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Za 4, 14 : "Ce sont les deux personnes désignées pour l'huile, celles qui se tiennent devant le Maître de toute la terre."

Toutes les conférences par thèmes

 
"Et moi, je dispose pour vous du Royaume,
comme mon PÈRE en a disposé pour moi." Lc 22, 29

 

Ces conférences audio de 1h30 environ, sont destinées à enrichir notre vie spirituelle sur des thèmes donnés, en suivant de préférence le parcours de personnages de la Bible. Elles sont accompagnées d'un plan détaillé et de documents pdf à télécharger. 
 

Fécondité spirituelle

Des conférences pour parfaire notre rapport intime avec DIEU.

♦ Le Nom nouveau

Comment Dieu nous révèle notre Nom nouveau : notre vocation céleste qui commence dès cette terre.

Nous suivons l’itinéraire de Moïse appelé par Dieu à 7 reprises sur le Sinaï : Ex 3, 6 à 7, 5.

Durée : 1h24

 

♦ Surmonter nos refus

Nous sommes tenté-e-s de repousser les appels que le Seigneur nous lance lorsqu’Il nous envoie en mission.

Moïse nous montre le mauvais exemple avec les 7 refus-types, les excuses pour ne pas obéir : Ex 3, 11 à Ex 6, 30.

Durée : 1h22

 

♦ Reconnaître l'ivraie

Comment s’y prend celui qui à notre insu sème les mauvaises graines dans notre vie, et comment évite t-on d’en manger sans nous en rendre compte ?

Moïse et Aaron nous enseignent à ce sujet, en évitant avec brio les embûches dressées par Pharaon : Ex 1, 8 à 14, 8.

Durée : 1h18

 

♦ La persécution

Pourquoi et comment un chrétien en vient-il à être persécuté pour sa foi ? Comment une personne devient-elle un persécuteur?

Nous suivons les itinéraires d’Abel et Caïn, de Jacob et Esaü, de David et Saül : Gn 4, 1-16 ; Gn 25 à 32 ; 1 S 13 à 19.

Durée : 1h30

 
 
 

Prêtres, Prophètes et Rois :
Comment sommes-nous Rois ?

♦ Exercer l'autorité

Comme le berger décrit dans le prophète Zacharie au chapitre 11, qui exerce miséricorde et justice. 2nde partie : sur les 10 plaies d'Egypte, appliquées aux mouvements de celui qui exerce l'autorité : Ex 7, 9 à 12, 30.

Durée : 1h25

 

♦ Chercher la brebis perdue

Comment tirer une personne d'une mauvaise passe, d'un péché, etc. Devenir comme le Christ un berger capable de ramener n'importe qui, en suivant Jn 10 et en étudiant une seconde fois les 10 plaie d'Egypte appliquées au berger qui juge ceux qui retenaient la brebis captive : Ex 7, 9 à 12, 30.

Durée : 1h50

 

 

Prêtres, Prophètes et Rois :
Comment sommes-nous Prophètes ?

♦ Etre Prophète

Dans les périodes précédant une venue de Dieu, Isaïe dit que notre SEIGNEUR suscite beaucoup de prophètes. Nous sommes sûrement de ceux-ci. Etude détaillée de ce que disent les Evangiles de Jean-Baptiste, notamment en Mt 3, 1-12.

Durée : 2h07

 

♦ Etre Prophétesse

Comment les femmes sont-elles prophétesses ? Après avoir retracé et synthétisé les différents traits que l'on trouve chez un prophète, nous suivons l'itinéraire de Myriam, soeur de Moïse, considérée par la Tradition Juive comme un personnage majeur dans le prophétisme.

Durée : 1h41

 
 
 

Prêtres, Prophètes et Rois :
Comment sommes-nous Prêtres ?

 

♦ Etre Prêtre

Cela semble curieux. Pourtant, l’histoire biblique nous montre que dans les début de l’humanité, le Sacerdoce était pratiqué de manière universelle, comme constituante naturelle de l'homme. Je suis donc prêtre ! C'est l'occasion de se pencher sur ce que dit la Bible sur les prêtres et en quoi cela nous intéresse.

Durée : 1h35

 

♦ Etre Prêtre 2 - bâtir des autels

Cette conférence fait suite à celle sur les rôles d’un prêtre, en l’approfondissant et en faisant un zoom sur cette capacité à « bâtir des autels », comme le faisaient Noé, Abraham, Jacob et la plupart des patriarches.

Durée : 1h42

 
 

Le Levain des Pharisiens :
Notre rôle de prêtre étudié en détail.

 

♦ Le Levain des Pharisiens

Que représente le « levain des pharisiens » dont notre SEIGNEUR JÉSUS demande de se méfier ? Et pourquoi tous ces passages d'Evangiles où l'on fait mention des Pharisiens ? Cette 1ère (et courte) conférence résume notre rôle de Prêtre et commente les passages où JÉSUS avertit ses disciples du danger du Levain des Pharisiens.

Durée : 33 min

 

♦ Le Levain des Pharisiens 2

Quand JÉSUS lui-même explicite le rôle d’un Saint Prêtre, dans les passages de Mt 23 et Lc 11 : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites !... », JÉSUS n’y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu’il parle des Pharisiens ! Toutefois, n’est-ce pas pour bien nous montrer en creux les immenses richesses que DIEU a mises dans leurs cœurs de prêtres ?

Durée : 1h05

 

♦ Le Levain des Pharisiens 3

Les 12 occasions que DIEU nous donne de récupérer des grâces du Sacerdoce lorsqu’un « donneur de leçons » nous tente.

Durée : 2h07

 
 

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Le Nom nouveau

 

"Je lui donnerai une pierre blanche,
et gravé sur la pierre un Nom nouveau." Ap 2, 17
 

Le nom, c'est ce que nous sommes, mais aussi notre vocation, c'est-à-dire la multitude de choses grandes et petites auxquelles nous sommes appelé-e-s et qui nous rendent profondément heureux.

Cette conférence cherche à montrer les voies dont le SEIGNEUR se sert afin de nous révéler ses appels, lors qu'Il nous révèle notre Nom nouveau, représenté notamment par un caillou blanc.
La trame suivie sera l’appel de Moïse où DIEU révèle à celui-ci sa vocation (son Nom nouveau), avant que celui-ci ne soit envoyé en Egypte pour une grande mission.

 

Durée : 1h24 1 ou 7 fichiers mp3

 

Introduction

Le Nom nouveau : qu’est-ce donc ? Ne représente t-il pas la vocation céleste que le SEIGNEUR nous réserve et qui commence dès cette terre ?

Ou les mauvais desseins des ennemis de DIEU sur une personne. 

La fécondité spirituelle à notre époque

Nous vivons actuellement une époque singulière, caractérisée, je crois, par une véritable famine spirituelle. Une parole de l'Ancien Testament l'illustre parfaitement : "Ce jour-là, on avancera d'une mer à l'autre parce qu'on aura soif de la Parole du Seigneur." Ce temps, c'est aujourd'hui. Nous faisons face à un assèchement spirituel, comparable à la plaie des sauterelles en Égypte, la huitième plaie, où ces insectes dévorent toute la végétation restante après les fléaux précédents. Cela signifie qu'après d'autres "cataclysmes" – que l'on peut associer à des événements historiques comme la Révolution française ou la loi de 1905, qui ont pu affaiblir les piliers de l'Église dans la vie des individus – le peu de spiritualité qui subsiste est aujourd'hui phagocyté, dévoré, mangé entièrement.

Notre monde actuel est rempli de distractions et de loisirs, laissant peu de place au silence et à l'intériorité. Il devient de plus en plus difficile de se nourrir spirituellement. Nous avons un besoin crucial d'un éclairage particulier, de "lumières" spécifiques, pour répondre aux questionnements de notre entourage. Trop souvent, les gens sont exposés à des émissions télévisées très bien produites, qui leur fournissent des arguments parfois plus étayés que les nôtres sur une multitude de sujets. Nous nous retrouvons alors démunis, ne sachant pas toujours comment réagir. Il me semble que la base, dans ce contexte, est de savoir comment cultiver notre fécondité spirituelle afin de progresser avec le Seigneur en cette époque particulière.

La fécondité spirituelle englobe plusieurs thèmes, et j'ai choisi aujourd'hui d'aborder plus spécifiquement la manière dont Dieu nous révèle notre vocation.

La vocation : un appel continu et personnel

La vocation ne se résume pas à un unique choix décisif dans notre existence, comme le conçoit parfois la mentalité moderne, où l'on pense qu'après un engagement majeur tel que le mariage, il n'y a plus de retour en arrière possible. En réalité, la vocation dépasse le cadre d'un instant précis ; elle se manifeste à travers tous les petits choix que nous faisons au quotidien. Il s'agit d'un appel divin constant, à l'image des bébés tortues qui, instinctivement, courent tous vers l'océan. Notre vocation spirituelle consiste à entendre cet appel de Dieu et à nous diriger résolument vers Lui, en évitant autant que possible les écueils.

Le nom dans la Bible et la vocation

Dans la Bible, il existe un lien profond entre la vocation et le nom, en particulier le nom nouveau que chacun de nous est appelé à recevoir personnellement. Je vous propose d'explorer ensemble ce concept du nom dans les Écritures. Nous examinerons ce que représente le nom, nous analyserons des exemples de noms nouveaux en parcourant des passages bibliques familiers, mais en les abordant sous l'angle de la manière dont Dieu révèle un nom à des personnages clés. Nous nous pencherons également sur un passage de l'Apocalypse qui évoque le nom nouveau et offre des clés de compréhension essentielles.

Prenons l'exemple de Samuel, qui met un certain temps à percevoir l'appel du Seigneur. Chaque fois, le prêtre Éli lui conseille de se recoucher, pensant qu'il a rêvé. Il faudra trois tentatives à Samuel pour recevoir les clés lui permettant d'entendre son nom nouveau, c'est-à-dire la direction que le Seigneur souhaite lui donner. Samuel était pourtant destiné à devenir un homme saint ; sa mère, stérile, avait prié avec ferveur et avait fait un vœu au Seigneur, promettant de lui consacrer l'enfant qu'elle lui donnerait.

La vocation de Moïse et les noms de Dieu

Je vous propose d'examiner un récit de vocation particulièrement détaillé, celui de Moïse, rarement étudié sous cet angle. Dieu lui répète à de multiples reprises son commandement de faire sortir le peuple d'Égypte. Ces répétitions, je crois, résonnent avec la nature même de nos vocations.

Enfin, nous aborderons une dernière partie consacrée aux noms de Dieu. Car lorsque Dieu nous révèle notre nom, il y a souvent un échange où Il nous révèle Son propre nom ou un nom particulier qu'Il porte. Cela nous permet d'entrer plus profondément dans la connaissance de Dieu, d'approfondir notre vie de foi. C'est comme un secret partagé, une amitié qui se tisse, à l'image de cette parole : "Je ne vous appelle plus mes serviteurs, mais mes amis."

En résumé, voici les cinq points que nous allons aborder :

  1. Le nom
  2. Exemples de noms nouveaux
  3. La lettre à Pergame dans l'Apocalypse
  4. La vocation de Moïse
  5. Les noms de Dieu

 

Partie 1 : Le Nom dans la Bible : le Nom nouveau

Le nom : lien avec la destinée et le groupe

Le nom, dans la Bible, est étroitement lié à la destinée. Recevoir son nom, c'est en quelque sorte recevoir un chemin unique et personnel, pour lequel nous sommes spécifiquement équipés. C'est un peu comme si, sur un sentier boueux, j'avais été pourvu de bottes par le Seigneur, tandis qu'Alexis, sur un chemin poussiéreux et long, aurait reçu des sandales adaptées. Chacun de nous a un chemin qui lui est propre, un chemin sur lequel il lui est plus aisé d'avancer vers Dieu et de s'épanouir pleinement dans sa vie spirituelle. Tout comme le bébé tortue perçoit progressivement l'humidité, le vent, et l'odeur de la mer à mesure qu'il s'en approche, ces signes l'incitant à accélérer sa course, le nom nouveau agit de même pour nous.

