Surmonter nos refus
"Revenez à Moi et vous vivrez !" Ez 18, 32 |
DIEU nous envoie fréquemment en mission, comme lorsqu’Il pousse ses disciples à monter dans la barque alors que la tempête gronde. Il a de grands projets pour nous et voit toutes les choses difficile qui vont nous faire grandir lorsque nous y serons confronté-e-s. Mais nous, souvent nous bloquons sur ce que DIEU nous demande !Cette conférence vise à mettre en relief quelles sont nos réticences et leurs conséquences (désagréments qui nous arrivent), en nous basant sur l’itinéraire spirituel De Moïse. En effet, ce dernier oppose à DIEU 7 refus lorsqu’il est envoyé en mission auprès du Pharaon. Mais dans sa Providence, DIEU nous éduque, en utilisant notre refus pour le salut de l’humanité. |
Durée : 1h22 | 1 ou 5 fichiers mp3 |
Introduction
L'Accélération Spirituelle et nos RéticencesAujourd'hui, nous aborderons en introduction le moment où Jésus donne un coup d'accélérateur à notre vie spirituelle, et où nous pouvons parfois nous braquer, car le rythme nous semble trop rapide. Je pense à ce passage de l'Évangile de Saint Matthieu, chapitre 14, verset 22 : "Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, pendant qu'il renverrait la foule." Nous connaissons bien ce récit où, après avoir accompli des miracles, la foule veut le faire roi. Jésus leur dit : "Montez tous dans le bateau et traversez sans moi. Je veux que vous passiez de l'autre côté." Il existe un passage similaire où il les oblige à monter dans la barque avant de s'endormir à l'intérieur. Dans le premier cas, il est physiquement absent ; dans le second, son absence est marquée par son sommeil, qu'il a, je suis convaincu, intentionnellement provoqué. Le texte dit qu'il "obligea ses disciples". Cela me fait penser qu'eux, marins chevronnés, devaient pressentir la tempête imminente. Mais Jésus leur a dit : "Peu importe, montez dans la barque." Et ils y sont montés. Quand la tempête s'est déchaînée, ils ont dû se dire : "Nous le savions !" En tant que Juifs, ils ne s'aventuraient pas en mer sans précautions, car la mer représentait pour eux le royaume des ténèbres. Ils restaient dans leur zone de confort et ne prenaient la mer que par beau temps. Leur refus de quitter Jésus était finalement légitime : quand on est avec quelqu'un qui fait des miracles à tout bout de champ, on n'a pas envie de rompre ce lien pour se prendre une grosse tempête en pleine face. Ainsi, lorsque nous sommes connectés à Jésus et que nous décidons de le suivre, nous devons prendre notre croix. C'est une fuite naturelle de la souffrance que nous pouvons ressentir. Jésus nous invite à l'aider à porter sa croix, et nous, naturellement, n'aimons pas souffrir. Nous sommes faits pour la béatitude, nous recherchons le bien-être, et au-delà du bien-être, les biens de l'âme. La perspective de la souffrance nous terrifie. Bien que certains saints aient exprimé le désir de souffrir à la suite du Christ – ce qui est peut-être un signe de perfection – ce n'est pas le cas de tous. L'enjeu d'aujourd'hui n'est pas la souffrance en soi, mais plutôt la confrontation à une difficulté particulière lorsque nous essayons de suivre Jésus. Car, inévitablement, dans la mission, nous rencontrons des obstacles. Vaincre nos Réticences dans la MissionPour aborder cette thématique de la manière dont Jésus nous aide à surmonter nos refus dans la mission, je vous propose de méditer sur plusieurs points :
|
Partie 1 : Méditation sur la CroixLa Croix ? Oui, elle représente la souffrance, et après ?
La Croix selon Saint Thomas d'AquinJe souhaite citer deux passages de Saint Thomas d'Aquin. J'avais été stupéfait de découvrir qu'au XIIIe siècle, il avait compilé, dans sa Somme Théologique, les réflexions les plus pertinentes de la théologie et de la philosophie sur la croix. Il a d'abord affirmé que la croix renvoie inévitablement au Serviteur souffrant d'Isaïe, et plus spécifiquement au passage où il est recensé avec les pécheurs. Jésus fut crucifié entre deux voleurs, des hommes ayant commis des actes atroces. Thomas d'Aquin explique que le Christ a été crucifié entre deux brigands pour des "raisons de convenance", ce qui ne relève pas d'une démonstration logique, mais plutôt d'une contemplation rétrospective du plan divin d'amour.
