; mais les prêtres tendirent les mains vers le Ciel et imploraient celui qui a toujours combattu pour notre nation, en disant : 35 « Seigneur, ô toi qui n’as besoin de rien, il t’a plu d’avoir parmi nous le temple où tu habites. 36 Maintenant donc, Seigneur saint de toute sainteté, préserve pour jamais de la profanation cette maison qui vient d’être purifiée. »
Voyant que Judas et ses compagnons étaient devenus plus forts et reconnaissant qu’il ne pouvait leur résister, Alkime retourna chez le roi et les accusa de grands maux. 26 Le roi envoya Nikanor, un de ses généraux faisant partie des illustres, qui manifestait de la haine et de l’hostilité à Israël, avec ordre d’exterminer le peuple. 27 Nikanor vint à Jérusalem avec une armée nombreuse et adressa à Judas ainsi qu’à ses frères des paroles perfidement pacifiques : 28 « Qu’il n’y ait pas de combat entre moi et vous ; je viendrai avec une petite escorte, pour une entrevue pacifique. » 29 Il arriva chez Judas, et ils se saluèrent amicalement, mais les ennemis étaient prêts à enlever Judas. 30 S’apercevant que Nikanor était venu chez lui avec des intentions perfides, Judas redouta sa présence et refusa l’entrevue. 31 Nikanor, comprenant que sa ruse était éventée, se porta à la rencontre de Judas pour le combattre près de Khapharsalama. 32 Du côté de Nikanor, tombèrent environ cinq cents hommes et les autres s’enfuirent dans la Cité de David.
33 Après ces événements, Nikanor monta au mont Sion et des prêtres sortirent du lieu saint avec des anciens du peuple pour le saluer pacifiquement et lui montrer l’holocauste qu’on offrait pour le roi. 34 Mais il les tourna en dérision, il les outragea et proféra des paroles arrogantes. 35 Il jura avec colère, disant : « Si Judas n’est pas cette fois livré entre mes mains, avec son armée, et que je revienne une fois la paix rétablie, je mettrai le feu à cette maison. » Et il sortit furieux. 36 Les prêtres rentrèrent et, s’arrêtant en face de l’autel et du temple, ils dirent en larmes : 37 « C’est toi, ô Dieu, qui as choisi cette Maison pour que ton nom soit invoqué sur elle, afin qu’elle soit une maison de prière et de supplication. 38 Exerce ta vengeance contre cet homme et contre son armée, et qu’ils tombent sous l’épée ! Souviens-toi de leurs blasphèmes et ne leur accorde pas de sursis. »
Nikanor sortit de Jérusalem et dressa le camp à Béthoron où une armée de Syrie vint le rejoindre. 40 Judas dressa le camp à Adasa avec trois mille hommes. Judas fit alors cette prière : 41 « Lorsque les messagers du roi eurent blasphémé, ton ange sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille d’entre eux : 42 écrase de même aujourd’hui devant nous cette armée, et que les autres sachent qu’il a mal parlé contre ton lieu saint, juge-le selon sa méchanceté. » 43 Les armées engagèrent le combat le treize Adar, celle de Nikanor fut écrasée, et lui-même fut tué le tout premier au combat. 44 Lorsqu’ils virent qu’il était tombé, les soldats de Nikanor jetèrent leurs armes et s’enfuirent. 45 Les Juifs les poursuivirent sur un parcours d’une journée, depuis Adasa jusqu’aux abords de Gazara, et ils firent résonner la sonnerie de la poursuite. 46 De tous les villages judéens alentour, on sortait pour les cerner et les rabattre. Tous tombèrent par l’épée et pas un seul n’en réchappa. 47 On ramassa les dépouilles et le butin, on coupa la tête de Nikanor et sa main droite, qu’il avait étendue de façon arrogante, on les emporta et on les exposa en vue de Jérusalem. 48 Le peuple fut en liesse et fêta ce jour-là comme un grand jour d’allégresse. 49 On décréta la célébration annuelle de ce jour-là, le treize Adar. 50 Le pays de Juda fut en repos pendant un peu de temps.
Or un homme du nom de Razis, un des anciens de Jérusalem, fut dénoncé à Nikanor. C’était un homme zélé pour ses concitoyens, jouissant d’un excellent renom, appelé père des Juifs à cause de son affection pour eux. 38 Car il avait été inculpé de judaïsme dans les temps antérieurs de la révolte, et il avait alors exposé son corps et sa vie pour le judaïsme avec grande constance. 39 Voulant manifester la malveillance qu’il nourrissait à l’égard des Juifs, Nikanor envoya plus de cinq cents soldats pour l’arrêter, 40 car il s’imaginait que, s’il faisait disparaître cet homme, il porterait un grand coup aux Juifs. 41 Comme ses troupes étaient sur le point de s’emparer de la tour et forçaient le porche, avec l’ordre de mettre le feu et de brûler les portes, Razis, cerné de toutes parts, dirigea son épée contre lui-même, 42 aimant mieux mourir noblement que tomber entre les mains des criminels et subir des outrages indignes de sa noblesse. 43 Mais dans la précipitation du combat, il avait mal dirigé le coup et les troupes se ruaient à l’intérieur des portes. Il courut donc allègrement au haut de la muraille et se précipita avec intrépidité sur la foule. 44 Tous reculèrent au plus vite et il s’en vint choir au milieu de l’espace vide. 45 Respirant encore et enflammé d’ardeur, il se releva, ruisselant de sang et souffrant atrocement de ses blessures, et traversa la foule en courant. Se dressant sur une roche escarpée 46 et déjà tout à fait exsangue, il s’arracha les entrailles et, les prenant de ses deux mains, les lança sur la foule. Il pria le maître de la vie et de l’esprit de les lui rendre un jour, et c’est ainsi qu’il mourut.
Or Nikanor, ayant appris que Judas et les siens se trouvaient dans la région de Samarie, décida de les attaquer sans le moindre risque, le jour du repos. 2 Les Juifs qui le suivaient par contrainte lui dirent : « Ne les fais pas périr d’une façon aussi sauvage et barbare, mais rends gloire au jour qui a été honoré et sanctifié de préférence par celui qui veille sur toutes choses. » 3 Mais ce triple scélérat demanda s’il y avait au ciel un souverain qui eût prescrit de célébrer le jour du sabbat. 4 Comme ils lui expliquaient que « c’est le Seigneur vivant lui-même, souverain dans le ciel, qui a ordonné d’observer le septième jour », 5 l’autre reprit : « Et moi aussi, souverain sur la terre, je commande qu’on prenne les armes et qu’on fasse le service du roi. » Toutefois, il fut dans l’impuissance d’accomplir son cruel dessein.