Le nom peut s'appliquer à une personne ou à un groupe. Dans la mentalité moderne, héritée du Siècle des Lumières, nous avons tendance à penser l'individu de manière isolée, en mettant l'accent sur le "je". C'est à l'opposé de, par exemple, la mentalité chinoise, où la notion de groupe prime et où l'individu tend à s'oublier. Je crois qu'il existe un équilibre à trouver entre ces deux extrêmes : ne penser qu'à soi, ou se considérer comme un membre d'un groupe plus vaste, qu'il s'agisse de la nation (la France), de la famille, de l'Église, d'un club sportif, etc. Le nom, en réalité, s'applique souvent à la fois à une personne et à un groupe.

Le nom nouveau : une mission en constante évolution

Le cœur de la vie chrétienne réside dans la découverte de notre nom nouveau, car ce nom est intrinsèquement lié à la mission que nous recevons du Seigneur. Cette mission se précise tout au long de notre vie, et ses modalités peuvent parfois sembler contradictoires. En effet, le Seigneur peut nous inspirer une action à un moment donné, puis nous demander l'inverse quelques années plus tard. Cette apparente contradiction ne doit pas nous faire oublié que le Seigneur nous fait croître continuellement dans la connaissance, la spiritualité et la prière. Ainsi, un changement de lieu de vie, l'arrêt d'un service ecclésial ou un ajustement dans notre couple peuvent correspondre à une relecture et un réajustement nécessaires pour être davantage en phase avec l'époque présente.

Le nom nouveau représente donc une course vers le Seigneur, un chemin de construction où de nouvelles pierres s'ajoutent à l'édifice de notre être, tandis que d'autres, incompatibles avec notre vie de prière ou nos penchants, sont écartées. Le Seigneur se sert de la Providence pour opérer ce "nettoyage" dans nos vies. Comme l'émondage opérée par le vigneron.

La vocation céleste et terrestre

Il est stimulant de considérer que le nom nouveau est en réalité la mission que nous recevons au Ciel. Au Ciel, nous ne serons pas inactifs ; nous continuerons d'agir. Nous avons l'exemple de Sainte Jeanne d'Arc, qui, même après sa mort, continue d'intercéder et d'inspirer de nombreuses personnes en France. De nombreux saints, comme Sainte Thérèse de Lisieux ou Marthe Robin, poursuivent leur mission céleste en inspirant des dévotions ou en aidant ceux qui les invoquent. Le saint, au Ciel, prend des décisions en accord avec le Seigneur pour agir sur Terre et s'épanouir pleinement dans cette mission.

Puisque le baptême nous fait entrer "un pied au Ciel" – c'est-à-dire qu'une partie de nous est déjà au Ciel, déjà sauvée – une autre partie de nous reste susceptible d'être éprouvée par le démon, qui cherche à nous arracher des choses. Je ne parle pas ici d'une damnation, mais plutôt du cas général où, par le baptême, nous sommes sauvés. Le démon, alors, s'attaquera à nous afin que notre vocation céleste soit "moins réussie", pour ainsi dire, parce que nous nous serions nous-mêmes abîmés.

Saint Paul explique que notre vie terrestre est comme un remboursement de ce que le Seigneur nous a donné. En réalité, il s'agit avant tout de nous préserver nous-mêmes afin d'avoir, une fois morts, un corps spirituel incroyablement sain. Plus nous grandissons en amour ici-bas, plus notre vocation sera spectaculaire au Ciel. Ce nom nouveau, connu de Dieu seul, révèle que notre vocation sur Terre est le prélude à celle que nous aurons au Ciel.

L'ennemi et la subversion du nom

Naturellement, l'ennemi est également à l'affût. Dans le livre de la Genèse (chapitre 41), nous voyons le Pharaon changer le nom de Joseph. Donner un nom à quelqu'un, ou le modifier, est une manière d'exercer une ascendance sur la personne. C'est pourquoi, dans certains contextes, cela peut être malsain. Alors que des parents, inspirés par Dieu et par la vocation particulière de leur enfant, donnent un nom avec bienveillance, il en va différemment lorsqu'une personne change délibérément le nom d'autrui. Cela s'apparente à une tentative de contrôle, de brider l'individu, de lui imposer une direction.

Un autre exemple se trouve dans le livre de Daniel. Lorsque le peuple de Juda est déporté, le roi Nabuchodonosor change les noms des jeunes gens Daniel, Ananias, Misaël et Azarias (qui deviennent Beltassar, Shadrac, Méshac et Abed-Nego). Ces jeunes gens, brillants et intelligents, sont intégrés à la cour royale, et le changement de leur nom est une manière d'affirmer son autorité, d'exercer un joug sur eux, et potentiellement d'obscurcir leur capacité à discerner leur nom nouveau, en se plaçant ainsi entre Dieu et la personne.

La portée du nom : entre pouvoir et destinée divine

Ce phénomène de changement de nom n'est pas isolé. Nous le retrouvons également dans le deuxième livre des Rois, où le Pharaon Néko, ayant pris le contrôle de Jérusalem, change le nom du roi Éliakim. Modifier le nom d'un roi, c'est exercer une autorité non seulement sur l'individu, mais aussi, par extension, sur l'ensemble du pays. C'est une manière d'imposer une nouvelle direction, voire une sujétion, par la force.

De même, le recensement du peuple par le roi, un péché grave commis par David (2 Samuel 12), illustre cette intrusion. En voulant connaître le nom de chaque individu, le roi empiète sur la connaissance divine des noms. Dieu seul connaît nos noms nouveaux, et cette ingérence s'apparente à une forme de sorcellerie, touchant à des domaines réservés au divin.

 

Partie 2 : Noms bibliques

La Bible regorge d'exemples de noms nouveaux qui révèlent une transformation profonde et une mission divine.

Abraham, dont le nom originel était Abram, signifie "le père est exalté". Cela évoque une figure sainte, admirée pour sa progression spirituelle. Dieu met alors Abraham à l'épreuve d'une manière inouïe : après des années de stérilité et l'attente d'un fils, il lui est demandé d'offrir Isaac en sacrifice, et de marcher plusieurs jours sans savoir sur quelle montagne l'acte devra être accompli. Abraham réussit cette épreuve avec succès, prouvant son détachement vis-à-vis de ce qui lui était le plus cher, sa descendance. En récompense, Dieu lui fait une promesse extraordinaire : il deviendra le père d'une multitude.

Le nom d'Abram se transforme alors en Abraham, avec l'ajout de la lettre hébraïque "Heh" (H), qui symbolise le souffle et la fécondité, à l'image d'une fenêtre ouverte dans notre cœur, laissant entrer la flèche d'amour divine. Des témoignages mystiques décrivent ces "petites flèches en or" de l'Esprit Saint qui touchent les cœurs et les illuminent de joie. Le nom d'Abraham, "père d'une multitude", exprime cette fécondité démultipliée. De la petite fécondité initiale, magnifiée par sa fidélité et son épreuve, il reçoit la promesse d'une descendance innombrable. C'est une illustration extraordinaire du lien entre l'épreuve, la foi et les grâces reçues. Jésus lui-même a dit : "Abraham a vu mon jour", suggérant une vision prophétique, peut-être une expérience spirituelle intense où il aurait contemplé la Croix. Abraham fut véritablement un géant de la foi.

Sa femme, Saraï, dont le nom signifie "ma princesse", est admirée par Abraham. Elle devient Sarah, "Princesse" de manière absolue, comme la Vierge Marie, mère d'une multitude. Ce nom nouveau souligne sa vocation à enfanter une multitude.

Nous avons également l'exemple de Simon, que Jésus rencontre près de son bateau. Jésus lui dit : "Ton nom sera Pierre." La pierre est un symbole puissant dans la Bible, évoquant à la fois la contradiction, la solidité et le fondement. Lorsque Jésus s'adresse à Pierre en lui disant : "Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela...", il l'appelle par son ancien nom, soulignant sa condition humaine de base, que Dieu élève et à laquelle il révèle des vérités divines. Cette révélation d'une partie de son nom à toute l'Église constitue un exemple de vocation où Dieu change le nom, et Pierre devient alors le chef de l'Église universelle.

Le renoncement pour une paternité spirituelle : l'exemple de Pierre

Ce lien entre le renoncement et une paternité spirituelle se retrouve dans les visions de Maria Valtorta, une mystique italienne de l'époque de la seconde guerre mondiale, qui a eu la grâce de contempler des passages de l'Évangile. On y voit Pierre, attristé par son désir d'avoir des enfants, taquiner Jésus à ce sujet. Jésus lui répond alors qu'il est appelé à une vocation bien plus sainte. Pour Pierre, le renoncement à une paternité charnelle fut une véritable épreuve. Pourtant, Jésus lui a offert une paternité immense : celle d'être le père de toute l'Église.

Nous retrouvons ici une similitude avec l'épreuve d'Abraham. Le Seigneur demande un sacrifice, mais offre en retour des grâces extraordinaires, incompréhensibles sans le regard de la foi. C'est un don immense, même si à court terme, il peut sembler aride de ne pas avoir d'enfant de deux ans à prendre dans ses bras. Ainsi, Simon-Pierre incarne un puissant symbole du nom nouveau.

La Vierge Marie et son nom nouveau à l'Annonciation

L'exemple de la Vierge Marie est également d'une grande beauté. Lors de l'Annonciation, l'ange Gabriel lui adresse les mots : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." (Lc 1, 28) Marie, imprégnée de la Parole de Dieu, fut troublée par ces paroles, un trouble d'ordre spirituel. L'expression "réjouis-toi" est rare dans la Bible et renvoie à des textes précis de l'Ancien Testament.

Elle est notamment liée à Zacharie (chapitre 9), où il est dit : "Réjouis-toi, fille de Sion, car ton sauveur vient vers toi, humble et monté sur un âne, sur le petit d'une ânesse." Ce texte, lu lors du Dimanche des Rameaux, évoque l'arrivée du Messie, humble et monté sur un âne. Ainsi, dès le "réjouis-toi", Marie discerne dans l'appel à sa vocation la venue imminente d'un Messie humble.

On retrouve également ce "réjouis-toi" dans le prophète Sophonie (chapitre 3). Ce petit prophète dresse un tableau sombre de la situation d'Israël, marqué par les persécutions et l'oppression, à l'image de l'époque de Jésus sous la domination romaine, ou de notre époque où une laïcité, se voulant tolérante, nous empêche parfois d'exprimer notre foi. À la fin du livre de Sophonie, on lit : "Réjouis-toi, fille de Jérusalem, car je vais te délivrer en tant que peuple." Le "réjouis-toi" de l'ange donne donc à la Vierge Marie une clé, un nom nouveau. Elle est choisie pour mettre fin à l'oppression du peuple d'Israël, afin qu'un flot de grâces l'inonde et que, par elle, le peuple tout entier soit racheté.

Dans Isaïe (chapitre 7), il est écrit : "Voici que la Vierge est enceinte et elle concevra." En raison du lien entre l'Annonciation et ce texte, la Vierge Marie, dans son trouble spirituel, a certainement perçu la puissance des paroles de l'ange comme un concentré de toutes les références de l'Ancien Testament qu'elle avait méditées pendant des années. L'ange lui dit "Voici que la jeune fille vierge est enceinte", soulignant sa virginité. C'est pourquoi elle s'interroge : "Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais point d'homme ?" Il y a là un nom nouveau : "la jeune fille vierge", celle qui, par un choix radical de virginité pour le Royaume des Cieux et pour se donner entièrement à la communauté juive, au peuple d'Israël, va porter un fruit extraordinaire.