J'ai compris également que lorsque le Seigneur met parfois sa main en disant "Stop", préférant qu'une personne meure et envoyant un ange, c'est aussi par miséricorde divine. La souffrance que cette personne aurait à endurer en enfer serait trop insupportable. Dieu, maître du paradis et de l'enfer, permet même qu'en enfer des âmes continuent à le maudire éternellement, ce qui est en soi un mystère de miséricorde. Nous pouvons ajouter que, par la croix, le Seigneur confère une utilité à ce qui est inutile. La souffrance, à la base, ne sert à rien. La croix non plus, si ce n'est à faire souffrir. Pourtant, le Seigneur lui a donné un sens, alors que le mystère du mal n'a pas de fondement, ne peut être justifié et demeure répugnant. La Croix : Vaincre la Peur de la Mort et Sanctifier le MondeSaint Thomas d'Aquin (Somme Théologique, IIIa pars, question 46, article 4) affirme que la croix révèle qu'aucun genre de mort n'est à redouter face à la gloire qui nous attend. Dans la Bible, la croix représente la mort la plus horrible imaginable. Par conséquent, puisque Jésus l'a choisie dans sa mission, la méditation de la Croix nous convaincra inéluctablement, même si c'est lentement et sans effets apparents immédiats, que la souffrance consentie pour le Seigneur porte une fécondité propre à la mission et nous permet de surmonter les épreuves. La croix établit aussi un parallèle avec l'arbre qui a causé la chute d'Adam, mais qui, par le Christ, apporte désormais la vie. Jésus reprend ce qui a provoqué la chute pour en faire un instrument de salut. Jean Chrysostome (cité par Thomas d'Aquin) ajoute que le sang du Christ, en coulant sur la terre, a sanctifié le monde entier. Le démon avait pris le contrôle du monde après qu'Adam lui eut cédé son autorité. Le Sang du Christ a repris ce contrôle. Nous, baptisés, partageons avec le Christ un certain règne sur la nature, une puissance discrète mais bien réelle, car notre prière peut agir avec force, même sur des situations jugées impossibles : quelqu'un qui retrouve du travail, qui guérit, qui surmonte une dépression. Plus notre foi est grande, plus nous sanctifions ce qui nous entoure. L'Arbre de Vie a sanctifié l'air. La croix élevée est également liée à la préparation de notre ascension au ciel. Le Christ, avec sa croix tendue vers le ciel et son ascension, nous montre la direction. La croix est une flèche : en la contemplant et en reliant les difficultés de notre mission à la croix du Christ, nous pouvons concevoir notre montée au ciel, suivant cette direction. Les quatre sens de la croix symbolisent le salut de tout le genre humain, englobant le peuple de l'Ancien et du Nouveau Testament, comme l'a dit Grégoire de Nysse. Le Christ est le maître de la largeur, de la longueur, de la hauteur et de la profondeur. Dans la Bible, ces dimensions désignent tous les sens cachés, les dimensions spirituelles et matérielles. Plus nous devenons spirituels, plus nous percevons les choses sous de multiples angles, avec recul. Nous sommes alors capables d'interpréter le passé et le présent, et de pressentir l'avenir, non pas par une curiosité malsaine, mais pour nous guider nous-mêmes et guider les autres, évitant de nous égarer en chemin. C'est comme si nous avions une carte de l'itinéraire, nous permettant de nous concentrer sur notre mission sans nous perdre dans les détails. Saint Augustin conclut cette partie en comparant la croix à diverses figures salvatrices : l'arche de Noé qui sauve les hommes, le bâton de Moïse qui libère, ôte l'amertume du péché et fait jaillir la source de vie. La croix est un mystère insondable. Une lecture que j'ai eue, intitulée "Lettres de l'Enfer", dépeint un réprouvé écrivant à une âme et expliquant comment cette dernière s'est tiédie au cours de sa vie, finissant en enfer. L'auteur y explique que nous ne réalisons pas la chance que nous avons : chaque fois que nous regardons un Christ en croix, nous recevons une grâce sans même nous en rendre compte. Si les baptisés en étaient conscients, ils regarderaient la croix plus souvent, sachant qu'ils en puiseraient une grâce. C'est comparable à se signer avec de l'eau bénite : quelque chose se passe. Chaque fois que nous demandons pardon ou prononçons le nom de Jésus, une action spirituelle se produit. En ayant foi et en progressant dans notre vie spirituelle, nous contemplons la croix : un homme qui était Dieu, entièrement donné, rachetant l'humanité et nous montrant une voie vers le ciel. Toutes ces méditations peuvent nous aider à faire confiance à Jésus, même face aux difficultés, même si la croix nous semble ardue. Le Refus de la Souffrance : Une Crise Spirituelle de l'OccidentDans cette même première partie sur la croix, Joseph Ratzinger (avant qu'il ne devienne pape), dans son livre La mort et l'au-delà, fait une observation saisissante sur le monde contemporain : "Les efforts faits par la médecine, la psychologie et la pédagogie pour construire une nouvelle société d'où la souffrance serait abolie ont pris de gigantesques proportions." Notre société déploie des moyens considérables pour bannir la souffrance. Certes, la souffrance peut et doit être endiguée par tous ces moyens, mais la volonté de l'abolir complètement équivaudrait à un refus de l'amour et à un recul de l'homme lui-même. Une telle démarche ne peut aboutir qu'à une vie sans valeur, où l'absence de souffrance signifierait une fuite de la vie elle-même. La crise du monde occidental provient, en premier