Nikanor, se redressant avec une extrême jactance, décidait d’ériger un trophée commun avec les dépouilles de Judas et des siens. 7 Maccabée, de son côté, gardait une confiance inaltérable et avait tout espoir d’obtenir du secours de la part du Seigneur. 8 Il exhortait ceux qui étaient avec lui à ne pas redouter l’attaque des païens, mais à avoir présents à l’esprit les secours qui leur étaient venus du Ciel dans le passé et à attendre avec confiance, maintenant encore, la victoire qui leur viendrait du Dieu souverain. 9 En les encourageant par la Loi et les Prophètes et en leur rappelant aussi les combats qu’ils avaient déjà soutenus, il les remplit d’une nouvelle ardeur. 10 Ayant ainsi réveillé leur ardeur, il acheva de les exhorter en leur montrant la déloyauté des païens et la violation de leurs serments. 11 Quand il eut armé chacun d’eux, moins de la sécurité que donnent boucliers et lances que de l’assurance fondée sur de nobles paroles, il leur interpréta un songe digne de foi, une sorte de vision, par lequel il les réjouit tous. 12 Voici le spectacle qui lui avait été offert : Onias, jadis grand prêtre, cet homme de bien, d’un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à toutes les pratiques de la vertu, étendait les mains et priait pour toute la communauté des Juifs. 13 Ensuite était apparu à Judas, de la même manière, un homme aux cheveux blancs et très digne, admirable de prestance et environné de majesté. 14 Prenant la parole, Onias disait : « Cet homme est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour toute la ville sainte, Jérémie, le Prophète de Dieu. » 15 Jérémie tendit alors de la main droite une épée d’or à Judas et la lui remit avec ces paroles : 16 « Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, et avec lui tu briseras les ennemis. »
Rassurés par les excellentes paroles de Judas, capables d’inspirer la vaillance et de donner aux jeunes une âme virile, les Juifs décidèrent de ne pas se retrancher dans un camp, mais de passer courageusement à l’attaque et, dans un corps à corps, de remettre la décision à la bonne fortune, puisque la ville, la religion et le sanctuaire étaient en péril ; 18 car l’inquiétude au sujet des femmes et des enfants, des frères et des proches, comptait peu pour eux, alors que la plus grande et la première des craintes était pour le temple consacré. 19 L’angoisse de ceux qui étaient enfermés dans la ville n’était pas moindre, inquiets qu’ils étaient de l’action en rase campagne. 20 Pendant que tous attendaient le dénouement prochain, les ennemis s’étaient déjà rassemblés et rangeaient leur armée en ordre de bataille. Les éléphants étaient amenés sur une position favorable et la cavalerie disposée sur les ailes. 21 Maccabée considéra les troupes présentes, l’appareil varié de leurs armes et l’aspect sauvage des éléphants. Il leva les mains vers le ciel et invoqua le Seigneur qui opère les prodiges, parce qu’il savait que ce n’est pas par les armes, mais selon sa décision, qu’il accorde la victoire à ceux qui en sont dignes. 22 Dans son invocation, il disait : « O toi, Maître, tu as envoyé ton ange au temps d’Ezékias, roi de Judée, et il a exterminé cent quatre-vingt-cinq mille hommes de l’armée de Sennakérib. 23 Envoie aussi maintenant, ô souverain des cieux, un bon ange devant nous pour semer la crainte et l’effroi. 24 Que par la grandeur de ton bras soient frappés ceux qui sont venus, le blasphème à la bouche, attaquer ton peuple saint ! » Et il termina sur ces mots.
25 Tandis que les soldats de Nikanor avançaient au son des trompettes et des chants de guerre, 26 les hommes de Judas en vinrent aux mains avec les ennemis en faisant des invocations et des prières. 27 Combattant de leurs mains et priant Dieu de leur cœur, ils firent tomber au moins trente-cinq mille hommes et se réjouirent grandement de cette manifestation de Dieu. 28 Le travail terminé, ils rompaient les rangs avec joie, quand ils reconnurent le corps étendu de Nikanor, revêtu de son armure. 29 Au milieu des clameurs et de la confusion, ils bénissaient le souverain Maître dans la langue de leurs pères. 30 Celui qui, au premier rang, s’était consacré corps et âme à ses concitoyens, qui avait conservé une tendre affection à ses compatriotes, ordonna de couper la tête de Nikanor et son bras jusqu’à l’épaule et de les porter à Jérusalem. 31 Il s’y rendit lui-même, convoqua ses compatriotes, disposa les prêtres devant l’autel et envoya chercher les gens de la Citadelle. 32 Montrant la tête de l’abominable Nikanor et la main que cet infâme avait étendue avec insolence contre la sainte Maison du Dieu souverain, 33 il coupa la langue de l’impie Nikanor et dit qu’on la donnât par morceaux aux oiseaux et qu’on suspendît en face du temple le salaire de sa folie. 34 Tous alors firent monter vers le ciel des bénédictions au Seigneur glorieux en disant : « Béni celui qui a gardé son saint lieu exempt de souillure ! »
35 Judas fit attacher la tête de Nikanor à la Citadelle comme un signe manifeste et visible à tous du secours du Seigneur. 36 Ils décrétèrent tous par un vote public de ne pas laisser passer ce jour sans le signaler, mais de célébrer le treizième jour du douzième mois, appelé Adar en araméen, la veille du jour dit de Mardochée.
C’est ainsi que se passèrent les événements concernant Nikanor ; et, comme depuis ces temps la ville demeura en possession des Hébreux, je finirai, moi aussi, mon ouvrage en cet endroit. 38 Si la composition est bonne et réussie, c’est aussi ce que j’ai voulu ; si elle a peu de valeur et ne dépasse guère la médiocrité, c’est tout ce que j’ai pu faire. 39 Car de même qu’il est nuisible de boire du vin pur ou de l’eau pure, alors que le vin mêlé à l’eau est une boisson agréable qui produit une délicieuse jouissance, de même c’est l’art de disposer le récit qui charme l’entendement de ceux qui lisent l’ouvrage. C’est donc ici que je m’arrête.