Enfin, je pense au quatrième texte, celui de Michée 5 : "Bethléem Éphrata, tu n'es certes pas le plus petit des clans de Juda, car de toi sortira celle qui doit enfanter." Cette "celle qui doit enfanter" (en hébreu, yoleda) est un nom en soi. C'est celle qui est venue au monde avec la mission d'enfanter. On pense spontanément à Jésus, mais dans le Magnificat, la suite est donnée : "Toutes les générations te diront bienheureuse." En entendant cela, Marie a peut-être compris, pas forcément immédiatement, que toutes les personnes de l'humanité seraient enfantées en elle, par la grâce de la Sainte Trinité qui lui déléguerait cette part de leur puissance créatrice.

La vocation de Marie : Mère de l'Église et partage du règne divin

Les visions de Maria Valtorta nous révèlent des passages émouvants où l'on perçoit la tristesse de Pierre à ne pas avoir d'enfants. Jésus, avec une douce taquinerie, lui assure qu'il est appelé à une vocation bien plus sainte. Le renoncement de Pierre à une paternité charnelle, bien que difficile, lui a permis d'embrasser une paternité immense : celle d'être le père de l'Église entière. Ce sacrifice apparent trouve sa juste mesure dans la foi, car le Seigneur lui offre déjà sur terre une grâce extraordinaire, comme ce fut le cas pour Abraham.

La Vierge Marie incarne un autre exemple magnifique de nom nouveau. L'Annonciation est un moment clé où, par les paroles de l'ange Gabriel – "Réjouis-toi, comblée de grâce" – un nom nouveau lui est donné. Marie, imprégnée de la Parole de Dieu, perçoit le sens profond de ce "réjouis-toi", qui renvoie à des prophéties de l'Ancien Testament. Luc, dans son Évangile, fait sciemment écho au Deuxième Livre de Samuel (chapitre 7), où le prophète Nathan annonce à David que ce n'est pas lui qui construira un temple à Dieu, mais un descendant issu de lui. Les mots "royaume", "sera grand" et "mon trône" sont repris pour souligner que le Royaume de Dieu trouve son origine dans le sein de la Vierge Marie. Sa vocation est immense, car elle est choisie pour mettre fin à l'oppression du peuple d'Israël, devenant ainsi la source d'un flot de grâces qui rachètera l'humanité.

La grandeur sous-estimée de Saint Joseph et le rôle des dogmes

Nous sous-estimons souvent la grandeur de Saint Joseph. Si vous aspirez à la sainteté, priez Saint Joseph, car il est d'une aide précieuse. Bien qu'aucun dogme n'ait encore été promulgué à son sujet, de nombreux théologiens et personnes priantes estiment que Saint Joseph est déjà ressuscité. On dit même que le Père céleste lui a délégué le rôle de canaliser toute sa paternité. Il est comme un intermédiaire par lequel le Père, le Fils et le Saint-Esprit passent. Ces trois personnes humaines – Jésus, Marie et Joseph – ont une vocation spécifique pour aider l'humanité à comprendre le mystère de la Sainte Trinité.

Les dogmes promulgués par l'Église sont essentiels dans la compréhension du nom nouveau de Jésus, Marie et Joseph. Quand nous proclamons "Marie, Mère de l'Église", nous honorons non seulement la Vierge Marie, mais nous reconnaissons publiquement son nom et sa mission. Plus nous y pensons, plus nous le célébrons, plus nous reconnaissons publiquement Marie comme Mère de l'Église, plus nous donnons de la force à la Vierge Marie. C'est comme si cela venait déployer pleinement sa vocation maternelle sur Terre. Les dogmes donnés par l'Église, qu'ils soient liés à Jésus, Marie, Joseph, ou à d'autres saints, révèlent des "noms mystérieux" que nous pouvons invoquer dans la prière car ils possèdent une puissance particulière. Par exemple, chaque fois que je dis avec foi "Marie, Mère de l'Église", c'est comme si je plaçais l'Église sous sa protection, ou comme si je contribuais à ce que les chrétiens, de manière générale, saisissent mieux le mystère de la Vierge Marie pour leur propre vie de foi. C'est tout un processus qui se met en place.

Les noms des peuples dans la Bible : l'exemple d'Israël

Au-delà des noms individuels, la Bible révèle aussi des noms liés à un peuple. On trouve des exemples poignants dans le livre d'Osée, où Dieu s'adresse à Israël en disant : "Je t'appellerai Non-aimé." Cela exprime un moment où le Seigneur est éloigné de son peuple, le laissant à ses propres dérives. Puis viennent les promesses d'Isaïe : "Je t'appellerai Jérusalem pardonné, ville de justice, cité fidèle, ville désirée par Yahvé, mon plaisir en elle." Chaque nom est comme une caresse divine qui insuffle la vie à un peuple qui, par ses péchés, ne mériterait pas d'être sauvé.

Si l'on regarde le mot Israël en hébreu, on peut y déceler des significations profondes. La première lettre du mot Israël est un Yod. Le Yod désigne la paternité dans la faiblesse, à l'image d'un père plein de miséricorde. C'est le père de la parabole de Luc (chapitre 15) qui accueille son fils prodigue à bras ouverts, l'interrompant dans ses vaines excuses pour lui dire : "Non, je te pardonne, je t'aime, et nous allons célébrer. Je te rends l'habit de sainteté, ainsi que l'anneau pour que tu retrouves ton autorité au sein de la famille." Il accueille son fils repentant avec une tendresse inconditionnelle, interrompant ses justifications maladroites pour lui signifier son pardon et son amour.

Dans le Yod, nous pouvons discerner le peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, un peuple dont la vocation était de manifester le Père, de révéler sa justice. C'est un peuple parfois "borné" dans son obéissance aux commandements divins – observer le shabbat, respecter les interdits alimentaires – non par rigidité, mais pour être un signe de la présence paternelle, même dans sa fragilité et sa petitesse. Le peuple juif, humble et souvent pauvre, portait en lui cette image d'une paternité divine miséricordieuse.

Le Shin et le Resh : De l'accomplissement apostolique à la royauté des chrétiens

La lettre suivante dans Israël est le Shin (S), qui représente l'accomplissement absolu. On peut y voir l'accomplissement de la promesse divine dans le collège apostolique restreint des douze apôtres, au temps de Jésus. Il y a eu un transfert du peuple de Dieu : d'un peuple dont la vocation était de révéler une facette de Dieu, à un second peuple dont la mission est de révéler une autre facette, celle de l'envoi de Son Fils, Jésus. C'est un accomplissement qui s'est déroulé durant les trois années de la vie publique du Christ.

Enfin, le Resh (R), qui symbolise la royauté, nous renvoie à la royauté des chrétiens d'aujourd'hui. Par le baptême, nous sommes unis au nom de Jésus et, comme je l'ai mentionné, nous sommes déjà sauvés. Notre temps sur terre n'est donc pas consacré à obtenir le salut – nous l'avons déjà reçu – à moins que nous ne nous éloignions délibérément de Dieu. L'enfer n'est pas le fruit d'une simple erreur, mais d'un choix conscient et définitif de désespérance ou de haine, préférées à l'espérance et à l'amour.

Ainsi, nous sommes rachetés par le baptême et passons notre temps sur terre à "rendre" au Seigneur, en partageant sa royauté. Nous avons tous la capacité d'exercer cette royauté avec Lui. Cette royauté s'exerce notamment par la prière. Nous avons le pouvoir d'intervenir n'importe où, pour n'importe qui. Si je prie avec foi pour quelqu'un qui souffre, le Seigneur peut opérer des miracles dans la vie de cette personne. En participant à la messe et en communiant, nous contribuons à l'avènement du Royaume de Dieu sur Terre. Il y a une force extraordinaire dans les sacrements, une véritable fécondité, un règne. Le Christ partage tout avec nous, comme le dit Paul : "Je suis tout en tous."

L'héritage infini du Père et la royauté partagée

C'est ce que le fils aîné de la parabole du fils prodigue n'a pas compris. Il craignait que le retour de son frère cadet ne divise l'héritage en deux. Or, l'héritage du Père est infini. Le Père, en réintégrant le fils cadet, ne divise pas son bien en moitiés. Il lui restitue "sa part", non pas une portion limitée, mais une "dose d'amour" que chaque enfant reçoit et qui lui permet d'exercer une royauté particulière sur l'humanité.

Si je m'abandonne au Seigneur et que ma prière a une efficacité particulière, je suis comme un enfant devant Lui. En priant, je peux en Christ sauver des personnes, les empêcher de sombrer dans le désespoir en les aidant à porter leur fardeau. En communiant, je peux transformer l'Église. Le fils aîné n'a pas saisi que cette royauté, cet héritage, était accessible à tous. Le service que je rends, par exemple sur ma paroisse, ne m'appartient pas ; il appartient à chacun. Si un autre service organise une soirée de miséricorde, cette soirée est à nous tous. En tant que paroissiens, nous pouvons nous réjouir et nous approprier toutes les grâces qui en découlent. Il y a un partage non seulement des grâces, mais aussi des faiblesses, et le Seigneur nous équipe pour y faire face.

La troisième lettre d'Israël : De l'apostolat à l'Église universelle

La troisième lettre du peuple d'Israël symbolise un nouveau transfert, celui du Collège Apostolique vers l'Église entière, désormais ouverte aux Gentils, c'est-à-dire à nous qui ne sommes pas nécessairement Juifs de souche.

 

Partie 3 : Lettre à Pergame

Ap 2, 12-17

L'Apocalypse : Révélation des révélations et clé de lecture ecclésiale

Nous abordons maintenant l'Apocalypse, un texte d'une profondeur extraordinaire. Si la Bible est la Révélation par excellence, avec Jésus comme clé de lecture universelle – tout s'y ramène à Lui (par exemple le peuple hébreu sortant d'Égypte et traversant la mer évoque Jésus qui, par le baptême, nous fait traverser l'épreuve et la mort) –, l'Apocalypse est la révélation des révélations. C'est un secret réservé à ceux qui sont les plus profondément greffés sur l'Église. Certaines de ses parties, notamment les plus cruciales, peuvent échapper à ceux qui, étant chrétiens mais non spécifiquement catholiques, n'ont pas cette connexion avec le Pape et la Vierge Marie.

L'Apocalypse est un texte que nous recevons en tant qu'Église, et qui nous permet de comprendre les temps présents, d'éclairer le passé et d'entrevoir l'avenir. Une onction particulière repose sur ce livre. Il est essentiel de noter qu'il existe de multiples interprétations qui se superposent ; il ne faut donc jamais considérer une seule interprétation comme absolue et exclusive.

Les lettres aux sept Églises : un itinéraire spirituel

Nous nous situons dans les lettres aux sept Églises d'Asie Mineure. L'apôtre Jean, très âgé et exilé sur l'île de Patmos à la fin de sa vie, les a écrites pour donner des directives spirituelles. Ces directives avaient probablement une application concrète à l'époque, que nous avons en partie perdue. Une lecture littérale permet de comprendre les reproches (tiédeur, etc.) et les spécificités de chaque ville (foi, ferveur, etc.) Mais cette lecture littérale est avant tout une porte d'entrée pour une interprétation plus profonde.

Une des interprétations majeures de ces sept lettres est leur application aux sept étapes de l'itinéraire de l'âme vers Dieu. Sainte Thérèse d'Avila en parle dans son œuvre "Le Château Intérieur", qui explore la vie spirituelle comme une spirale concentrique nous menant progressivement vers Dieu.