lieu, d'une éducation et d'une philosophie qui tendent à sauver l'homme sans la croix, contre la croix, et contre la vérité. Quand nous contemplons la croix, nous contemplons le Juste qui a donné sa vie pour le monde. De même, les philosophes qui méditent sur Socrate, qui a sacrifié sa vie pour la vérité, voient en lui un modèle de vérité pour la philosophie. De nombreux individus, chrétiens ou non, défendent une cause avec une telle conviction que leur "martyre" – qu'il s'agisse d'un don de soi jusqu'à l'épuisement ou d'une mort – révèle la vérité. Cela éclaire de nombreux sujets et difficultés que nous rencontrons dans nos dialogues avec autrui, notamment sur des thèmes comme l'euthanasie ou la péridurale. Pour beaucoup, il est évident qu'une femme ne devrait pas souffrir lors de l'accouchement. Cependant, le chrétien ne se prononce pas pour ou contre la péridurale en soi, mais il introduit la dimension de la croix. Une femme peut choisir d'atténuer une souffrance très intense, ou bien de saisir ce moment pour s'unir au Christ d'une manière particulière. Certaines femmes choisissent cette voie. Il est donc intéressant de ne pas bannir d'emblée la souffrance sous prétexte qu'il ne faut pas souffrir. Ces sujets sont délicats, car le bannissement de la souffrance est une évidence pour beaucoup de nos contemporains. Le dialogue sur les questions qui en découlent peut être extrêmement ardu. Il est donc crucial d'identifier ce nœud et, avant d'aborder ces sujets de front et de se heurter à un mur, de réfléchir en amont à la nature de la souffrance. Sachant que nous ne sommes pas là pour imposer une unique voie – certains sont faits pour de grands jeûnes, d'autres non, chacun a sa propre manière de se donner – il demeure que l'affronter la souffrance possède une fécondité particulière. Des mystiques comme Anne Catherine Emmerich, béatifiée, ont témoigné de la souffrance du Christ dès son enfance, acceptée pour racheter tous les enfants. La souffrance des innocents est une concession divine qui nous épargne bien des fléaux. De même, lorsque les adultes s'unissent à la souffrance de leurs enfants, cela a une portée immense. J'ai remarqué que prendre un enfant dans ses bras quand il souffre le console souvent des trois quarts de sa peine, sans même avoir recours aux médicaments. Se lever deux fois la nuit, le prendre dans ses bras en disant "Je m'unis à ta souffrance et je vais la porter avec toi," est d'une force que nous ne connaissons pas suffisamment. Concernant l'euthanasie, un chrétien devrait affirmer qu'une personne âgée a besoin d'être aidée dans sa souffrance, et non qu'on cède à un cri de désespoir. Celui qui tombe a besoin d'être relevé ; celui qui pleure a besoin qu'on pleure avec lui. Certes, on peut discuter des techniques ou des lois, mais il faut d'abord parler de la souffrance et de la condition humaine, qui inclut la souffrance. En ouvrant notre cœur à une part de la souffrance de l'autre, nous portons aussi le monde. Notre mission est également de faire corps avec la souffrance. |
Partie 3 : les 7 refus de Moïse
En parcourant Ex 3, 11 à Ex 6, 30, contemplons comment le SEIGNEUR fortifie Moïse dans les missions où Il l’envoie. 7 refus s’y dégagent : la tentation de tout porter dans notre mission, douter de DIEU, douter des autres, douter de soi, se défiler, se décourager devant l’épreuve, se décourager devant les refus. DIEU répond par des signes pour affermir notre foi, et aussi par sa justice qui nous confronte aux conséquences de notre refus, comme Il nous éduque. J'aborde maintenant la troisième partie : les sept refus de Moïse. Dieu apparaît à Moïse dans le buisson ardent et lui dit : "J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte, je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs." Nous retrouvons ici une résonance avec les Ninivites égarés : Dieu est pris de pitié pour son peuple opprimé. Il lui ordonne : "Va maintenant, je t'envoie vers le peuple, fais sortir mon peuple, les fils d'Israël." Des commentateurs juifs ont souligné l'emphase du "va", un impératif pressant qui signifie : "Il n'y a que toi qui puisses accomplir cela, sinon ils sont tous perdus." C'est Dieu qui parle avec ses entrailles, dirais-je maternelles, disant : "Il faut que tu y ailles !" Un autre indice de cette urgence est l'appel direct de Moïse, répété sans virgule : "Moïse, Moïse." Contrairement à "Abraham, Abraham" ou "Samuel, Samuel" où une pause marque un appel doux, ici, l'absence de ponctuation en hébreu suggère une supplication, comme quelqu'un au fond d'un puits appelant à l'aide. L'appel de Dieu à Moïse est pressant. Je crois que nous pouvons appliquer cela à nous-mêmes : nous ne réalisons pas assez à quel point Dieu, lorsqu'il nous appelle à une mission, parle du fond de ses entrailles. C'est par grâce qu'il agit. Pour ceux qui s'occupent d'un service d'Église, notamment auprès des sans-abris, la misère de la rue est montée jusqu'à Dieu. "Il faut que tu t'en occupes !" Si nous réalisons cela, cela peut être un stimulant supplémentaire pour accepter les difficultés inhérentes à la croix. Première Objection de Moïse : Le Doute de SoiLa première objection de Moïse est : "Qui suis-je, Seigneur, pour aller vers Pharaon et faire sortir d'Égypte les fils d'Israël ?" Ce "Qui suis-je ?" révèle l'idée que la mission repose sur lui et non sur Dieu. C'est la tentation de croire que l'on doit porter le poids seul, qu'une barrière s'est installée entre Dieu et soi. C'est la première