Démétrius, ayant appris que Nikanor avait succombé avec son armée dans la bataille, envoya de nouveau au pays de Juda Bakkhidès et Alkime avec l’aile droite de l’armée. 2 Ceux-ci prirent le chemin de la Galilée, ils assiégèrent Mésaloth dans le territoire d’Arbèles, ils s’en emparèrent et y tuèrent un grand nombre d’hommes. 3 Le premier mois de l’an cent cinquante-deux, ils dressèrent le camp devant Jérusalem. 4 Puis ils partirent et se dirigèrent vers Béerzeth avec vingt mille fantassins et deux mille cavaliers. 5 Quant à Judas, il avait établi son camp à Elasa, ayant avec lui trois mille guerriers d’élite. 6 A la vue du grand nombre de forces ennemies, ils furent pris de frayeur, beaucoup désertèrent, et il ne resta plus que huit cents hommes. 7 Judas vit que son armée s’était évanouie alors que le combat le pressait : il eut le cœur brisé parce qu’il n’avait plus le temps de rassembler les siens. 8 Désemparé, il dit à ceux qui étaient restés : « Debout ! Montons contre nos adversaires, au cas où nous pourrions les combattre. » 9 Eux l’en dissuadaient en disant : « Pour l’instant nous ne pouvons rien, sinon sauver nos vies. Nous reviendrons avec nos frères pour reprendre la lutte ; pour nous, nous sommes trop peu nombreux. » 10 Judas répliqua : « Il ne sera pas dit que j’ai choisi la fuite. Si notre heure est arrivée, mourons bravement pour nos frères et ne laissons pas ternir notre gloire. »
11 L’armée ennemie sortit du camp et leur fit face. Leur cavalerie était partagée en deux corps, les frondeurs et les archers marchaient en avant de l’armée, ainsi que la troupe de choc – tous les braves –, 12 Bakkhidès étant à l’aile droite. La phalange s’avança des deux côtés au son des trompettes. Les hommes de Judas sonnèrent eux aussi des trompettes, 13 et la terre fut ébranlée par le vacarme des armées ; le combat s’engagea au matin et se prolongea jusqu’au soir. 14 Judas vit que Bakkhidès et le fort de l’armée se tenaient sur la droite. Autour de Judas se groupèrent tous ceux qui étaient enflammés de courage. 15 Ils culbutèrent l’aile droite et la poursuivirent jusqu’aux monts Azara. 16 Voyant la déroute de l’aile droite, ceux de l’aile gauche se rabattirent sur les pas de Judas et des siens et ils le talonnèrent. 17 Le combat devint acharné et il y eut beaucoup de victimes de part et d’autre. 18 Judas succomba lui aussi et les autres s’enfuirent. 19 Jonathan et Simon enlevèrent leur frère Judas et l’ensevelirent dans le tombeau de ses pères à Modîn. 20 Tout Israël le pleura et mena sur lui un grand deuil ; ils se lamentèrent pendant plusieurs jours : 21 « Comment est-il tombé, le héros qui sauvait Israël ? » (2 S 1, 27) 22 Le reste des actions de Judas, de ses combats, des exploits qu’il accomplit, de ses titres de gloire, n’a pas été écrit, il y en avait trop.
Après la mort de Judas, les impies reparurent sur tout le territoire d’Israël et les artisans d’iniquité relevèrent la tête. 24 Comme il y avait alors une famine particulièrement grave, le pays se rallia à eux. 25 Bakkhidès fit son choix parmi les hommes impies, pour régenter le pays. 26 Ils débusquaient les amis de Judas et les interrogeaient, puis ils les amenaient à Bakkhidès qui les punissait et les tournait en dérision. 27 Ce fut en Israël une oppression comme il n’y en avait pas eu depuis la fin des temps des prophètes. 28 Alors tous les amis de Judas se rassemblèrent et dirent à Jonathan : 29 « Depuis la mort de ton frère Judas, il n’y a plus d’homme comme lui pour marcher contre l’ennemi, contre Bakkhidès et contre tous ceux qui sont hostiles à notre nation. 30 Nous te choisissons donc aujourd’hui à sa place comme chef et comme guide, pour mener notre combat. » 31 Jonathan reçut à cet instant le commandement et succéda à son frère Judas.
Bakkhidès, l’ayant appris, cherchait à le faire périr. 33 Jonathan et Simon, son frère, en furent informés, ainsi que tous ceux qui accompagnaient Jonathan. Ils s’enfuirent au désert de Thékoé et ils campèrent près de l’eau de la citerne Asfar. 34 Bakkhidès l’apprit le jour du sabbat et il vint, lui et toute son armée, au-delà du Jourdain. 35 Jonathan envoya son frère qui commandait à la troupe demander à ses amis les Nabatéens l’autorisation de mettre en dépôt chez eux ses bagages qui étaient considérables. 36 Mais les fils de Jambri, ceux de Madaba, firent une incursion, s’emparèrent de Jean et de tout ce qu’il avait, et partirent avec leur butin. 37 Après ces événements, on annonça à Jonathan et à Simon, son frère, que les fils de Jambri célébraient un grand mariage ; ils amenaient en grande pompe de Nabatha la fiancée. C’était la fille d’un grand personnage de Canaan. 38 Ils se souvinrent de la mort sanglante de Jean, leur frère, et ils montèrent se cacher à l’abri d’un repli de la montagne. 39 Levant les yeux, ils virent le fiancé, ses amis et ses frères qui s’avançaient vers eux avec des tambourins, des musiciens et un riche équipement guerrier au milieu d’un cortège bruyant et de tous les bagages. 40 De leur embuscade, ils s’élancèrent sur eux et les massacrèrent ; beaucoup tombèrent, blessés à mort, et les survivants s’enfuirent vers la montagne. Ils emportèrent toutes leurs dépouilles. 41 Ainsi les noces se changèrent en deuil et les accents musicaux en lamentations (Am 8, 10). 42 Ils tirèrent ainsi vengeance du sang de leur frère et regagnèrent les marais du Jourdain.
Celui-ci retourna à Jérusalem. Il bâtit des villes fortes en Judée, la forteresse qui est à Jéricho, Emmaüs, Béthoron, Béthel, Tamnatha, Pharathôn et Téphôn avec des remparts élevés, des portes et des verrous. 51 Puis il établit en chacune d’elles une garnison pour harceler Israël. 52 Il fortifia la ville de Bethsour, Gazara et la Citadelle. Il y plaça des troupes et des réserves de vivres. 53 Il prit comme otages les fils des chefs du pays et les emprisonna dans la citadelle de Jérusalem.
54 En l’année cent cinquante-trois, le second mois, Alkime ordonna d’abattre le mur de la cour intérieure du lieu saint, détruisant ainsi l’œuvre des prophètes, et il fit commencer la démolition. 55 Sur quoi, Alkime eut une attaque et les travaux furent arrêtés. Sa bouche se ferma et resta paralysée, l’empêchant de prononcer dès lors une seule parole et de donner des ordres au sujet de sa maison. 56 Alkime mourut à cette époque en proie à de vives souffrances. 57 Voyant qu’Alkime était mort, Bakkhidès s’en retourna auprès du roi, et le pays de Juda fut en repos pendant deux ans.