Nous en sommes à la troisième étape. La première consiste à nous débarrasser des entraves à notre vie spirituelle. La deuxième est de résister aux combats de l'adversaire qui cherche à nous décourager. La troisième, que nous abordons, est celle où nous recevons notre nom nouveau.

Le message à l'Église de Pergame : discernement et fidélité

L'ange de l'Église de Pergame reçoit ce message : "Ainsi parle celui qui a le glaive acéré à deux tranchants." C'est Jésus, dans sa gloire, dont la parole est un glaive qui sort de sa bouche, nous permettant de discerner le bien du mal et de faire avancer le règne de Dieu.

"Je sais où tu habites : c'est là que Satan a son trône." Cela fait référence à la ville de Pergame, connue pour une école ésotérique qui pervertissait et éloignait de la foi. Pour nous, cela peut s'appliquer à notre intelligence, où coexistent la lumière de Dieu et notre orgueil, qui nous pousse parfois à mal utiliser notre esprit.

"Mais tu tiens ferme à mon nom et tu n'as pas renié ma foi." "Tenir ferme à mon nom" signifie s'efforcer de progresser dans la compréhension de qui est Dieu, en accueillant les noms qu'Il nous révèle. "Mais j'ai quelque chose contre toi : tu as des gens qui tiennent ferme à la doctrine de Balaam, celui qui enseignait à Balac comment faire trébucher les fils d'Israël." Ceci désigne ceux qui mettent leur intelligence au service de l'ennemi pour nous pervertir, nous égarer et nous détourner du chemin qui mène à Dieu.

"Convertis-toi donc ! Sinon, je viendrai à toi sans tarder, et je les combattrai avec le glaive de ma bouche. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée [le pain du ciel que les Hébreux reçurent dans le désert], et je lui donnerai un caillou blanc sur lequel est inscrit un nom nouveau que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit."

Ce passage est capital : seul Dieu connaît notre nom nouveau, et nous-mêmes, progressivement, nous en percevons les "syllabes", nous commençons à le discerner. Il reprend le schéma de notre progression spirituelle : en avançant dans la compréhension de Dieu par les noms qu'Il révèle à notre cœur et à notre intelligence, le Seigneur nous rétribue dès cette terre au centuple, en nous révélant notre nom nouveau, c'est-à-dire notre vocation.

Le nom et la vocation : un chemin vers le surnaturel

Nous discernons le nom, puis nous en acquérons une compréhension plus profonde, celle de notre vocation propre. Sainte Thérèse d'Avila affirme que la prière est l'horizon qui permet d'entrer dans ce "château intérieur", et la lettre à Pergame correspond à la troisième demeure. En substance, après avoir franchi les deux premières portes, l'âme rencontre de grandes sécheresses et des épreuves intérieures intolérables. Elle ne peut avancer qu'en puisant l'humilité et la paix de Dieu à travers ces difficultés. Plus elle aimera, sera dans l'action de grâce, s'exercera à une prompte obéissance, et fera peu cas de sa volonté propre, plus vite elle cessera de subir ces lourdes épreuves et deviendra apte à vivre les choses surnaturelles des demeures suivantes.

Le nom nouveau est lié à la capacité de vivre des choses surnaturelles, d'exercer notre vocation de chrétien d'une manière qui dépasse le cadre habituel. Par exemple, nous pourrions recevoir une inspiration pour créer un projet révolutionnaire pour notre paroisse, doté d'une fécondité particulière. C'est un nom nouveau qui nous est adressé, précédé d'une sécheresse. Cette sécheresse, ce "désert" de la prière où l'on a l'impression de se perdre dans nos propres pensées pendant vingt minutes d'oraison quotidienne, n'est pas vaine. Le Deutéronome nous dit que le Seigneur conduit son peuple dans le désert, "dans ce pays peuplé de hurlements sauvages" (Dt 32, 10). Cela peut symboliser notre propre esprit, rempli de nos soucis quotidiens, de nos difficultés, de nos émotions, de l'impact de nos expériences – même de films violents. C'est pourtant dans ce désert que le Seigneur révèle son nom et nous révèle le nôtre.

Les lettres aux sept Églises : une interprétation temporelle

Une autre interprétation des lettres aux sept Églises, peut-être moins centrale mais que je trouve pertinente, est leur description d'un fil rouge spirituel se déroulant à travers différentes périodes du temps. Le Seigneur a un plan d'amour pour ces sept périodes, que l'on retrouve dans l'Ancien Testament, dans la vie de Jésus, et dans notre époque. La connexion est souvent frappante.

Prenons l'exemple de la lettre à Pergame : elle correspond au séjour du peuple hébreu au désert, puis aux périodes de Josué et des Juges. C'est la période où le peuple, sorti d'Égypte, s'installe progressivement en Canaan, restant petit et pauvre. Il s'éloigne de Dieu, qui suscite alors des figures comme Samson ou Débora pour le délivrer, à l'image de Jeanne d'Arc chassant les Anglais de France. C'est au désert que le peuple reçoit la manne, les cailles, et l'eau vive du rocher. C'est là aussi que Moïse reçoit la Torah au Sinaï. La lettre mentionne la manne, le glaive de la bouche du Christ ("je viendrai à toi sans tarder avec le glaive de ma bouche je les combattrai"). Les Dix Commandements sont comme ce glaive qui éclaire ce qui peut nous aider à avancer vers Dieu.

C'est aussi durant cette période que le peuple est tenté par la lassitude dans le désert. La lassitude est le premier péché, qui mène à la critique, puis à des actes plus graves comme l'adoration du Veau d'or. La lettre à Pergame fait mention de Balaam le devin, qui, ne pouvant maudire Israël, envoie de belles jeunes femmes pour séduire le peuple. C'est l'intelligence mal utilisée, qui détourne même la beauté des femmes – un don extraordinaire – pour pervertir l'humanité. L'objectif est d'utiliser ce qu'il y a de plus beau sur Terre pour la pervertir au maximum. Des psaumes des fils de Coré ont également été écrits à cette époque.

La troisième période de la vie de Jésus : le désert et le glaive de la Parole

Si l'on observe la vie de Jésus, la troisième période est celle de sa préparation au désert avant sa vie publique. Il y forge durement son corps d'homme, y "aiguise son épée". Il nous montre comment aiguiser la nôtre : dans le "désert de l'oraison", en s'imprégnant de la Parole de Dieu et en se tournant vers Lui, nos paroles peuvent être davantage inspirées par le Seigneur. Elles acquièrent alors un effet tranchant, un pouvoir purificateur pour notre entourage. On retrouve ici l'image du glaive.

Le combat spirituel : l'exemple de Jésus et de ses disciples

La capacité à aiguiser notre épée spirituelle nous permet de combattre les mauvaises pensées et les tentations du démon. Bien que Jésus n'en ait pas eu intrinsèquement besoin, en s'étant fait homme, il a voulu nous montrer comment mener le combat spirituel, particulièrement durant les périodes de désert. Par la suite, il a appelé ses disciples, donnant un nom nouveau à certains, comme Pierre, et sans doute à d'autres de manière moins explicitement rapportée.

Jean, l'apôtre bien-aimé, reçoit lui aussi un nom nouveau. L'analyse de son nom en hébreu, avec un subtil changement de lettre, révèle à quel point cet amoureux de Jésus est devenu semblable à son Maître, précurseur des contemplatifs qui, par une contemplation intense de Jésus, deviennent d'autres Christ.

Dans cette période, Jésus se révèle à Nicodème et à la Samaritaine. Il se présente comme la véritable manne, affirmant que nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, et qu'il donnera l'eau vive. Il se positionne en opposition aux doctrines des Pharisiens, des Zélotes, des Saducéens, que l'on peut comparer aux doctrines de Balaam. Tous ces éléments se retrouvent dont bien de manière frappante dans la vie de Jésus. Il est stupéfiant de voir à quel point Jésus s'est abaissé à vivre intentionnellement d'une manière qui respectait les périodes que le Père, de toute éternité, avait proposées aux hommes. Cela permet aux hommes de comprendre le monde dans lequel ils vivent et la sensibilité particulière de chaque époque donnée. 

L'âge des Pères de l'Église : intelligence illuminée et combat des hérésies

Lors de notre ère, il s'est produit ce que l'on pourrait appeler l'âge des Pères de l'Église. Ce sont des figures qui ont su concilier une vie de prière intense, souvent vécue dans le désert, avec une prédication féconde. À cette époque, l'intelligence de l'Église est illuminée, ce qui évoque le glaive à deux tranchants de la Parole de Dieu. Ces deux tranchants peuvent aussi symboliser les écoles d'Orient et d'Occident, avec leurs Pères de l'Église respectifs.

La doctrine des Nicolaïtes, mentionnée dans l'Apocalypse, est en droite ligne des "mauvais fruits" évoqués précédemment (incestes, adultères). Ce sont les hérésies combattues par les Pères. Dans la Bible, la prostitution symbolise souvent l'alliance avec l'ennemi, le fait de suivre de mauvaises inspirations. À cette époque, l'Église était moins soumise aux persécutions directes, mais elle faisait face à de nombreuses hérésies. C'est durant cette période que sont rédigés les canons, c'est-à-dire les textes fondamentaux de référence qui nous servent encore aujourd'hui à combattre ces hérésies. C'est également à cette période que les hérésies s'accentuent, donnant finalement naissance à l'islam, qui nie la divinité du Christ et sa mort sur la Croix.

Il est important de souligner qu'un musulman peut devenir un grand saint, car Dieu agit par tous les moyens, y compris par le Coran. Cependant, l'islam en tant que système nie une partie de l'essence de Dieu. Jésus est Dieu, et Il est mort sur la Croix, tandis que l'islam affirme qu'une autre personne a été substituée à Jésus sur la croix. D'un point de vue strictement historique, il est regrettable de nier la faiblesse de l'Église, qui est le Christ lui-même s'étant fait le plus faible. Nier la mort du Christ sur la Croix, n'est-ce pas aussi triste que de nier la Shoah, comme si on cherchait à nier une blessure profonde ?

Le bénéfice du désert et la troisième création

En résumé, cette troisième période – que ce soit dans l'Ancien Testament avec le peuple hébreu au désert, à l'époque de Jésus dans son désert personnel, ou durant l'ère des Pères de l'Église – nous montre le bénéfice du temps du désert. C'est une période où l'intelligence et le cœur sont fortifiés pour recevoir notre nom nouveau et la mission propre que le Seigneur veut nous confier.

Cela correspond également à la troisième création de Dieu dans la Genèse, où Dieu sépare la terre des eaux pour les rassembler en un même lieu. On retrouve ces sept moments à travers toute la Bible. C'est une période où les arbres et les fruits sont créés, signe d'une fécondité extraordinaire. Comme il est dit : "Le troisième jour, Dieu créa tous les arbres, tous les fruits, toutes les espèces." C'est une période d'une fécondité prodigieuse.

Les fruits inépuisables de la Parole et les Pères de l'Église

Les fruits de cette période sont inépuisables : nous avons les commandements, et à l'époque de Jésus, le Sermon sur la montagne, véritable traité pour la vie chrétienne. Sa lecture seule est d'une immense profondeur. Puis viennent les écrits des Pères de l'Église, qui sont comme une sortie du Seigneur de sa demeure sainte pour venir habiter parmi son peuple. Je vous invite à explorer ces textes.

 

Partie 4 : les 7 appels de Moïse

Présentation du passage Ex 3, 6 à 7, 5.

 

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Moïse : Le prototype de la vocation et les étapes de la purification

Examinons maintenant comment cela se met en application chez cet homme extraordinaire qu'est Moïse, décrit comme l'homme le plus humble que la terre ait porté (Nb 12, 3). Le livre de l'Exode offre des dialogues très détaillés entre Dieu et Moïse, faisant de ce dernier le prototype de celui qui cherche à avancer vers Dieu et qui reçoit un nom nouveau.