objection que l'on peut formuler en recevant une mission : "Je n'y arriverai jamais seul." À chaque fois, Dieu répond immédiatement par un don : "Je suis avec toi." Comme nous l'avons vu la dernière fois, Dieu offre son nom, un nom efficace qui nous fait connaître qui Il est et induit une action. "Je suis avec toi" : ce nom mystérieux affermit et éclaire notre mission. Le tétragramme "Je suis celui qui est" signifie qu'Il est présent dans le passé, le présent et l'avenir, car au ciel, le temps n'existe pas. Il est avec nous de toute éternité. Un deuxième élément que Dieu donne immédiatement est un signe : "Vous servirez sur cette montagne." Ce signe peut paraître dérisoire pour Moïse. En quoi cela l'aidera-t-il dans sa mission ? C'est que notre mission, comme nous l'avons vu, est liée aux délicatesses du Seigneur, qui nous montre des indicateurs invisibles à notre regard, car trop lointains. Il nous révèle des éléments de l'avenir pour nous aider à ne pas nous focaliser sur le chemin immédiat, comme un conducteur qui ne reste pas rivé sur sa carte routière. Ce "vous servirez sur cette montagne" m'est apparu comme un sujet d'espérance. Même si je suis aride dans ma prière et que je trouve la tâche difficile, je peux dire : "Seigneur, je te bénis pour la réalisation future de ton plan d'amour, notamment que nous sortirons d'ici et te servirons sur cette montagne." Cela signifie que nous aurons un culte indépendant des Égyptiens, dans un lieu où nous pourrons célébrer librement et respecter le sabbat, comme c'était le cas pour les Juifs. Ainsi, ce que Dieu nous révèle de notre mission peut devenir un motif de louange. Justice et Conséquences de l'IncrédulitéC'est la miséricorde du Père qui s'exprime dans la réponse de Dieu, mais aussi sa justice. Nos refus créent un déséquilibre, une sorte de "noirceur" qui affecte le rôle que nous aurions pu jouer. Si d'autres ont persévéré dans leur mission, notre faiblesse a ralenti la progression collective, entraînant des conséquences pour ceux qui doivent alors redoubler d'efforts. C'est la justice du Père : subir les conséquences pratiques de notre propre péché permet de rattraper le coup. Par exemple, si nous n'avons pas pris assez d'élan pour franchir un obstacle avec un véhicule, nous devrons ensuite pousser plus fort. Alors qu'avec une foi initiale, l'obstacle aurait été franchi sans même s'en apercevoir. Une conséquence de cette incrédulité de Moïse est visible au chapitre 5, verset 2. Lorsque Moïse et Aaron se présentent devant Pharaon, ils semblent hésitants, déclarant : "Dieu nous a dit que tu devais nous laisser partir." Pharaon répond : "Qui est le Seigneur Yahvé pour que j'entende sa voix et que je renvoie Israël ?" Ce "Qui est-il ?" fait écho au "Qui suis-je ?" de Moïse. Pharaon ne recentre pas le débat sur la divinité, mais sur un esprit d'incrédulité, de négation de Dieu, ramenant tout au matériel : "Vois-tu Dieu ? Non." Certains scientifiques contemporains adoptent cette même posture : "Je ne peux pas observer Dieu avec mon microscope, donc Il n'existe pas." Les commentaires rabbiniques rapportent que Pharaon aurait demandé à ses scribes de consulter leurs livres pour trouver trace de "Yahvé". Il savait pertinemment que ce nom n'y figurait pas. Cela est pertinent aujourd'hui lorsque des personnes nous opposent des arguments tirés d'émissions télévisées "démontrant" l'inexistence de Dieu. Nous pouvons nous sentir démunis. Ce que nous pourrions offrir, c'est une assurance plus ferme dans la puissance de notre parole, en affirmant : "Dieu m'a dit cela," sans trembler. C'est là que nous devons "pousser" pour que la roue monte le trottoir. Moïse, quant à lui, se défend en arguant : "Si nous demandons cela, c'est pour éviter que Dieu ne nous envoie la peste et l'épée." C'est une attitude que l'on retrouve parfois : "Je vais à la messe parce que mes parents m'y obligent" ou "parce que je n'avais pas le choix". En réalité, nous devrions nous taire plutôt que de ternir ainsi le nom du Seigneur. Une conséquence de cette attitude est que, plus tard, les Hébreux subissent des coups des Égyptiens qui les obligent à fabriquer plus de briques et à trouver eux-mêmes la paille. Pour moi, cette épreuve est une conséquence pratique de leur incrédulité. Ce fléau aurait pu leur être épargné s'ils avaient défendu le Seigneur en présence des autres. Ainsi, lorsque nous ne défendons pas le Seigneur ou que nous ternissons son nom, nous pouvons en subir des conséquences concrètes. La manière de rattraper le coup est d'accepter ces épreuves en disant : "Seigneur, pardon, j'aurais dû mieux te défendre." C'est le premier obstacle dans la mission : le manque d'audace, le sentiment de devoir tout porter seul, l'incapacité d'assumer sa mission avec fierté chrétienne. Nous sommes des signes et des présages pour Israël, comme le dit Isaïe. Se le répéter peut nous aider. Deuxième Objection de Moïse : Connaître le Nom DivinLe deuxième argument de Moïse est : "Quel est son nom ?" Dieu répond alors : "À toi, je révèle mon nom : AZ à cher AZ (Je suis Celui qui est)." J'ai transcrit cette phrase en phonétique hébraïque, car la prononcer avec foi, comme "Abba" pour le Père, pourrait avoir une onction particulière. Cependant, pour le peuple, ce nom est trop sacré. Dieu dit donc à Moïse : "Tu leur diras : 'Je suis m'a envoyé vers vous.'" C'est une miséricorde du Seigneur, comparable à un parent qui, après qu'un enfant désobéissant se blesse, le prend dans ses bras