Tous les impies tinrent conseil : « Voici, dirent-ils, que Jonathan et ses partisans vivent tranquilles et sans méfiance. Nous allons donc faire venir Bakkhidès maintenant, et il les arrêtera tous dans la même nuit. » 59 Ils allèrent en délibérer avec lui. 60 Bakkhidès se mit en route avec une troupe nombreuse, écrivant secrètement à tous ses alliés de Judée pour leur demander de s’emparer de Jonathan et de ses compagnons. Mais leur dessein fut éventé, et ils ne purent réussir. 61 En revanche, une cinquantaine des instigateurs locaux de ce méfait furent pris et mis à mort. 62 Puis Jonathan, Simon et leurs partisans se retirèrent dans le désert à Bethbasi ; ils en relevèrent les ruines et la fortifièrent. 63 Bakkhidès l’apprit, rassembla toute sa troupe et manda aussi ses partisans de Judée. 64 Il vint prendre position en face de Bethbasi, l’attaqua durant de nombreux jours et fit construire des machines. 65 Laissant son frère Simon dans la ville, Jonathan, avec un petit détachement, opéra une sortie dans le pays. 66 Il battit Odomera et ses frères, ainsi que les fils de Phasirôn dans leur campement. Ils commencèrent à attaquer et ils montèrent parmi les troupes. 67 Simon et ses hommes firent alors une sortie et incendièrent les machines. 68 Ils combattirent Bakkhidès : complètement défait, il fut profondément accablé par l’échec de son plan d’attaque. 69 Rempli d’un violent ressentiment contre les hommes impies qui l’avaient fait venir dans la région, il en tua beaucoup et décida de rentrer chez lui. 70 Quand Jonathan apprit la nouvelle, il lui envoya des messagers pour conclure la paix et régler la restitution des prisonniers. 71 Il accepta et agit selon la requête de Jonathan, jurant pour la vie de ne plus chercher à lui nuire. 72 Il lui rendit ceux qu’il avait fait prisonniers au pays de Juda, puis s’en retourna dans son pays et ne revint plus sur le territoire des Juifs. 73 En Israël, l’épée fut mise au repos et Jonathan s’installa à Makhmas. Là, il se mit à juger le peuple et fit disparaître les impies du milieu d’Israël.
En l’an cent soixante, Alexandre Epiphane, fils d’Antiochus, débarqua et s’empara de Ptolémaïs. Il fut accueilli et c’est là qu’il commença son règne. 2 Apprenant cela, le roi Démétrius rassembla une très forte armée et marcha contre lui pour le combattre. 3 Il écrivit à Jonathan une lettre très pacifique, pleine de promesses pour lui. 4 Il se disait en effet : « Hâtons-nous de conclure la paix avec eux avant qu’ils ne la fassent avec Alexandre contre nous, 5 car alors il se souviendra encore à ce moment-là des maux que nous lui avons fait endurer, ainsi qu’à ses frères et à sa nation. » 6 Il l’autorisa même à lever des troupes, à fabriquer des armes et à se dire son allié. Il ordonna de lui remettre les otages de la Citadelle. 7 Jonathan vint à Jérusalem et lut le message devant tout le peuple et devant ceux qui étaient dans la Citadelle : 8 ils furent pris d’une grande crainte en entendant que le roi donnait à Jonathan l’autorisation de lever des troupes. 9 Les gens de la Citadelle remirent les otages à Jonathan et celui-ci les rendit à leurs familles. 10 Jonathan habita Jérusalem et se mit à bâtir et à restaurer la ville. 11 Il ordonna aux entrepreneurs des travaux de bâtir les remparts et d’entourer le mont Sion d’une muraille de pierres de taille, ce qui fut exécuté. 12 Les étrangers qui demeuraient dans les forteresses construites par Bakkhidès prirent la fuite. 13 Chacun abandonna son poste pour retourner dans son pays. 14 A Bethsour seulement, on laissa quelques-uns de ceux qui avaient abandonné la Loi et les préceptes : car c’était un lieu de refuge. (…)
Apprenant cela, Démétrius fut contrarié et il dit : 23 « Qu’avons-nous fait pour qu’Alexandre capte avant nous l’amitié des Juifs pour s’en faire un appui ? 24 Je vais leur écrire moi aussi en termes engageants, avec des offres de situation élevée et de subventions, afin qu’ils me réservent leur appui. » 25 Il leur écrivit en ces termes :
« Le roi Démétrius à la nation des Juifs, salut. 26 Vous avez toujours reconnu la validité des conventions passées entre nous, vous êtes demeurés nos amis, vous n’êtes point passés du côté de nos ennemis. Nous avons appris tout cela et nous nous en sommes réjouis. 27 Continuez à nous garder votre fidélité et nous récompenserons votre attitude par des bienfaits : 28 nous vous accorderons de nombreux allégements fiscaux et nous vous ferons des faveurs. 29 D’ores et déjà, je vous libère, je décharge tous les Juifs des contributions, de la gabelle et des couronnes. 30 D’autre part, à compter de ce jour, je fais remise à perpétuité du tiers des produits du sol et de la moitié des fruits des arbres qui me reviennent, au bénéfice du pays de Juda et des trois nomes de la Samaritide et Galilée qui lui sont annexés. 31 Jérusalem sera sainte et exempte, ainsi que son territoire, de dîmes et de droits. 32 Je renonce aussi à la Citadelle de Jérusalem et je la cède au grand prêtre, qui pourra y établir une garde choisie par ses soins. 33 A tout Juif qui, du pays de Juda, aurait été amené captif n’importe où dans mon royaume, je rends la liberté, sans exiger de rançon. Que tous soient exempts d’impôts, même pour leur cheptel. 34 Toutes les fêtes, les sabbats et les néoménies, les fêtes prescrites, avec les trois jours qui précèdent et les trois jours qui suivent, seront tous des jours d’immunité et de rémission pour tous les Juifs de mon royaume. 35 Personne n’aura autorité pour exiger d’eux un paiement ou pour inquiéter quelqu’un d’entre eux au sujet de n’importe quelle affaire. 