Nous retrouvons chez Moïse les deux premières demeures décrites par Sainte Thérèse d'Avila. La première demeure consiste à se détacher des mauvaises choses. Moïse grandit en Égypte, occupant une position de pouvoir considérable. Puis il commet un acte regrettable : il tue un Égyptien. Cet acte restera une source de douleur pour lui, je l'imagine, un peu comme pour Saint Paul qui a persécuté les chrétiens. Toute sa vie, cela va exalter son humilité, le faisant se considérer comme le "dernier des derniers", ce qui l'aidera peut-être à sortir de sa torpeur.

Il doit fuir dans le désert, se débarrassant de tout ce qui l'entravait. Il se réfugie au pays de Madian, où il défend une bergère et ses troupeaux, se marie, et y reste quarante ans. Nous retrouvons ici le chiffre quarante, symbole de purification, le temps du carême spirituel, cette étape nécessaire de faiblesse et de désert spirituel pour pouvoir recevoir notre nom nouveau. C'est là qu'il vit l'épisode du Buisson Ardent, où Dieu se manifesta à lui.

L'écoute de Dieu et la révélation progressive du nom nouveau

J'ai divisé les dialogues entre Dieu et Moïse en quatre grandes parties. Je me suis interrogé : Moïse entendait-il réellement la voix de Dieu ? Il est difficile de répondre, mais je pense qu'à force de croître en sainteté, il a pu, à la fin, voir Dieu face à face ou presque. Cependant, il est possible qu'il n'ait pas entendu des paroles humaines, mais plutôt des locutions intérieures, des inspirations reçues progressivement dans la prière.

Un peu comme nous, dans la prière, nous nous disons : "Je crois que Dieu m'a demandé cela." Le lendemain, nous prions, nous faisons l'adoration, le chapelet, nous nous confessons, un frère ou une sœur nous dit quelque chose. C'est comme s'il y avait des couches successives qui dégageaient le sable sur notre nom nouveau, nous permettant de le percevoir de plus en plus clairement. Peu importe qu'il ait entendu la voix de Dieu ou non. Mais cela m'aide de penser que, peut-être, il a lui-même eu du mal à comprendre : "Que me dis-tu ? Que me demandes-tu ?" Puis, évidemment, lorsque la tradition orale s'est établie et qu'ils ont fixé définitivement ce que Moïse avait reçu, l'Esprit Saint lui a certainement rappelé très exactement ce qui lui avait été dit, comme pour Saint Jean et les évangélistes. Mais au départ, je ne sais pas. Au vu du nombre de fois où Dieu lui parle pour lui dire la même chose à peu de choses près, je me dis que cela a peut-être été plus douloureux qu'on ne l'imagine. Sinon, Dieu ne l'aurait pas dit une seule fois ? Ou peut-être était-ce pour "décrasser" en plusieurs fois les Hébreux des mauvaises moeurs égyptiennes...

La répétition divine et la vocation des disciples à Gethsémani

Je voulais souligner cette répétition. Jésus demande trois fois à Pierre s'il l'aime. Samuel est appelé trois fois. Le fait de demander trois fois semble être un signe que Dieu nous demande quelque chose et qu'il le répète pour s'assurer que nous avons bien entendu. La première fois, nous avons pu faire la sourde oreille, la deuxième aussi, mais la troisième fois, l'insistance est telle qu'il nous est impossible de ne pas entendre. Et c'est également un élément de discernement, d'attendre la répétition pour s'assurer que cela vient bien du Seigneur.

Il y aussi les trois disciples recevant un nom nouveau à Gethsémani, lorsque Jésus leur demande trois fois de prier et de veiller. C'est comme si Dieu leur disait : "Les gars, vous avez une vocation : me soutenir, soutenir l'Église. Une grande épreuve va vous arriver, et si vous voulez être à la hauteur, être des membres vivants de mon corps qui portent l'Église avec moi, il vous faudra jeûner, veiller, et vous soumettre à cette épreuve. Il vous faudra faire plus d'efforts que d'habitude pour traverser cette épreuve sans tomber." Ils auraient eu la capacité de ne pas tomber, car Jésus leur aurait donné cette capacit s'ils avaient pris au sérieux l'exhortation à veiller à Gethsémani. Il semble plausible qu'ils auraient dès lors su rester au pied de la Croix tout du long et, peut-être même, répondre aux soldats : "Oui, je suis un disciple de Jésus, alors fichez-moi la paix."

La scène du reniement de Pierre, qui reniera Jésus trois fois, est un exemple d'anti-vocation. Comme s'il avait besoin d'une phase de régression, afin, ensuite, de pouvoir à nouveau avancer.

Revenons à Moïse. J'ai pris plaisir à colorier les différents thèmes qui se répètent à chaque fois que Dieu lui parle.

La révélation de Dieu à Moïse : Le Dieu de nos pères

Dans Exode 3,6, Dieu se révèle à Moïse en disant : "Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob." C'est une manière pour Dieu de se faire connaître, de se rendre familier. Il utilise un élément que Moïse connaît, comme Jésus le fera avec les disciples d'Emmaüs, en leur parlant des Écritures qu'ils connaissent par cœur, et en leur révélant que le Serviteur souffrant, c'est Lui. Ici, Dieu prend des éléments connus – l'histoire des ancêtres de Moïse – pour entrer en contact avec lui. Il lui dit : "Mon nom est celui qui a agi pour ton entourage, pour ta famille." En quelque sorte, Moïse reçoit un nom de Dieu. Dieu se révèle à Moïse en évoquant son nom, ses actions passées pour ses parents. En mesurant toutes les grâces qu'ils ont reçues, Moïse peut entrer en contact avec Dieu, avancer dans sa vie spirituelle et découvrir davantage qui il est lui-même.

La miséricorde de Dieu et son projet de délivrance

Ensuite, il y a toujours ce passage où Dieu dit : "J'ai vu la misère de mon peuple, j'ai entendu ses cris." C'est un refrain où Dieu exprime sa compassion : "Moi, le Dieu qui donne gratuitement, je ne peux supporter une telle misère. Je viens là." Nous retrouvons un écho de cela dans le Magnificat de la Vierge Marie : "Il s'est penché sur son humble servante." Quand nous prononçons le Magnificat en nous considérant humbles et petits, c'est comme si cela forçait Dieu à venir.

Dieu dit explicitement : "Oui, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. Je suis descendu pour le délivrer." C'est son projet spirituel : délivrer son peuple. Et il y a aussi le projet concret : "le faire monter vers un pays beau", un pays où il chassera le Cananéen, le Hittite, etc. Dieu révèle ainsi son nom, sa tendresse face à la misère humaine. Il a un projet spirituel, une direction, et un plan concret pour sa mise en œuvre.

"Je suis avec toi" : La clé pour la mission difficile

Dans une deuxième partie, au verset 12, on retrouve un autre nom de Dieu : "Je suis avec toi." Cette partie explique comment Moïse va pouvoir affronter Pharaon, comment il va accomplir la partie la plus pénible de sa mission. C'est un peu comme si Dieu disait à Jonas : "Je te demande d'aller à Ninive," et dans la deuxième partie, il lui expliquait comment convertir les Ninivites.

Si on nous demande d'aller à Marrakech et de nous mettre sur un tabouret en proclamant "Jésus vous aime", nous aurons besoin de cette deuxième partie. Le Seigneur nous révélera un nom particulier, une clé pour nous adresser aux personnes dans cette mission qui nous semble impossible. Le verset 12, "Je suis avec toi," est ce nom de Dieu qui nous aide à avancer dans notre mission.

Au verset 9, on lit : "Le cri des fils d'Israël est parvenu jusqu'à moi, j'ai vu l'oppression que leur font subir les Égyptiens." Avez-vous remarqué combien de fois cela est répété ? Cela mérite d'être approfondi.

Le projet spirituel et le culte parfait : Une vie comblée de grâces

Au verset 10, le projet spirituel est clair : "Tu feras sortir mon peuple, les fils d'Israël." Et au verset 12, à la fin : "Vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne." C'est une promesse immense : "Je vais vous faire sortir, et plutôt que de vous laisser avec un vide spirituel – car vous aviez de mauvaises habitudes en Égypte – vous rendrez un culte. Et ce sera génial  Car le fait d'avoir un culte parfait, révélé par Dieu, vous donnera une attitude qui vous comblera de grâces." Dieu ne nous laisse pas avec un vide après nous avoir tirés de notre état misérable de pécheurs. Il nous donne un véritable coup d'accélérateur dans notre vie pour que nous nous épanouissions pleinement dans notre cheminement spirituel.

La mission auprès des fils d'Israël : "Je suis qui je suis"

Nous abordons la troisième partie, que je perçois comme la mission de Moïse auprès des fils d'Israël. Au verset 14, Dieu dit à Moïse : "Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux Fils d'Israël : Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est Je suis." Dieu révèle à Moïse le nom qui le motivera à parler à ses frères, avec qui la conversation est naturellement moins ardue qu'avec le Pharaon. Le nom "Je suis qui je suis" sera la force de Moïse pour s'adresser aux Hébreux.

Cependant, Dieu précise : Moïse, tu ne diras pas ce nom tel quel aux autres, car ils n'en sont pas au même stade que toi. Tu leur diras simplement : "Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est Je suis." Il y a là une clé, peut-être une porte d'entrée. Si nous devons parler à nos frères, à des personnes proches de nous par leur sensibilité (par exemple, au sein d'un groupe de catholiques), le fait de se répéter à soi-même "Seigneur, Je suis qui je suis" peut nous préparer. Et ensuite, leur dire "C'est Je suis qui m'a envoyé vers vous." C'est peut-être un peu conceptuel, mais je trouve intéressant de voir comment Dieu s'adresse à nous. Cela s'applique à Moïse, mais pour nous, les principes sont similaires.

Parler aux Anciens : parler des ancêtres

Ensuite, Dieu ordonne à Moïse : "Tu t'adresseras aux anciens d'Israël." C'est la partie D. Il faut leur dire : "Le Seigneur, le Dieu de vos pères." Les anciens sont attachés aux traditions, donc cette appellation sera la porte d'entrée pour qu'ils reconnaissent de qui Moïse parle et que cela les touche directement. Il y a une clé : "J'ai vu comment on vous traite en Égypte." Puis, au verset 17 : "Je vous ferai monter de la misère," et concrètement, "vers un pays ruisselant de lait et de miel."

Parler aux gens de l'extérieur : adapter son langage divin

La partie E : une fois avec les anciens d'Israël, ils iront tous ensemble parler au Pharaon. Ce n'est plus Moïse seul, mais tout le peuple comme un seul homme qui s'adressera à lui. Le nom de Dieu à utiliser est alors "Le Seigneur, le Dieu des Hébreux" (verset 18). Nous ne parlons pas de la même manière à quelqu'un qui n'est pas du tout chrétien. Il faut être plus précis, peut-être dire Jésus, car c'est un nom qui identifie clairement notre foi. Je me rends compte moi-même que j'ai parfois du mal à prononcer le nom de Jésus devant mes collègues, comme si cela m'écorchait, alors que je sais que c'est ce que Dieu me demande. Dire "Le Seigneur, le Dieu des Hébreux" est plus précis que de parler d'amour de manière générale. Si je prends un auto-stoppeur et que je prie un peu, je dois essayer de placer le mot "Jésus" dans la conversation. C'est une clé. Si j'y parviens, j'ai déjà accompli les trois quarts de ma mission. Et puis dire "mon Dieu" sous-entend qu'on ne ferme pas la porte au fait que notre interlocuteur ait son propre Dieu. Il a peut-être besoin qu'on reconnaisse son Dieu à lui, même si on sait qu'il est moins fort que le nôtre...