avant de lui expliquer les conséquences de son acte. Dieu donne un "sucre d'orge" extraordinaire en révélant son nom, mais ensuite, la justice s'applique pour que l'enfant apprenne et grandisse. En parallèle, dans la joute oratoire entre Moïse, Aaron et Pharaon, ce dernier déclare : "Moïse et Aaron, pourquoi empêchez-vous le peuple de travailler ?" La conséquence du dénigrement du nom de Dieu par Moïse, de son doute quant à sa puissance, est que Pharaon attribue les requêtes de Moïse et Aaron à leur propre volonté humaine, et non à une transcendance divine. Il minimise le projet divin en le ramenant à une conspiration humaine. Aujourd'hui, ce même discours nous est opposé : l'Église serait une institution autoproclamée, les papes décideraient de tout, réduisant un projet divin à une entreprise humaine minable. Face à cela, nous pouvons cultiver un attachement profond au Nom de Dieu, au nom du Père, de Jésus, et le prononcer avec une foi inébranlable. Dans ces moments où l'on nous oppose l'argument de l'humain et de l'invention, notre foi nous donnera la force nécessaire, les justes arguments et l'attitude adéquate face à ceux qui ramènent tout au matériel et à des décisions humaines médiocres. Troisième Objection de Moïse : La Preuve de l'AutoritéLa troisième objection de Moïse se trouve au chapitre 4, verset 1 : "Mais voilà, ils ne me croiront pas, ils n'entendront pas ma voix, ils diront : 'Le Seigneur ne t'était pas apparu !'" Avec une grande patience, le Seigneur lui demande : "Qu'as-tu à la main ?" Moïse répond : "Un bâton." Ce bâton représente toute l'autorité qui lui reste. Après avoir tout perdu – il était le second de Pharaon, puis il a tué un Égyptien et passé quarante ans dans le désert comme berger – c'est son unique soutien. Le Seigneur prépare souvent ceux qui ont de grandes missions en les faisant s'occuper de brebis, observant leur manière de paître le troupeau avant de leur confier le sien. C'est le cas de Pierre, qui s'est occupé des douze apôtres avant de se voir confier l'Église tout entière. Le bâton de Moïse, ce sont toutes ses forces humaines restantes. Dieu lui dit de le jeter, révélant que même ce sur quoi il s'appuie peut se transformer en serpent. Il est crucial de s'appuyer sur Dieu et non uniquement sur des supports humains. Moïse se retrouve face à sa propre faiblesse. Dieu lui demande de prendre le serpent par la queue, un acte de foi surnaturel. Ce geste symbolise le fait de prendre sa faiblesse en main, de prendre le taureau par les cornes. Le serpent redevient un bâton, et avec cela, Moïse accomplira des signes. C'est comme le poisson de Jonas : le cachot où il a été contraint de réfléchir est devenu un moyen de conversion pour les Ninivites. De même, nos faiblesses, nos refuges (comme l'alcoolisme pour reprendre un exemple courant), peuvent devenir des témoignages puissants de conversion de masse. Le Seigneur utilise nos refus et nos faiblesses pour notre mission. Le verbe hébreu utilisé pour "saisir" est "shazak", signifiant "fort, rigide, dur". La faiblesse de Moïse est d'avoir un cœur dur, fermé. Ensuite, la main de Moïse devient lépreuse, puis saine, et l'eau se change en sang. Sans entrer dans les détails, ces signes révèlent à Moïse ses propres faiblesses, ce qui est un signe de miséricorde. C'est comme un parent qui explique à son enfant pourquoi il a été réprimandé par son enseignant, l'armant ainsi pour l'avenir. C'est la miséricorde qui s'exprime, permettant à Moïse de progresser. La main, qui symbolise l'action, devient lépreuse : "Regarde comme ce que tu fais est corrompu si tu ne t'appuies pas sur moi." Mais si Moïse remet sa main dans son sein et la ressort, elle redevient saine : s'appuyer sur la grâce divine rend notre action percutante et sanctifiée. L'eau changée en sang représente aussi un appui humain : chercher de l'eau ailleurs qu'en recevant la pluie du Seigneur. Cette "eau" se transforme en sang, devenant imbuvable, nous dégoûtant. Par exemple, si je me console de ma tristesse en mangeant trop de chocolat, au-delà d'un certain point, le plaisir se transforme en dégoût. C'est cela : l'appui humain censé nous consoler finit par nous dégoûter. On retrouve ce thème avec Pharaon et le Nil : il s'appuie sur le Nil, qui se change en sang. Humiliation et Conséquences des BlocagesMoïse exprime son incrédulité : "Ils ne me croiront pas." L'acte de justice qui va s'appliquer est qu'Aaron prendra la parole, accomplira les signes, et le peuple croira immédiatement. C'est une humiliation pour Moïse, se dire qu'il a manqué de foi, alors que le peuple s'est converti instantanément. Il a causé un grand blocage dans sa vie spirituelle et sa mission, alors qu'il aurait suffi d'un "oui" pour que tout se passe. Il est alors contraint de dire : "Pardon, Seigneur, j'ai manqué de foi." Pharaon impose une épreuve : "Puisque c'est ainsi, vous devrez fabriquer plus de briques." Il retire la paille que les Égyptiens fournissaient auparavant, doublant ainsi le travail des Hébreux. Cela déstabilise le peuple, créant une inégalité, comme si un président décidait que les chrétiens cotiseraient le triple de leur retraite. Cela engendre de la méchanceté et un déséquilibre dans la paix sociale. Pharaon refuse Dieu par méchanceté. La paille, pour moi, est liée à la vue, à ce qui masque la vue, comme Jésus nous le révèle. La Paille : Futilité et Défauts des AutresDans l'Ancien Testament, la paille symbolise la futilité : "les méchants seront comme la paille