36 Des Juifs seront enrôlés dans l’armée royale jusqu’à concurrence de trente mille soldats et ils toucheront la même solde que toutes les troupes du royaume. 37 Certains seront affectés aux forteresses royales importantes. Des Juifs seront nommés aux postes de confiance du royaume. Leurs préposés et leurs chefs seront choisis dans leurs rangs et se comporteront selon leurs lois, comme le roi l’a ordonné pour le pays de Juda. 38 Quant aux trois nomes ajoutés à la Judée aux dépens de la province de Samarie, qu’ils soient annexés à la Judée et qu’ils soient considérés comme relevant d’un seul et n’obéissant à nulle autre autorité qu’à celle du grand prêtre. 39 « Je fais don de Ptolémaïs, et du territoire qui s’y rattache, au sanctuaire de Jérusalem, pour couvrir les dépenses du culte. 40 Quant à moi, je donne chaque année quinze mille sicles d’argent sur les revenus royaux, à prélever dans les endroits qui s’y prêtent. 41 A titre d’arriéré, les fonctionnaires affecteront désormais aux travaux du temple tout le surplus qu’ils n’ont pas versé, comme ils le faisaient les années précédentes. 42 En outre, les cinq mille sicles d’argent que l’on prélevait sur l’avoir du sanctuaire, au chapitre de ses revenus annuels, seront attribués aux prêtres en exercice. 43 Quiconque se sera réfugié dans le temple de Jérusalem et dans ses limites, à cause d’un dû au fisc royal ou pour toute autre affaire, sera libre avec tous les biens qu’il possède dans mon royaume. 44 « Les frais de travaux de construction et de restauration du sanctuaire se feront au compte du roi. 45 Les frais occasionnés par la reconstruction des murs et la fortification de l’enceinte de Jérusalem et par la construction des remparts ailleurs en Judée seront également au compte du roi. »
Quand Jonathan et le peuple entendirent ces paroles, ils refusèrent d’y croire et de les prendre en considération, parce qu’ils avaient encore en mémoire tout le mal que Démétrius avait fait en Israël et l’oppression qu’il avait fait peser sur eux. 47 Ils se décidèrent en faveur d’Alexandre parce qu’à leurs yeux il tenait des propos pacifiques, et ils furent constamment ses alliés. 48 Le roi Alexandre rassembla de grandes forces et s’avança contre Démétrius. 49 Les deux rois ayant engagé le combat, l’armée d’Alexandre prit la fuite. Démétrius se mit à sa poursuite et l’emporta sur ses soldats. 50 Il mena fortement le combat jusqu’au coucher du soleil. Mais Démétrius succomba ce jour-là.
En l’an cent soixante-cinq, Démétrius fils de Démétrius vint de Crète dans le pays de ses pères. 68 En l’apprenant, le roi Alexandre, très contrarié, s’en retourna à Antioche. 69 Démétrius confirma Apollonius comme gouverneur de Cœlésyrie ; celui-ci rassembla une grande armée, vint camper près de Jamnia et envoya dire au grand prêtre Jonathan : 70 « Tu es vraiment le seul à te dresser contre nous et, à cause de toi, me voici devenu un objet de dérision et de honte. Pourquoi exercer ton autorité contre nous dans les montagnes ? 71 Si tu as confiance dans tes troupes, descends donc maintenant vers nous dans la plaine et là, mesurons-nous l’un à l’autre, car la force des villes est avec moi. 72 Informe-toi et apprends qui je suis et qui sont ceux qui nous prêtent leur concours. Ceux-là disent que vous ne pouvez tenir pied face à nos lignes, puisque par deux fois déjà tes pères ont été mis en déroute dans leur propre pays. 73 Tu ne pourras pas résister à la cavalerie et à une aussi grande armée dans la plaine, où il n’y a ni terrain accidenté, ni caillasse, ni d’endroit où fuir. »
74 Lorsque Jonathan entendit les paroles d’Apollonius, il en fut tout ébranlé. Il fit choix de dix mille hommes et partit de Jérusalem ; son frère Simon le rejoignit pour lui prêter main-forte. 75 Il dressa le camp devant Joppé. Les habitants fermèrent les portes, car il y avait là une garnison d’Apollonius. Ils commencèrent l’attaque. 76 Pris de peur, les habitants de la ville ouvrirent les portes, et Jonathan se rendit maître de Joppé. 77 En apprenant la chose, Apollonius mit en ligne trois mille cavaliers et une grande armée, et il se dirigea vers Azôtos comme pour traverser le pays, tandis qu’en même temps il s’enfonçait dans la plaine, confiant dans sa nombreuse cavalerie. 78 Jonathan le poursuivit du côté d’Azôtos, et les armées engagèrent le combat. 79 Apollonius avait laissé mille cavaliers dissimulés derrière eux. 80 Jonathan eut vent de ce projet d’embuscade sur ses arrières. Les cavaliers cernèrent son armée et lancèrent leurs traits sur la troupe depuis le matin jusqu’au soir. 81 Ceux-ci tinrent bon selon la consigne de Jonathan, et les chevaux se fatiguèrent. 82 C’est alors que Simon, entraînant ses troupes, attaqua la phalange : la cavalerie s’épuisa, les ennemis furent écrasés par Simon et s’enfuirent. 83 La cavalerie se dispersa dans la plaine. Les fuyards arrivèrent à Azôtos et entrèrent dans le « temple de Dagôn », le sanctuaire de leur idole, pour y trouver le salut. 84 Jonathan incendia Azôtos et les villes alentour. Il les dépouilla et livra aux flammes le sanctuaire de Dagôn et ceux qui s’y étaient réfugiés. 85 Au total huit mille hommes périrent par l’épée ou par le feu. 86 Jonathan partit de là et prit position près d’Ascalon. Les habitants sortirent à sa rencontre en grande pompe. 87 Jonathan et les siens revinrent alors à Jérusalem chargés d’un grand butin. 88 Le roi Alexandre, apprenant tout cela, accorda de nouveaux honneurs à Jonathan. 89 Il lui envoya une agrafe d’or comme c’est l’usage de l’accorder aux parents du roi. Il lui donna en propriété Akkarôn et tout son territoire.