La résistance de Moïse et la délégation à Aaron

Le Seigneur commence alors à parler de choses concrètes, de la manière dont il va agir pour forcer la main des Égyptiens. Au verset 20, il est question des prodiges qu'il accomplira. Vient ensuite la résistance de Moïse. Il dit : "Ils ne me croiront pas." Dieu lui donne des signes  le bâton transformé en serpent, la main lépreuse, l'eau changée en sang. Moïse insiste : "J'ai la bouche lourde, envoie quelqu'un d'autre." Dieu lui répond qu'Aaron sera sa bouche, et Moïse sera comme son dieu. En hébreu, cela signifie que, puisque Moïse a manqué de foi, Dieu va diviser sa mission en deux, déléguant une partie à un autre. C'est en quelque sorte un châtiment, car il sera contraint de "supporter" son frère Aaron, avec ses défauts (comme sa faiblaisse qui éclate lors de l'épisode du veau d'or). Moïse devra passer par Aaron pour parler au Pharaon. On se complique parfois la vie, et le Seigneur nous dit : "Tu veux te compliquer la vie ? Je t'accompagne quand même."

L'approfondissement de la mission : La révélation du futur

La deuxième partie de l'Exode débute au retour d'Égypte, lorsque Dieu fortifie Moïse et approfondit sa mission. Dieu lui dit : "Tu diras au Pharaon : Ainsi parle le Seigneur," utilisant le nom Yahvé ou Adonaï en hébreu. C'est un affermissement. Si j'ai décidé de consacrer quelques années de ma vie à une mission dans l'Église, le Seigneur ne s'arrêtera pas là. Dans la prière quotidienne, avant même que je n'entame ma mission, Il continuera à me donner des clés, des ressources. Là, Il approfondit en disant : "Tu vois, je ferai en sorte qu'il s'obstine." Dieu commence à révéler le futur à Moïse.

La prière et la révélation anticipée des épreuves

Moïse, au verset 21, voit Dieu lui dire : "Je ferai en sorte qu'il [Pharaon] s'obstine et ne laissera pas le peuple s'en aller." Dieu révèle des choses à Moïse dans la prière afin que, lorsque les événements se produisent, Moïse puisse dire : "Ah oui, Dieu me l'avait dit." Dans notre propre prière, nous pouvons vivre cette expérience. Quand nous nous décidons à avancer, il faut continuer à prier, non pas uniquement pour que les choses se passent bien, mais parce que Dieu a encore des choses à nous révéler. Ces révélations nous permettent, le jour où les événements arrivent, de ne pas être pris par surprise, car nous étions déjà avertis.

Les épreuves purificatrices avant la mission

Ensuite, il y a des épreuves particulières. On lit qu'un ange exterminateur vient et veut s'en prendre à Moïse et à sa femme. C'est sa femme qui intercède pour eux par un geste incroyable. Ce sont des épreuves qui viennent purifier juste avant la mission, juste avant un service rendu au nom du Seigneur. Comme par hasard, vous allez tomber en panne, et exactement en même temps votre bébé aura besoin d'être changé juste avant de partir (un clin d'oeil pour les jeunes parents !). Ce genre d'épreuve, quand on l'accueille, est comme un levier qui nous donne de la force pour ce qui va suivre. Si c'est juste avant la messe, cela peut nous aider à mieux la suivre, ou à avoir moins de distractions pendant celle-ci.

La résistance du peuple et le rôle du démon

Moïse rencontre Aaron, et les anciens d'Israël les écoutent, voyant les signes. Mais le Pharaon ne les écoute pas et durcit leurs corvées. Là, on voit un nom nouveau pour le peuple, correspondant à la deuxième étape de Sainte Thérèse d'Avila, où le démon s'acharne pour nous décourager d'avancer vers Dieu. Quand le peuple voit le Pharaon doubler leurs corvées, ceux qui étaient initialement galvanisés par Moïse vont se plaindre et regretter d'avoir voulu sortir. Ils en viennent à dire : "C'est à cause de toi qu'il nous persécute !" Le peuple se plaint à Moïse, qui se plaint au Seigneur.

Les instructions de Dieu : précisions et généalogies

Nous arrivons à la troisième partie, où Dieu s'adresse au Pharaon. Le petit (a) est très court. Dans le (b), Dieu donne des précisions à Moïse : "Je suis le Seigneur." La partie suivante est pour s'adresser aux fils d'Israël. Puis vient une partie pour le Pharaon, mais surtout pour Moïse et Aaron. Le Seigneur leur fait un point d'étape, une sorte de réunion au sommet, pour les briefer sur les plaies d'Égypte.

Nous passons ensuite à la quatrième partie. Dans la section (a), adressée à Moïse et Aaron, une généalogie apparaît de nulle part. Ces généalogies, parfois fastidieuses à lire, sont en réalité des sources de grâces. En invoquant le nom de ces personnes, nous recevons des grâces particulières de tous ceux qui les ont portées. Jésus lui-même est arrivé dans l'humanité fort de toutes les grâces de ses ancêtres. Lorsque nous lisons la généalogie de Jésus au début des Évangiles, toutes les grâces accumulées sur des milliers de générations ont culminé pour permettre la venue du Messie.

Ici, la généalogie précède immédiatement l'ordre : "Faites sortir du pays d'Égypte les fils d'Israël, rangés comme une armée." C'est comme si la force cumulée de tous ces ancêtres transformait le peuple d'Israël en une armée invincible. C'est un nom nouveau pour le peuple : "Ne vous inquiétez pas, tous vos ancêtres intercèdent pour vous et poussent dans la mêlée, comme dans une mêlée de rugby, et vous allez tous sortir."

Moïse : Un "dieu" pour Pharaon et le châtiment de l'orgueil

La dernière partie est davantage adressée à Moïse. Au verset 1, Dieu dit : "Vois, j'ai fait de toi un Dieu pour Pharaon, et ton frère Aaron sera ton prophète." C'est un retour de bâton pour Pharaon. Pharaon s'était autoproclamé Dieu, le Dieu Soleil, Râ. Il était admiré, engendré divinement. Le châtiment de Pharaon est que Dieu suscite un "dieu" pour lui. Dieu, dans sa souveraineté, dit : "Puisque tu t'es autoproclamé Dieu, je vais faire en sorte que Moïse soit plus grand que toi et soit comme un dieu au-dessus de toi."

La révélation de Dieu aux Égyptiens : "Je suis le Seigneur"

Au verset 5, Moïse dit : "Les Égyptiens reconnaîtront que je suis le Seigneur." C'est un nom de Dieu révélé spécifiquement aux Égyptiens, particulièrement lors des trois dernières plaies d'Égypte. C'est le moment où les serviteurs de Pharaon viennent le supplier d'arrêter sa résistance, car le pays est dévasté par les sauterelles, les ténèbres, et enfin la mort des premiers-nés. Je crois que c'est ce nom – "Je suis le Seigneur" – qu'ils ont reçu à ce moment-là. Comme si les plaies, bien que dévastatrices, avaient ouvert leur cœur à recevoir une flèche de l'Esprit Saint, une petite lumière sur la nature de Dieu.

Je m'arrête ici sur Moïse, bien qu'il y ait beaucoup à dire. Ces textes, souvent répétitifs et difficiles à pénétrer, regorgent de petites perles. Le Seigneur nous redit la même chose, mais en y ajoutant une petite touche, une nouvelle lumière. Dans notre prière, même après dix minutes d'oraison parce que nous sommes trop fatigués, une petite lumière nous est souvent donnée à la fin. Elle s'ajoute à toutes les lumières précédentes, nous aidant à comprendre une situation particulière de notre journée, à éclairer ce que le Seigneur attend de nous pour un service que nous rendons, ou à prendre une décision au travail.

Partie 5 : les Noms de DIEU

Un rapide tour d’horizon de quelques Noms de DIEU et leur puissance.

La révélation du nom de Dieu : Un échange d'amitié

Dieu nous révèle notre nom et, en retour, il révèle aussi son nom à nous. C'est un échange. Jésus a dit : "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis." L'amitié est un échange, jamais à sens unique. Un ami ne se plaint pas constamment sans jamais s'intéresser à l'autre. L'amitié implique un équilibre, et si cet équilibre n'existe pas, nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour le rétablir, par exemple en nous confiant davantage ou en demandant à l'autre de nous parler de choses positives.

Avec Dieu, cet échange existe, bien qu'il soit excédentaire de son côté, car il nous donne toujours plus que ce que nous lui donnons. Mais lui, il a soif des flammes d'amour dans notre cœur, il a soif de notre amour. Il est tellement heureux de voir le fils prodigue revenir dans ses bras à chaque fois que nous pensons à lui. C'est comme si la parabole de Luc 15 se produisait. C'est très beau.

Contrairement aux autres divinités, ce n'est pas l'homme qui donne un nom à Dieu ; c'est Dieu qui révèle son nom. Les faux dieux sont souvent nommés par l'homme (Mardouk, Baal, etc.). Dieu, lui, est l'Autre de manière absolue, l'Autre dans toute sa différence par rapport à nous, et c'est lui qui se révèle. Ce n'est pas moi qui invente un nom pour Dieu, c'est Dieu qui me donne son nom. Le Nom est Dieu, car quand on parle du nom de Dieu, c'est Dieu tout entier qui se révèle ainsi.

Il y a une jalousie divine, car ces flammes d'amour, il veut que nous les lui donnions, et non à d'autres, ni à des choses qui nous détourneraient de la sanctification. Sur les Dix Commandements, trois parlent de la nécessité de servir Dieu en premier, de se tourner vers lui, de l'honorer et d'honorer son nom.

Le nom de Dieu : Sa sainteté et notre témoignage

Nous devons veiller à ne pas prononcer le nom de Dieu en vain et à sanctifier un jour de la semaine, le samedi (en union avec les Juifs), et/ou le dimanche (en union avec les Chrétiens), afin de célébrer son nom. En agissant ainsi, nous manifestons Dieu à nos enfants et à notre entourage. Plus nous nous centrons sur le Seigneur en réalisant des activités familiales, en lisant la Parole de Dieu, en nous engageant dans des activités qui ne nous dispersent pas le dimanche, plus Dieu révèle son nom.

À l'inverse, lorsque nous invoquons son nom pour nos propres fins égoïstes, nous le tentons. À notre époque, cela se manifeste souvent par le blasphème, en utilisant "Nom de Dieu" avec colère, comme si l'on imputait à Dieu le malheur qui nous frappe. C'est pourquoi cela le blesse, et il est essentiel de prier pour la personne qui agit ainsi. Si nécessaire, nous devons prendre sa défense en lui proposant de choisir d'autres expressions, en lui expliquant que le nom de Dieu est sacré et que, en tant que chrétiens, cela nous blesse. Le nom de Dieu est sacré parce qu'il est intimement lié à la réalité de son être. Comme le dit le Deutéronome (Dt 28, 10) : "Les nations craindront Israël, car Israël porte le nom de Dieu." Le peuple de Dieu porte le nom de Dieu en lui. Ainsi, chaque fois que je suis fidèle à Dieu, que je marche à sa suite, je le montre aux autres sans même m'en rendre compte.

Les nations craindront Israël parce qu'Israël porte le nom de Dieu. Cela nous éclaire sur la peur de Pierre quand il renie Jésus trois fois. S'il avait compris que les soldats ou la servante se chauffant près du feu le craindraient s'il portait Dieu en lui et répondait avec justesse, il n'aurait pas renié. Il se serait dit que sa réponse éloignerait ce qui pouvait lui nuire. Je ne pense pas qu'il serait mort martyr à ce moment-là.