balayée par le vent". Pharaon met cette paille sous les yeux des Hébreux, les détournant ainsi de leur véritable objectif. La mission divine est de libérer les personnes de l'athéisme, de l'incrédulité, de la misère et de la tristesse, pour les mener vers les sources de vie et la vision de Dieu. Le démon et les forces hostiles s'efforcent de nous mettre des futilités sous les yeux, des choses inutiles qui retardent notre progression. Aujourd'hui, cela se manifeste par la surconsommation de loisirs et d'activités triviales. Selon l'interprétation du Christ, la paille représente aussi les défauts des autres. Si je me base sur les imperfections de quelqu'un pour le juger, je me fonde sur des futilités qui masquent la personne dans sa vérité. L'un des combats que nous rencontrerons dans notre mission, et qui fait partie de cette troisième épreuve, est que le Malin nous montrera très clairement les faiblesses de ceux avec qui nous collaborons. Par exemple, si nous travaillons sur la liturgie de la Parole, l'imperfection du responsable pourra nous irriter, alors même que nous voulions simplement rendre service. C'est cela la paille : nous présumons des difficultés, nous rechignons à nous mettre en route, et des faiblesses, parfois apparentes, nous sont présentées comme des obstacles, alors qu'elles ne sont que de la paille. Pourtant, nous avons nous-mêmes une poutre dans notre œil qui nous empêche de voir notre frère ou notre sœur en vérité. Cela rejoint le thème du peuple qui croit malgré l'incrédulité de Moïse, et la paille qui bouche la vue. Conséquences de la Justice Divine : Humiliation et SurchargesDans les conséquences de la justice divine, les scribes et les fils d'Israël frappent Moïse et Aaron, leur reprochant d'avoir provoqué leur surcharge de travail, leur faisant ramasser la paille et les rendant odieux aux yeux de Pharaon. C'est la fin de la parenthèse où Moïse craignait que le Seigneur ne les "dégomme par l'épée". La conséquence est là, palpable. Revenons sur le mot hébreu shazak, qui signifie "fort, rigide, dur". Ce terme, utilisé pour "saisir le bâton", révèle que la dureté de cœur de Moïse trouvera un écho dans la dureté de cœur de Pharaon. Les endurcissements successifs se manifestent à travers les différentes plaies. Si Pharaon persiste dans sa dureté envers le peuple, Dieu va également endurcir les conditions des Égyptiens. Ces derniers, excédés par les plaies, presseront le peuple de partir à coups de pied au derrière. Dieu agit en s'appuyant sur cette dureté pour finalement faire sortir le peuple d'Égypte "à bras armés, à bras étendus". Moïse s'objecte aussi en disant : "Je ne suis pas un homme de parole, je suis lourd de bouche et de langue." Le mot hébreu kavet, signifiant "lourd", est employé ici. Moïse insiste sur son manque de talent oratoire, ramenant la mission à une simple question de capacités humaines. Dieu répond : "Qui a fait une bouche à l'homme ?" C'est un acte créateur, un acte fort qui sanctifie et qui rend "sourd et muet, voyant ou aveugle". Dieu ajoute : "Je serai avec ta bouche." Le Nom divin est lié à la bouche de Moïse, et il accomplira des merveilles qui toucheront le cœur des gens. Les conséquences de la justice se manifestent par la lourdeur du cœur de Pharaon, qui refuse de laisser partir le peuple, puis par les plaies elles-mêmes qui deviennent "lourdes". La quatrième plaie, la vermine, entre "lourdement" (shazak). La grêle est "très violente", une "telle masse" de sauterelles. Mais Dieu s'appuie sur cette adversité pour combler le peuple hébreu de grâces. Ayant été persécuté par la lourdeur de cœur des Égyptiens, et Moïse s'étant repenti de sa propre lourdeur, Dieu fait sortir les Hébreux avec de "lourds troupeaux". C'est magnifique de voir les grâces abondantes que le Seigneur accorde. Une autre conséquence de la lourdeur se retrouve dans la manière dont Moïse exercera son autorité. Il subira de plein fouet la lourdeur du peuple, se plaignant au Seigneur : "Pourquoi mettre la charge de tout ce peuple sur moi ? Je ne pourrais pas moi-même porter tout ce peuple, il est trop lourd pour moi." Cela montre que la lourdeur initiale de Moïse se répercute sur le peuple. En offrant nos propres "misères" et nos "lourdeurs de cœur", nous pouvons rattraper le temps perdu et nous raccrocher au projet du Seigneur. L'acte créateur de Dieu qui a "fait une bouche à l'homme" trouve son pendant dans la parole d'autorité de Pharaon : "Vous leur imposerez néanmoins la quantité de briques qu'ils faisaient auparavant." Pharaon va imposer une parole et un acte d'autorité, leur faisant travailler deux fois plus avec la paille sous les yeux. Au chapitre 5, verset 14, les commissaires des enfants d'Israël sont même battus par les inspecteurs de Pharaon. L'acte créateur de Dieu perturbe une organisation humaine. Plus tard, les plaies seront des actes grandioses qui renverseront la situation. Les derniers actes, comme la mer Rouge qui s'ouvre, sont des actes de puissance divine, des sium (acte créateur). Cinquième Objection : Le Doute sur sa Propre AptitudeLa cinquième objection de Moïse est : "Je t'en prie, envoie donc avec la main de qui tu enverras." Le mot hébreu shalash (envoyer) est utilisé. La colère du Seigneur s'enflamme. Ici, la question n'est plus "Qui suis-je ?", mais plutôt "Suis-je la bonne personne ? N'y a-t-il pas quelqu'un de plus apte que moi ?" Moïse souhaite se fondre dans la masse. L'acte de miséricorde de Dieu est alors de partager la