En ces jours-là, Jonathan rassembla ceux de la Judée pour attaquer la Citadelle qui est à Jérusalem, et ils dressèrent contre elle de nombreuses machines de guerres. 21 Alors des gens sans foi ni loi, qui haïssaient leur nation, allèrent trouver le roi pour lui annoncer que Jonathan assiégeait la Citadelle. 22 A ces paroles, Démétrius se mit en colère et se rendit aussitôt à Ptolémaïs. Il écrivit à Jonathan de lever le siège et de venir au plus vite s’entretenir avec lui à Ptolémaïs. 23 Apprenant cela, Jonathan ordonna de continuer le siège, il choisit quelques anciens d’Israël et quelques prêtres et s’exposa lui-même au danger. 24 Prenant en effet avec lui de l’argent, de l’or, des vêtements et d’autres présents en abondance, il se rendit auprès du roi à Ptolémaïs, et trouva grâce à ses yeux. 25 Quelques impies de sa nation essayèrent bien de l’accuser, 26 mais le roi agit envers lui à l’instar de ses prédécesseurs et il l’éleva devant tous ses amis. 27 Il lui confirma le pontificat et toutes ses dignités antérieures et le fit mettre au nombre de ses premiers amis. 28 Jonathan demanda au roi d’exempter d’impôts la Judée et les trois toparchies de la Samaritide, en lui promettant en retour trois cents talents. 29 Le roi y consentit et il écrivit comme suit à Jonathan : 30 « Le roi Démétrius à Jonathan son frère et à la nation des Juifs, salut. 31 Une copie de la lettre que nous avons écrite à notre parent Lasthène vous est adressée pour information. 32 Le roi Démétrius à Lasthène son père, salut. 33 A cause de leurs bons sentiments à notre égard, nous avons décidé de faire du bien à la nation des Juifs qui sont nos amis et se conduisent envers nous avec droiture. 34 Nous leur confirmons la possession de la Judée et des trois nomes d’Aphéréma, de Lydda et de Ramathaïm. Ils ont été détachés de la Samaritide au profit de la Judée, avec toutes leurs dépendances, en faveur de tous ceux qui sacrifient à Jérusalem, en échange des droits régaliens annuels que le roi percevait auparavant sur les produits de leur terre et de leurs arbres. 35 Quant à ce qui nous revient encore sur les dîmes, quant aux droits divers qui nous sont dus, y compris ceux des marais salants et des couronnes, il y a dorénavant remise totale. 36 Dès maintenant et à perpétuité, ces dispositions ne souffriront aucune dérogation. 37 Ayez donc soin de faire exécuter une copie de cette lettre et qu’elle soit donnée à Jonathan, pour être placée sur la montagne sainte bien en vue. »
Le roi Démétrius, qui voyait le pays en repos sous sa direction, et qui ne sentait plus aucune résistance à son autorité, démobilisa toute son armée et renvoya chacun dans ses foyers, à l’exception des troupes étrangères qu’il avait recrutées dans les îles des nations. Pour cette raison il s’attira la haine de toutes les troupes qu’il tenait de ses pères. 39 Or Tryphon, qui avait fait partie des gens d’Alexandre, constatant les récriminations unanimes de l’armée contre Démétrius, se rendit chez Iamlikos l’Arabe qui élevait Antiochus, le jeune fils d’Alexandre. 40 Il le pressait de lui livrer l’enfant pour qu’il règne à la place de son père et il l’informa de tout ce qu’avait ordonné Démétrius et combien les troupes le haïssaient. Il resta là de longs jours.
41 Jonathan fit demander au roi Démétrius de faire sortir ses garnisons de la Citadelle de Jérusalem et des autres forteresses, car elles étaient toujours en état de guerre avec Israël. 42 Démétrius fit répondre à Jonathan : « Non seulement je ferai cela pour toi et pour ta nation, mais je te couvrirai d’honneur, toi et ta nation, à la première occasion. 43 Pour l’instant, tu ferais bien de m’envoyer des hommes pour combattre à mes côtés, car toutes mes troupes ont fait défection. » 44 Jonathan lui envoya à Antioche trois mille vaillants guerriers dont l’arrivée réjouit le roi. 45 Les gens de la ville se rassemblèrent dans le centre, au nombre d’environ cent vingt mille, avec le dessein de faire périr le roi. 46 Celui-ci se réfugia dans le palais, tandis que les gens de la ville envahissaient les rues, et les combats commencèrent. 47 Le roi appela les Juifs à la rescousse ; ils se rassemblèrent tous auprès de lui, puis, se répandant dans la ville, ils tuèrent en ce jour-là environ cent mille personnes. 48 Ils incendièrent ce jour-là la ville tout en amassant un abondant butin, et le roi fut sauvé. 49 Voyant que les Juifs s’étaient rendus maîtres de la ville comme ils voulaient, la détermination des habitants fut ébranlée et ils crièrent vers le roi, le suppliant ainsi : 50 « Donne-nous la main droite, et que les Juifs cessent de combattre contre nous et contre la ville. » 51 Ils jetèrent les armes et firent la paix. Les Juifs furent couverts de gloire en présence du roi et aux yeux de tous ceux de son royaume. S’y étant ainsi fait un nom, les Juifs regagnèrent Jérusalem, chargés d’un butin considérable. 52 Le roi Démétrius s’affermit sur le trône royal, et le pays fut en repos sous sa direction. 53 C’est alors qu’il manqua à toutes ses promesses et qu’il devint tout autre à l’égard de Jonathan. Il ne reconnut plus les services rendus et lui infligea mille vexations.
Après cela, Tryphon revint avec Antiochus, tout jeune enfant qui devint roi et saisit le diadème. 55 Toutes les troupes congédiées par Démétrius se rassemblèrent autour de Tryphon et combattirent Démétrius qui prit la fuite et fut mis en déroute. 56 Tryphon prit les éléphants et s’empara d’Antioche. (…) 63 Jonathan apprit que les généraux de Démétrius se trouvaient près de Kédès de Galilée avec une nombreuse armée, afin de le démettre de ses fonctions. 64 Il se porta à leur rencontre ; il avait laissé son frère Simon dans le pays. 65 Ce dernier prit position devant Bethsour et la combattit pendant de longs jours, lui imposant le blocus. 66 Les habitants lui demandèrent d’accepter leur main droite, ce qu’il fit. Toutefois, leur ayant fait évacuer la ville, il occupa les lieux et y plaça une garnison. 67 Quant à Jonathan et à son armée, ils avaient pris position au-dessus des eaux de Gennésar et, de bon matin, ils arrivèrent dans la plaine d’Asôr. 68 Et voici que l’armée des étrangers s’avançait à leur rencontre dans la plaine, mais ils avaient embusqué un détachement dans les collines. 69 D’en face, Jonathan fit mouvement. L’embuscade surgit alors de sa position, et le combat s’engagea. 70 Tous les soldats de Jonathan prirent la fuite, pas un ne resta, à l’exception de deux chefs de ses troupes, Mattathias, fils d’Absalom, et Judas, fils de Khalphi. 71 Jonathan déchira ses vêtements, répandit de la terre sur sa tête et pria. 72 Puis il engagea le combat contre eux, il les mit en déroute et ils s’enfuirent. 73 Voyant cela, les fuyards de son camp le rallièrent et ils firent la poursuite avec lui jusqu’à Kédès, jusqu’au camp ennemi, et ils campèrent là. 74 En ce jour-là, parmi les étrangers, trois mille hommes environ tombèrent et Jonathan retourna à Jérusalem.