Le nom de Père : "l'arme fatale" des chrétiens

Jésus nous fait connaître son Père, le nom qui exprime le plus profondément l'être de Dieu, notamment par la prière du Notre Père. Ce nom est l'Absolu, "Papa d'amour, Papa chéri". Nous avons le droit, dans notre prière personnelle, de remplacer ou de compléter ce nom par des expressions comme "Père céleste", "Toi qui es Père des miséricordes", des noms bibliques qui expriment ce mouvement d'amour de l'enfant qui court vers son père. Il ne s'agit pas d'un échange, d'un troc, comme l'enfant prodigue, mais d'un élan vers le Père en disant : "Tu m'aimes," en se centrant sur Lui, oubliant un instant ses péchés pour ne penser qu'à sa miséricorde. C'est cela le nom du Père, "l'arme fatale" des chrétiens, ce qui convertit les musulmans. Beaucoup d'entre eux témoignent avoir été touchés par le fait que les catholiques appellent leur Dieu "Papa". C'est très beau.

Le nom de Jésus : Puissance de salut et révélation de notre vocation

Le nom de Jésus est également très puissant. Il est dit que le nom de Jésus guérit, expulse les démons, fait des miracles et apporte le salut (Mt 28:19 : "baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit"). Si nous parvenons à l'intégrer dans nos discussions, une puissance qui nous dépasse se manifeste, et une partie de notre mission est déjà accomplie. En ressuscitant, Jésus reçoit le nom au-dessus de tout nom : Yeshua, le nom glorieux. Dans l'Apocalypse, Jean voit Jésus comme quelqu'un aux cheveux blancs immaculés, incarnation de la sagesse absolue, le Bon Pasteur qui connaît tous nos noms, même nos noms nouveaux, et nous les révèle.

La vie spirituelle : Course vers le Seigneur et intercession

Pour résumer, la vie spirituelle est une course vers le Seigneur, qui nous révèle son nom. Il nous fait comprendre des choses sur lui-même, sur ses mystères, et nous révèle aussi notre propre nom, notre vocation. Un peu comme Abraham, à qui Dieu dit : "Je m'apprête à détruire Sodome et Gomorrhe, je suis désolé mais je ne peux faire autrement." Et Abraham intercède, sauvant Lot. Notre nom nouveau implique une partie de notre mission qui consiste à courir vers le Seigneur, nous épanouissant dans cette mission, mais aussi à intercéder pour nos frères et à ce que Dieu nous révèle des événements futurs afin que nous puissions les gérer avec Lui.

La Puissance Transformante des Noms Divins

Nous avons exploré divers exemples de "noms nouveaux" au cours de cette conférence. En méditant sur les figures bibliques, nous sommes invités à interroger la manière dont elles ont vécu des moments cruciaux et les paroles que Dieu leur a adressées. Ces paroles ne constituent-elles pas un nom spécifique conféré à ces individus, un nom porteur d'une puissance particulière ? En les lisant avec foi, ces révélations peuvent produire un effet significatif dans nos propres vies.

Considérons l'instruction divine faite à Joseph : "Prends l'enfant et sa mère." Pour un père, cette exhortation peut résonner profondément et purifier sa propre paternité, lui rappelant son devoir de veiller sur sa famille. De même, lorsqu'un psaume proclame : "J'ai crié vers le Seigneur," et que suit l'appel "délivre mon âme," cette invocation, prononcée avec foi, est comparable à l'invocation du Seigneur par un nom salvateur. Face à des situations difficiles ou lorsque nous touchons le fond, dire "Seigneur, délivre mon âme" peut devenir une formule quasi mystique, nous permettant d'accéder directement au Père pour qu'il nous vienne en aide. Nous conférons ainsi une puissance accrue à l'action divine dans nos existences.

L'Apocalypse : Une Clé de Lecture pour le Chemin Spirituel

L'Apocalypse est un texte d'une richesse extraordinaire. Il est conseillé de le lire en priant, car des révélations profondes peuvent alors nous être accordées. De nos jours, les laïcs reçoivent de nombreuses grâces liées à l'itinéraire spirituel, notamment celui des sept demeures intérieures décrit par Sainte Thérèse d'Avila, ainsi qu'aux différentes époques traversées par l'Église. Une compréhension approfondie de ces périodes historiques et de leurs implications spirituelles pourrait faire l'objet d'une future exploration.

Moïse : Un Modèle de Révélation et de Vocation Personnelle

L'exemple de Moïse illustre concrètement comment Dieu, par une succession de révélations progressives, telle une série de vagues, dévoile notre nom nouveau. Chaque interaction divine agit comme une caresse qui met en lumière notre vocation personnelle. Dieu révèle son nom en échange du nôtre, offrant ainsi un éclairage précieux sur notre destinée. C'est comme une conversation continue où le Seigneur nous fournit les clés pour mieux saisir son être et la mission à laquelle nous sommes appelés. Cette dynamique est comparable à l'épisode d'Abraham intercédant pour Sodome et Gomorrhe : une partie de notre mission consiste à nous élancer vers le Seigneur, à trouver notre joie dans ce service, à intercéder pour nos frères, et à laisser Dieu nous révéler les événements à venir afin de pouvoir les affronter avec Lui.

 

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Apocalypse, Appel, Dieu, Moïse, nom, nouveau, Vocation

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Surmonter nos refus

 

"Revenez à Moi et vous vivrez !" Ez 18, 32

 

DIEU nous envoie fréquemment en mission, comme lorsqu’Il pousse ses disciples à monter dans la barque alors que la tempête gronde. Il a de grands projets pour nous et voit toutes les choses difficile qui vont nous faire grandir lorsque nous y serons confronté-e-s.

Mais nous, souvent nous bloquons sur ce que DIEU nous demande !

Cette conférence vise à mettre en relief quelles sont nos réticences et leurs conséquences (désagréments qui nous arrivent), en nous basant sur l’itinéraire spirituel De Moïse. En effet, ce dernier oppose à DIEU 7 refus lorsqu’il est envoyé en mission auprès du Pharaon. Mais dans sa Providence, DIEU nous éduque, en utilisant notre refus pour le salut de l’humanité.

 

Durée : 1h22 1 ou 5 fichiers mp3

Introduction 

 

 

L'Accélération Spirituelle et nos Réticences

Aujourd'hui, nous aborderons en introduction le moment où Jésus donne un coup d'accélérateur à notre vie spirituelle, et où nous pouvons parfois nous braquer, car le rythme nous semble trop rapide. Je pense à ce passage de l'Évangile de Saint Matthieu, chapitre 14, verset 22 : "Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, pendant qu'il renverrait la foule."

Nous connaissons bien ce récit où, après avoir accompli des miracles, la foule veut le faire roi. Jésus leur dit : "Montez tous dans le bateau et traversez sans moi. Je veux que vous passiez de l'autre côté." Il existe un passage similaire où il les oblige à monter dans la barque avant de s'endormir à l'intérieur. Dans le premier cas, il est physiquement absent ; dans le second, son absence est marquée par son sommeil, qu'il a, je suis convaincu, intentionnellement provoqué.

Le texte dit qu'il "obligea ses disciples". Cela me fait penser qu'eux, marins chevronnés, devaient pressentir la tempête imminente. Mais Jésus leur a dit : "Peu importe, montez dans la barque." Et ils y sont montés. Quand la tempête s'est déchaînée, ils ont dû se dire : "Nous le savions !" En tant que Juifs, ils ne s'aventuraient pas en mer sans précautions, car la mer représentait pour eux le royaume des ténèbres. Ils restaient dans leur zone de confort et ne prenaient la mer que par beau temps. Leur refus de quitter Jésus était finalement légitime : quand on est avec quelqu'un qui fait des miracles à tout bout de champ, on n'a pas envie de rompre ce lien pour se prendre une grosse tempête en pleine face.

Ainsi, lorsque nous sommes connectés à Jésus et que nous décidons de le suivre, nous devons prendre notre croix. C'est une fuite naturelle de la souffrance que nous pouvons ressentir. Jésus nous invite à l'aider à porter sa croix, et nous, naturellement, n'aimons pas souffrir. Nous sommes faits pour la béatitude, nous recherchons le bien-être, et au-delà du bien-être, les biens de l'âme. La perspective de la souffrance nous terrifie. Bien que certains saints aient exprimé le désir de souffrir à la suite du Christ – ce qui est peut-être un signe de perfection – ce n'est pas le cas de tous. L'enjeu d'aujourd'hui n'est pas la souffrance en soi, mais plutôt la confrontation à une difficulté particulière lorsque nous essayons de suivre Jésus. Car, inévitablement, dans la mission, nous rencontrons des obstacles.

Vaincre nos Réticences dans la Mission

Pour aborder cette thématique de la manière dont Jésus nous aide à surmonter nos refus dans la mission, je vous propose de méditer sur plusieurs points :

  1. La Croix : Si nous voulons mieux appréhender les difficultés de notre vie spirituelle et de la mission que Dieu nous confie lorsque nous faisons un pas vers Lui, la contemplation de la croix est incontournable.
  2. Le parcours du prophète Jonas : Nous examinerons l'histoire de Jonas, racontée en quatre chapitres, que beaucoup d'entre nous connaissent bien.
  3. L'itinéraire spirituel de Moïse : Comme la dernière fois, nous reprendrons le parcours de Moïse, qui oppose sept refus à Dieu lorsqu'il est appelé à libérer les Égyptiens.
  4. Autres blocages dans la vie spirituelle : Les sept refus de Moïse représentent en quelque sorte des étapes inévitables, des difficultés récurrentes que nous rencontrons lorsque nous nous engageons dans la mission. Mais il existe d'autres petits blocages, pas nécessairement liés à la mission, qu'il me semble important de souligner. Les identifier peut nous éviter de rester englués sur certains sujets, notamment lorsque notre prière ne semble pas exaucée.

 

 Partie 1 : Méditation sur la Croix

La Croix ? Oui, elle représente la souffrance, et après ?

 

La Croix selon Saint Thomas d'Aquin

Je souhaite citer deux passages de Saint Thomas d'Aquin. J'avais été stupéfait de découvrir qu'au XIIIème siècle, il avait compilé, dans sa Somme Théologique, les réflexions les plus pertinentes de la théologie et de la philosophie sur ce thème particulier de la Croix.

Il a d'abord affirmé que la Croix renvoie inévitablement au Serviteur souffrant d'Isaïe, et plus spécifiquement au passage où il est recensé avec les pécheurs. Jésus fut crucifié entre deux voleurs, des hommes ayant commis des actes atroces. Thomas d'Aquin explique que le Christ a été crucifié entre deux brigands pour des "raisons de convenance", ce qui ne relève pas d'une démonstration logique, mais plutôt d'une contemplation rétrospective du plan divin d'amour.