mission de Moïse en deux, avec son frère Aaron. Moïse devra expliquer les choses à Aaron, dont le caractère est différent. Aaron finira par faire le veau d'or en suivant le peuple plutôt qu'en faisant confiance à Moïse. Moïse subira la "lourdeur" d'Aaron, même si Aaron est quelqu'un de joyeux par ailleurs. Mais c'est Aaron qui accomplira la plupart des prodiges et sera le porte-parole de Moïse devant Pharaon, récupérant ainsi une partie de la gloire. Les conséquences se manifestent par l'endurcissement de Pharaon, qui ne laisse pas partir le peuple, et par la main puissante de Dieu qui finira par le forcer à les laisser partir. Finalement, au chapitre 9, verset 27 de l'Exode, Pharaon lui-même envoie chercher Moïse et Aaron, les suppliant d'éloigner les plaies. L'envoi s'inverse, et le Cantique de Moïse à la fin célèbre la colère de Dieu qui a englouti les ennemis dans la Mer Rouge. Sixième Objection : La Souffrance dans la MissionLa sixième objection de Moïse est plus légitime : "Pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ?" Le peuple subit les conséquences des briques et du travail forcé. C'est un cri de souffrance, la croix au cœur du sujet : "J'ai rencontré ta croix, Jésus, et c'est dur." Moïse, qui avait accepté de suivre le Seigneur, se heurte aux hostilités, aux difficultés financières, et demande : "Pourquoi m'as-tu envoyé ? Je t'avais dit dès le départ qu'il fallait envoyer quelqu'un d'autre." Dieu va transformer ce "aller" en acte de puissance. Il va envoyer Moïse vers Pharaon avec l'ordre de s'imposer. La faiblesse de Moïse ("Pourquoi m'as-tu fait aller vers l'Égypte dans la souffrance ?") est transfigurée. L'homme de prière, qui reste connecté au Seigneur et crie sa détresse non pas dans le vide mais auprès de Dieu en adoration, reçoit une réponse. Le Seigneur lui dit : "Je vais t'envoyer vers Pharaon, et tu enverras tes prodiges. C'est toi qui feras ces actes de puissance. Cet envoi où tu m'as interrogé sur la souffrance, tu vas toi-même participer à ma royauté, à mes actes de puissance. Tu opèreras des guérisons, tu iras parler à l'évêque, au président, alors que tu n'es personne. Mais parce que tu as accepté de porter ma croix, je te donne une autorité, une mission plus forte que la simple discussion avec Pharaon." Septième Objection : Le Refus des AutresLe dernier argument de Moïse est : "Les fils d'Israël ne m'ont pas écouté, moi l'incirconcis des lèvres." Cette réplique, que l'on retrouve aux chapitres 6, versets 12 et 30, entrecoupée d'une généalogie, exprime la difficulté de se heurter au refus des autres. C'est une épreuve de se prendre un mur. Cela m'est arrivé récemment : j'ai reçu dans la prière l'ordre du Seigneur de dire quelque chose à quelqu'un, j'y suis allé, et je me suis heurté à un refus violent. Le prophète Jérémie a vécu une expérience similaire : il rappelle à Dieu comment le roi a déchiré et brûlé les rouleaux qu'ils avaient mis des heures à écrire. "Cela n'a servi à rien, Seigneur, pourquoi ?" Ce genre d'épreuve peut nous miner dans notre mission, lorsque Dieu nous demande des choses et que les gens restent inflexibles. Au départ, nous sommes peut-être de grands priants, courant vers le Seigneur, mais en pleine course, nous nous heurtons à ce mur. Le mot écouter revient constamment dans les appels répétés de Dieu à Pharaon, mais sans succès. Pharaon est un personnage biblique qui semble refuser la grâce jusqu'au bout, le type même de la personne qui finit en enfer. Il demande parfois des prières, mais par superstition, non par conversion intérieure, comme Judas qui retourne voir les prêtres sans véritable repentir. Pourtant, la grâce du Seigneur opère : à partir de la troisième plaie, les serviteurs écoutent. Les magiciens eux-mêmes reconnaissent "le doigt de Dieu". Progressivement, ils supplient Pharaon d'arrêter, réalisant les dégâts. Les Égyptiens qui ont écouté Moïse en rentrant leurs troupeaux ont été sauvés. Ainsi, se heurter à un mur avec Pharaon est une manière de convertir son entourage. Les "dommages collatéraux" de notre mission et de l'endurcissement de certains sont la conversion d'autres personnes, ce à quoi nous ne nous attendions pas forcément. Ces deux dernières objections de Moïse ne sont plus des refus de la mission, mais des plaintes liées aux difficultés rencontrées, signes que nous ne sommes pas encore des saints comme Jésus, qui a accepté sa mission sans broncher. Parfois, nous nous posons devant le Seigneur en disant : "Je crie vers toi, car j'ai des difficultés, des murs, des gens qui ne croient pas ou ne veulent pas, et c'est dur." Dans ces moments, les paroles du Seigneur sont des consolations et des exhortations. Les actes de justice ne sont plus contre le prophète lui-même, mais contre le monde extérieur qui a refusé la grâce. Le profil de Moïse correspond bien à une mission : les cinq premières difficultés sont les nôtres, et les deux dernières sont les obstacles classiques de tout prophète. Nous ne pouvons pas y échapper. Cela signifie que nous avançons lentement dans notre mission, mais nous avançons. Ces vrais obstacles surviennent quand nous prenons de la vitesse ou que nous avons été trop rapides sur certaines choses. |
Partie 4 : D’autres blocages dans notre vie spirituelle
Quelques blocages à partir d’enseignements de Chris Ndikumana et d’autres éléments trouvés dans la Parole de DIEU : d’oublier bienfaisance et libéralité, la rancune, le manque de prière, le manque de soumission aux autorités, ...