Jonathan apprit que les généraux de Démétrius étaient réapparus avec des troupes plus nombreuses qu’auparavant pour le combattre. 25 Il partit pour Jérusalem et se porta à leur rencontre vers le pays de Hamath, car il ne leur donna pas le loisir de pénétrer dans son pays. 26 Il envoya des espions dans leur camp ; ceux-ci revinrent et l’informèrent que les ennemis s’apprêtaient à fondre sur eux de nuit. 27 Au coucher du soleil, Jonathan ordonna aux siens de veiller et de garder les armes à portée de la main, prêts au combat pendant toute la nuit. Il disposa aussi des avant-postes tout autour du camp. 28 Apprenant que Jonathan et les siens étaient prêts au combat, les adversaires eurent peur et, le cœur plein d’effroi, allumèrent des feux dans leur camp. 29 Mais Jonathan et les siens ne s’aperçurent de leur départ qu’au matin, car ils voyaient les feux. 30 Jonathan se lança à leur poursuite sans les atteindre, car ils avaient franchi le fleuve Eleuthère. 31 Jonathan se tourna alors contre les Arabes appelés Zabadéens. Il les battit et s’empara de leurs dépouilles. 32 Ayant levé le camp, il vint à Damas et parcourut toute la région. 33 Simon, lui aussi, se mit en marche et s’avança jusqu’à Ascalon et aux places fortes voisines. Il se rabattit ensuite vers Joppé et l’occupa à titre préventif. 34 Il avait appris en effet que les habitants voulaient livrer la forteresse aux gens de Démétrius. Il y installa une garnison pour la garder.
A son retour, Jonathan réunit les anciens du peuple et décida avec eux de bâtir des forteresses en Judée, 36 de surélever les remparts de Jérusalem, d’élever une séparation entre la Citadelle et la ville, afin de l’isoler et pour que les gens de Démétrius ne puissent ni acheter ni vendre. 37 Ils se rassemblèrent pour rebâtir la ville, car une partie du rempart du torrent à l’est de la ville était tombée ; on remit aussi en état le quartier appelé Khaphenatha. 38 Simon rebâtit Adida dans le Bas-Pays, il la fortifia et la dota de portes munies de verrous.
Tryphon cherchait à régner sur l’Asie, à ceindre le diadème et à porter la main contre le roi Antiochus. 40 Craignant que Jonathan ne le laisse pas faire et ne l’attaque, il cherchait le moyen de se saisir de lui et de le faire périr. Il partit et vint à Bethsân. 41 Accompagné de quarante mille hommes d’élite, Jonathan se porta à sa rencontre et vint à Bethsân. 42 Voyant qu’il était venu avec une armée nombreuse, Tryphon se garda de mettre la main sur lui. 43 Il le reçut avec honneur, le présenta à tous ses amis, lui offrit des présents et ordonna à tous ses amis et à ses troupes d’obéir à Jonathan comme à lui-même. 44 Il dit à Jonathan : « Pourquoi avoir imposé des fatigues à tous ces gens, alors qu’aucune guerre ne nous menace ? 45 Renvoie-les donc dans leurs foyers, choisis quelques hommes pour t’escorter et viens avec moi à Ptolémaïs. Je te livrerai cette ville et les autres forteresses, le reste des troupes et tous les fonctionnaires, puis je m’en retournerai, car c’est pour cela que je suis ici. » 46 Se fiant à lui, Jonathan agit comme il avait dit : il renvoya son armée qui repartit pour le pays de Juda. 47 Il garda avec lui trois mille hommes dont il détacha deux mille en Galilée ; les mille autres l’accompagnèrent. 48 Mais quand Jonathan fut entré dans Ptolémaïs, les habitants fermèrent les portes, se saisirent de lui et tuèrent par l’épée tous ceux qui étaient entrés avec lui. 49 Tryphon envoya des troupes et de la cavalerie en Galilée et dans la Grande Plaine, pour faire périr tous les partisans de Jonathan. 50 Ceux-ci comprirent qu’il avait été appréhendé et qu’il était perdu ainsi que ses compagnons. Ils s’encouragèrent mutuellement et s’avancèrent en rangs serrés, prêts au combat. 51 Leurs poursuivants, voyant qu’ils luttaient pour leur vie, s’en retournèrent. 52 Ils arrivèrent tous en paix en Judée, ils pleurèrent Jonathan et ses compagnons et ils éprouvèrent une grande crainte. Tout Israël mena un grand deuil. 53 Toutes les nations d’alentour cherchèrent à les anéantir. « Ils n’ont ni chef ni soutien, disaient-ils, attaquons-les donc maintenant, et nous effacerons d’entre les hommes leur souvenir. »
Simon apprit que Tryphon avait réuni une grande armée pour se rendre au pays de Juda et le ravager. 2 Voyant le peuple tremblant de peur, il monta à Jérusalem, rassembla le peuple 3 et le rassura en leur disant : « Vous savez bien tout ce que moi, mes frères et la maison de mon père, avons accompli pour les lois et le sanctuaire ainsi que les combats et les détresses que nous avons connus. 4 C’est pour cela que tous mes frères sont morts pour Israël, et moi je suis resté seul. 5 Loin de moi la pensée de sauver ma vie, quel que soit ce temps de détresse. Je ne suis pas meilleur que mes frères. 6 Mais plutôt, je vengerai ma nation, le sanctuaire, vos femmes et vos enfants, parce que toutes les nations, poussées par la haine, se sont coalisées pour nous anéantir. » 7 En entendant ces paroles, l’esprit du peuple se ranima, 8 et ils répondirent d’une voix forte : « Tu es notre chef à la place de Judas et de Jonathan ton frère. 9 Dirige notre combat, et nous ferons tout ce que tu nous diras. » 10 Il rassembla tous les hommes de guerre, il se hâta d’achever les murailles de Jérusalem et la fortifia tout autour. 11 Il envoya à Joppé Jonathan, fils d’Absalom, accompagné d’une troupe importante. Celui-ci en chassa les habitants et s’y établit.
Tryphon quitta Ptolémaïs avec une armée nombreuse pour pénétrer dans le pays de Juda, emmenant avec lui Jonathan captif. 13 Simon vint établir son camp à Adida, en face de la plaine. 14 Apprenant que Simon avait pris la relève de son frère et qu’il s’apprêtait à lui livrer bataille, Tryphon lui envoya des messagers pour lui dire : 15 « C’est à cause de l’argent dû au trésor royal par ton frère Jonathan, en raison des fonctions qu’il exerçait, que nous le détenons. 16 Envoie maintenant cent talents d’argent et deux de ses fils comme otages, de peur que, une fois relâché, il ne fasse défection. En suite de quoi, nous le relâcherons. » 17 Tout en connaissant la perfidie de ces paroles, Simon envoya chercher l’argent et les enfants, de peur de s’attirer une grande hostilité de la part du peuple. 18 « C’est parce que je ne lui ai pas envoyé l’argent et les enfants – auraient-ils dit – que Jonathan a péri. » 19 Il envoya donc les enfants et les cent talents mais Tryphon le trompa et ne relâcha pas Jonathan. 20 Après cela, Tryphon se mit en marche pour envahir la région et la ravager. Il fit un détour par le chemin d’Adora, mais Simon et son armée ne cessaient de le talonner. 21 Cependant, ceux de la Citadelle envoyèrent à Tryphon des messagers, le pressant de les rejoindre par le désert et de leur envoyer des vivres. 22 Tryphon prépara alors toute sa cavalerie pour s’y rendre, mais il tomba cette nuit-là une neige abondante, et il ne put y aller. Il partit et se dirigea vers le pays de Galaad. 23 Il tua Jonathan aux approches de Baskama, et on l’y enterra. 24 Puis Tryphon s’en retourna dans son pays.
25 Simon envoya recueillir les ossements de Jonathan son frère et les déposa dans le tombeau de Modîn, ville de ses pères. 26 Tout Israël mena sur lui un grand deuil et se lamenta pendant de longs jours. 27 Simon suréleva le tombeau de son père et de ses frères pour qu’il soit visible de loin – l’appareil, tant par derrière qu’en façade, était en pierre polie – 28 et il dressa sept pyramides l’une à côté de l’autre, pour son père, pour sa mère et pour ses quatre frères. 29 Il les entoura d’un ouvrage fait de hautes colonnes et, par dessus, en souvenir éternel, des panoplies flanquées de navires sculptés en relief, pour être vus de tous ceux qui naviguent sur la mer. 30 Tel est, jusqu’à ce jour, ce mausolée qu’il fit à Modîn.
Or Tryphon, agissant perfidement à l’égard du jeune roi Antiochus, le tua. 32 Il régna à sa place, ceignit le diadème de l’Asie et infligea de grands maux au pays. 33 Simon rebâtit les forteresses de Judée, les entoura de hautes tours, de remparts imposants, munis de portes et de verrous. Dans ces forteresses, il entreposa des vivres. 34 Ensuite Simon envoya demander au roi Démétrius une remise d’impôts pour le pays, parce que Tryphon n’avait fait que piller. 35 Le roi Démétrius lui fit tenir une réponse conforme à ces paroles et lui écrivit la lettre suivante : 36 « Le roi Démétrius à Simon, grand prêtre et ami des rois, aux anciens et à la nation des Juifs, salut. 37 Nous avons reçu la couronne d’or et la palme que vous nous avez envoyées, nous sommes disposés à conclure avec vous une paix complète, et à prescrire aux fonctionnaires de vous consentir des abattements. 38 Tout ce que nous avons décidé à votre égard est confirmé, et les forteresses que vous avez bâties vous appartiennent. 39 Nous vous faisons grâce des erreurs et des délits commis jusqu’à ce jour, ainsi que de la couronne que vous devez et, si quelque autre droit était perçu à Jérusalem, qu’il ne soit plus exigé. 40 Si quelques-uns d’entre vous sont aptes à s’enrôler dans notre garde du corps, qu’ils se fassent inscrire et qu’il y ait la paix entre nous. »
41 L’an cent soixante-dixc, le joug des nations fut ôté d’Israël 42 et le peuple commença à dater les actes et les contrats de « l’an un de Simon, grand prêtre, stratège et chef des Juifs ». (…)
1 Maccabées 14 : Mort de Démétrius II, éloge de Simon
En l’an cent soixante-douze, le roi Démétrius rassembla son armée et partit pour la Médie chercher de l’aide pour pouvoir combattre Tryphon. 2 Ayant appris que Démétrius avait pénétré sur son territoire, Arsace, roi de Perse et de Médie, envoya l’un de ses généraux pour le prendre vivant. 3 Celui-ci partit, battit l’armée de Démétrius, le captura et l’amena à Arsace qui le mit en prison.
Le peuple vit la fidélité de Simon et la gloire qu’il avait décidé de donner à sa nation ; ils l’établirent leur chef et grand prêtre à cause de tout ce qu’il avait fait, de la justice et de la foi qu’il garda envers sa nation, et parce que l’élévation de son peuple fut sa préoccupation constante. 36 Pendant les jours de Simon, celui-ci réussit à extirper les païens du territoire ainsi que ceux qui étaient dans la Cité de David à Jérusalem, où ils s’étaient fait une citadelle : de là, ils opéraient des sorties pour souiller les abords du sanctuaire et attenter gravement à sa sainteté. 37 Il installa en ce lieu des soldats juifs et le fortifia pour la sécurité du pays et de la ville, et il suréleva les murailles de Jérusalem. 38 « A la suite de cela, le roi Démétrius lui confirma le pontificat, 39 il le mit au nombre de ses amis et le couvrit d’honneurs. 40 Il avait appris en effet que les Romains traitaient les Juifs d’amis, d’alliés et de frères, qu’ils avaient reçu avec honneur les ambassadeurs de Simon 41 et que les Juifs et les prêtres avaient jugé bon de nommer Simon chef et grand prêtre à perpétuité jusqu’à ce que se lève un prophète fidèle, 42 de le nommer stratège et responsable du sanctuaire, chargé de nommer les chefs de travaux, les préposés à l’administration du pays et les responsables de l’armement et des forts, 43 – responsable du sanctuaire –, devant être obéi de tous, promulguant que tous les actes du pays fussent rédigés en son nom, qu’il fût revêtu de la pourpre et d’insignes d’or. 44 Personne parmi le peuple et parmi les prêtres ne doit contrevenir à aucune de ces dispositions, ni contredire ses ordres, ni tenir une réunion dans le pays sans son autorisation, ni revêtir la pourpre ou porter une agrafe d’or. 45 Tout contrevenant à ces dispositions sera passible de sanction.
L’an cent soixante-quatorze, Antiochus partit pour le pays de ses pères, et toutes les troupes se rallièrent à lui, si bien qu’il resta peu de monde avec Tryphon. 11 Antiochus se mit à sa poursuite, et Tryphon s’enfuit à Dôra qui est sur la mer, 12 car il se rendait bien compte que les malheurs s’accumulaient et que ses troupes l’avaient abandonné. 13 Antiochus vint camper devant Dôra avec cent vingt mille combattants et huit mille cavaliers. 14 Il cerna la ville, et les bateaux se concentrèrent devant elle, ce blocus terrestre et maritime ne laissant personne entrer ou sortir.