Je vais maintenant citer d'autres blocages que nous pouvons rencontrer dans notre vie spirituelle en général, non spécifiquement liés à la mission. Parfois, nous manquons de fécondité spirituelle à cause de ces obstacles. Je m'appuie ici sur un prêtre (ou laïc, il semble qu'il soit prêtre) du Burundi, Ndikoumana, dont j'apprécie les prêches. Il parle des blocages qui empêchent nos prières d'être exaucées.
- La bienfaisance et la libéralité comptées : Selon Hébreux 13:16, "N'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir." L'obstacle est de ne pas être constamment centré sur ce que l'on donne, de ne pas compter au compte-gouttes.
- Le don de soi et le pardon : "Donnez, il vous sera donné ; on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée, qui déborde, car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis." C'est un don plus large, le don de soi et l'amour pour les autres, notamment la manière dont nous jugeons ou aimons. Le Seigneur agit de même avec nous, devançant notre pardon. Quand je parle de don, je pense surtout au pardon et à la bonté d'âme pour nos frères, comme Marie-Madeleine qui, ayant beaucoup aimé, a été beaucoup pardonnée.
- Le manque de prière : Dans Actes 10:2, le centurion Corneille était un homme pieux qui craignait Dieu avec toute sa maison. Il faisait beaucoup d'aumônes et priait Dieu continuellement. Un ange lui fut envoyé, et l'Esprit Saint dit à un apôtre (peut-être Philippe) d'aller le voir car il priait tellement. Corneille lisait Isaïe sans les clés, et il fallait lui donner Jésus. Ce grand priant, proche de la foi juive mais agnostique, a attiré les dieux par sa prière confiante. Il faut donc prier suffisamment.
- Le respect des autorités : Le père Ndikoumana parle de l'autorité dans le couple, mais cela s'élargit à la vie spirituelle en général. Éphésiens 5:24 dit : "Or, de même que l'Église est soumise au Christ, les femmes aussi doivent se soumettre à leur mari en toute chose." Si une femme prie pour son mari mais ne se soumet pas à lui (sur des choses importantes, mais non vitales), sa prière peut ne pas être exaucée. Il en va de même pour le mari avec sa femme. C'est une véritable arme de dire : "Je n'ai pas envie de faire cela, mais je le ferai par amour pour toi," même si cela n'est pas exprimé oralement, mais offert à Dieu.
Cette obéissance spontanée a une grâce particulière, surtout quand le moment semble inopportun. Si nous sommes en train de faire autre chose et que nous nous interrompons pour obéir, il y a une grâce spéciale. Dans Luc 3:10-14, Jean-Baptiste répond aux foules qui demandent ce qu'il faut faire pour se convertir. Il dit aux collecteurs d'impôts de ne rien exiger de plus que ce qui est fixé, et aux militaires de ne faire ni violence ni tort et de se contenter de leur solde. À chaque profession, il est demandé d'être soumis aux autres et d'exercer son autorité de manière saine. C'est la vie spirituelle.
L'un des blocages dans la vie spirituelle, surtout aujourd'hui où la liberté est exacerbée, est de vouloir être "quelqu'un" en exerçant sa liberté et en n'obéissant pas. Savoir dire non aux mauvaises choses et défendre la vérité est important, mais il y a des situations où se soumettre à l'autorité a un grand pouvoir. Philippiens 2:12-15 dit que nous brillons comme les astres dans l'univers lorsque nous nous soumettons aux autorités. C'est un sujet délicat, mais obéir à un chef professionnel, ou à une demande d'un collaborateur, a une fécondité particulière.
Le pardon : Nous en avons parlé avec le "tablier secoué débordant". Matthieu 5:23-24 est très clair : "Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande." Les blocages que nous gardons contre nos frères, les rancœurs, sont un frein à la vie spirituelle. Ils engendrent de l'amertume et de mauvaises pensées. Le pardon est reçu du Seigneur. Si nous prions le Notre Père ou demandons au Seigneur de nous aider à pardonner, nous recevrons la force de le faire. Il nous demande de prendre la décision de pardonner, même si nous ne le ressentons pas immédiatement, car c'est trop fort pour nous. Jour après jour, nous avançons, et si notre rancœur se déplace vers quelqu'un d'autre, nous continuons.
Conclusion : Aimer la Croix et S'Abandonner à Dieu
Pour résumer, notre société actuelle ne nous aide pas à aimer la croix. Elle fuit la souffrance, le respect de l'autorité et le contact avec Dieu, cherchant à nous mettre de la paille devant les yeux à travers le bruit du monde, les médias, etc. Ces distractions nous entravent dans notre progression.
Ce qui peut nous aider est de réaliser que le Seigneur nous demande des choses que nous recevons dans la prière parce qu'Il est lui-même épuisé intérieurement, infiniment triste face aux personnes à visiter, aux gens dont il faut s'occuper. C'est pourquoi il nous envoie. Il nous donnera ce dont nous avons besoin sur notre route, y compris un lot de souffrance. Mais dans ces souffrances, nous pouvons revenir aux prières de Moïse ou de Jonas, ou à des psaumes comme le Psaume 130 ("Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux"), ou aux prières de saints comme Charles de Foucauld. Ces prières nous aident à dire : "Seigneur, que ta volonté soit faite. J'accueillerai cette mission que tu me donnes, et j'accueillerai aussi le fait que tu utilises ma souffrance pour porter du fruit." En accueillant ces souffrances, nous avançons aussi en sainteté.
Que le Seigneur mette cela en lumière.
MENU : TOUTES LES CONFÉRENCES PAR THÈME ^^^ |
||
Conférence précédente : LE NOM NOUVEAU <<< |
Conférence suivante : RECONNAÎTRE L'IVRAIE >>> |