  • Pour les Juifs : La crucifixion aux côtés des brigands permettait au Christ de partager leur opprobre. C'est le principe du "bouc émissaire" : tout le mal, que l'homme cherche naturellement à projeter sur autrui pour trouver un coupable, est condensé et transféré sur le Christ. En le chargeant de nos fautes, nous reconnaissons la valeur de son sacrifice et son union à la souffrance des deux malfaiteurs à sa droite et à sa gauche.
  • Pour le Plan Divin de Salut : Cette disposition manifestait le salut de tous, y compris des criminels. Elle figurait la séparation des hommes au Jour du Jugement, entre la gauche et la droite du Christ, symbolisée par les "boucs" (les âmes noires et rebelles) et les "brebis" (la blancheur de l'âme, la douceur, la docilité), comme le reprend Saint Léon.
  • Pour figurer le Martyre pour la Gloire de Dieu : Le Bon Larron est l'exemple frappant de celui qui, de grand criminel, est instantanément devenu l'un des premiers martyrs. Il a offert sa souffrance et a obtenu le ciel d'un coup, volant, en quelque sorte, la place au ciel même aux plus grands saints de son époque : "Aujourd'hui même, tu seras avec moi au paradis."
  • Pour ceux qui souffrent le martyre pour leur propre gloire : C'est le cas du mauvais Larron. Lorsque l'on se damne soi-même en refusant Dieu, en n'insultant que les autres, on souffre pour sa propre gloire. C'est une souffrance vaine, marquée par une imperfection absolue, car le désespoir l'emporte. Judas, par exemple, a désespéré au dernier moment de sa vie, et la Bible rapporte qu'il s'est donné la mort, retranché des douze disciples. C'est triste, mais le Christ a accepté ce modèle pour que nous puissions méditer sur le mystère des réprouvés. Notre prière peut empêcher des personnes de désespérer à l'heure de leur mort. Certains mystiques affirment même que notre prière peut diminuer les peines de certaines âmes en enfer, qui souffriront éternellement mais moins intensément. Je préfère personnellement prier pour que davantage de personnes accèdent au ciel, mais notre prière peut servir aussi à cela si nous en avons le souhait.

Il existe semble t-il une autre loi, c'est que lorsque le Seigneur met parfois sa main en disant "Stop", préférant qu'une personne meure et envoyant un ange, c'est aussi par miséricorde divine. La souffrance que cette personne aurait à endurer en enfer serait trop insupportable. Dieu, maître du paradis et de l'enfer, permet même qu'en enfer des âmes continuent à le maudire éternellement, ce qui est en soi un mystère de miséricorde.

Nous pouvons ajouter que, par la Croix, le Seigneur confère une utilité à ce qui est inutile. La souffrance, à la base, ne sert à rien. La Croix non plus, si ce n'est à faire souffrir. Pourtant, le Seigneur lui a donné un sens, alors que le mystère du mal n'a pas de fondement, ne peut être justifié et demeure répugnant.

La Croix : Vaincre la Peur de la Mort et Sanctifier le Monde

Saint Thomas d'Aquin (Somme Théologique, IIIa pars, question 46, article 4) affirme que la Croix révèle qu'aucun genre de mort n'est à redouter face à la gloire qui nous attend. Dans la Bible, la croix représente la mort la plus horrible imaginable. Par conséquent, puisque Jésus l'a choisie dans sa mission, la méditation de la Croix nous convaincra inéluctablement, même si c'est lentement et sans effets apparents immédiats, que la souffrance consentie pour le Seigneur porte une fécondité propre à la mission et nous permet de surmonter les épreuves.

La Croix établit aussi un parallèle avec l'arbre qui a causé la chute d'Adam, mais qui, par le Christ, apporte désormais la vie. Jésus reprend ce qui a provoqué la chute pour en faire un instrument de salut. Jean Chrysostome (cité par Thomas d'Aquin) ajoute que le Sang du Christ, en coulant sur la terre, a sanctifié le monde entier. Le démon avait pris le contrôle du monde après qu'Adam lui eut cédé son autorité. Le Sang du Christ a repris ce contrôle. Nous, baptisés, partageons avec le Christ un certain règne sur la nature, une puissance discrète mais bien réelle, car notre prière peut agir avec force, même sur des situations jugées impossibles : quelqu'un qui retrouve du travail, qui guérit, qui surmonte une dépression. Plus notre foi est grande, plus nous sanctifions ce qui nous entoure. L'Arbre de Vie a sanctifié le monde.

La Croix élevée est également liée à la préparation de notre ascension au ciel. Le Christ, avec sa Croix tendue vers le ciel et son ascension, nous montre la direction. La Croix est une flèche : en la contemplant et en reliant les difficultés de notre mission à la Croix du Christ, nous pouvons concevoir notre montée au ciel, suivant cette direction.

Les quatre sens de la Croix symbolisent le salut de tout le genre humain, englobant le peuple de l'Ancien et du Nouveau Testament, comme l'a dit Grégoire de Nysse. Le Christ est le maître de la largeur, de la longueur, de la hauteur et de la profondeur. Dans la Bible, ces dimensions désignent tous les sens cachés, les dimensions spirituelles et matérielles. Plus nous devenons spirituels, plus nous percevons les choses sous de multiples angles, avec recul. Nous sommes alors capables d'interpréter le passé et le présent, et de pressentir l'avenir, non pas par une curiosité malsaine, mais pour nous guider nous-mêmes et guider les autres, évitant de nous égarer en chemin. C'est comme si nous avions une carte de l'itinéraire, nous permettant de nous concentrer sur notre mission sans nous perdre dans les détails.

Saint Augustin conclut cette partie en comparant la Croix à diverses figures salvatrices : l'arche de Noé qui sauve les hommes, le bâton de Moïse qui libère, ôte l'amertume du péché et fait jaillir la source de vie. La Croix est un mystère insondable. Une lecture que j'ai eue, intitulée "Lettres de l'Enfer", dépeint un réprouvé écrivant à une âme et expliquant comment cette dernière s'est tiédie au cours de sa vie, finissant en enfer. L'auteur y explique que nous ne réalisons pas la chance que nous avons : chaque fois que nous regardons un Christ en Croix, nous recevons une grâce sans même nous en rendre compte. Si les baptisés en étaient conscients, ils regarderaient la Croix plus souvent, sachant qu'ils en puiseraient une grâce. C'est comparable à se signer avec de l'eau bénite : quelque chose se passe. Chaque fois que nous demandons pardon ou prononçons le nom de Jésus, une action spirituelle se produit. En ayant foi et en progressant dans notre vie spirituelle, nous contemplons la Croix : un homme qui était Dieu, entièrement donné, rachetant l'humanité et nous montrant une voie vers le ciel. Toutes ces méditations peuvent nous aider à faire confiance à Jésus, même face aux difficultés, même si la Croix nous semble ardue.

Le Refus de la Souffrance : Une Crise Spirituelle de l'Occident

Dans cette même première partie sur la Croix, Joseph Ratzinger (avant qu'il ne devienne pape), dans son livre La mort et l'au-delà, fait une observation saisissante sur le monde contemporain : "Les efforts faits par la médecine, la psychologie et la pédagogie pour construire une nouvelle société d'où la souffrance serait abolie ont pris de gigantesques proportions." Notre société déploie des moyens considérables pour bannir la souffrance. Certes, la souffrance peut et doit être endiguée par tous ces moyens, mais la volonté de l'abolir complètement équivaudrait à un refus de l'amour et à un recul de l'homme lui-même. Une telle démarche ne peut aboutir qu'à une vie sans valeur, où l'absence de souffrance signifierait une fuite de la vie elle-même. La crise du monde occidental provient, en premier lieu, d'une éducation et d'une philosophie qui tendent à sauver l'homme sans la Croix, contre la Croix, et contre la vérité.

Quand nous contemplons la Croix, nous contemplons le Juste qui a donné sa vie pour le monde. De même, les philosophes qui méditent sur Socrate, qui a sacrifié sa vie pour la vérité, voient en lui un modèle de vérité pour la philosophie. De nombreux individus, chrétiens ou non, défendent une cause avec une telle conviction que leur "martyre" – qu'il s'agisse d'un don de soi jusqu'à l'épuisement ou d'une mort – révèle la vérité. Cela éclaire de nombreux sujets et difficultés que nous rencontrons dans nos dialogues avec autrui, notamment sur des thèmes comme l'euthanasie ou la péridurale. Pour beaucoup, il est évident qu'une femme ne devrait pas souffrir lors de l'accouchement. Cependant, le chrétien ne se prononce pas pour ou contre la péridurale en soi, mais il introduit la dimension de la Croix. Une femme peut choisir d'atténuer une souffrance très intense, ou bien de saisir ce moment pour s'unir au Christ d'une manière particulière. Certaines femmes choisissent cette voie. Il est donc intéressant de ne pas bannir d'emblée la souffrance sous prétexte qu'il ne faut pas souffrir.

Ces sujets sont délicats, car le bannissement de la souffrance est une évidence pour beaucoup de nos contemporains. Le dialogue sur les questions qui en découlent peut être extrêmement ardu. Il est donc crucial d'identifier ce nœud et, avant d'aborder ces sujets de front et de se heurter à un mur, de réfléchir en amont à la nature de la souffrance. Sachant que nous ne sommes pas là pour imposer une unique voie – certains sont faits pour de grands jeûnes, d'autres non, chacun a sa propre manière de se donner – il demeure que l'affronter la souffrance possède une fécondité particulière.

Des mystiques comme Anne Catherine Emmerich, béatifiée, ont témoigné de la souffrance du Christ dès son enfance, acceptée pour racheter tous les enfants. La souffrance des innocents est une concession divine qui nous épargne bien des fléaux. De même, lorsque les adultes s'unissent à la souffrance de leurs enfants, cela a une portée immense. J'ai remarqué que prendre un enfant dans ses bras quand il souffre le console souvent des trois quarts de sa peine, sans même avoir recours aux médicaments. Se lever deux fois la nuit, le prendre dans ses bras en disant "Je m'unis à ta souffrance et je vais la porter avec toi," est d'une force que nous ne connaissons pas suffisamment.

Concernant l'euthanasie, un chrétien devrait affirmer qu'une personne âgée a besoin d'être aidée dans sa souffrance, et non qu'on cède à un cri de désespoir. Celui qui tombe a besoin d'être relevé ; celui qui pleure a besoin qu'on pleure avec lui. Certes, on peut discuter des techniques ou des lois, mais il faut d'abord parler de la souffrance et de la condition humaine, qui inclut la souffrance. En ouvrant notre cœur à une part de la souffrance de l'autre, nous portons aussi le monde. Notre mission est également de faire corps avec la souffrance.

 

 

Partie 2 : les refus de Jonas

  

Passons maintenant au prophète Jonas. Je vous encourage à ouvrir votre Bible à ce petit livre. La deuxième partie de notre réflexion portera sur l'itinéraire de Jonas et sa tentative de fuir la souffrance de la mission, de fuir sa propre croix.

Le nom "Jonas" signifie "colombe", ce qui est significatif. Il est intéressant de chercher la signification des noms bibliques, car ils contiennent souvent une part de la mission de la personne. Jonas est la petite colombe envoyée à l'autre bout de la terre pour évangéliser une contrée impie, Ninive. Jonas est le fils d'Amitai, dont le nom signifie "Dieu est vérité, Dieu est fidélité". C'est un peu l'équivalent du "catholique" d'aujourd'hui, celui qui a mené une vie pieuse, dont les parents l'ont envoyé à la messe, connecté au Seigneur, cherchant sa guidance dans sa mission.

Jésus lui-même parle du "prophète Jonas", non d'une simple figure légendaire. Les Hébreux l'ont placé dans la Bible parmi les écrits des Petits Prophètes, ce qui lui confère une autorité certaine. Le prophète Jonas est envoyé en mission à cause de l'infidélité des ennemis d'Israël : "La parole du Seigneur s'adressa à Jonas, fils d'Amitai : Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et profère contre elle un oracle, car la méchanceté de ses habitants est montée jusqu'à moi." Dieu ne supporte pas que ses enfants s'éloignent de Lui. Comme à Pontmain ou dans de nombreux lieux d'apparitions mariales en France où la Vierge Marie est intervenue pour colmater la brèche avant un grand malheur, dans l'Ancien Testament, Dieu, souvent perçu comme sévère, agit ici comme un père aimant qui envoie une fragile colombe – Jonas – avertir un peuple.

Ninive est l'anti-ville, l'endroit le plus éloigné et le plus hostile, comparable à un pays où les chrétiens sont persécutés. Cependant, Jonas, bien que lié à Dieu, résiste à la grâce. Sa première réaction est de prendre un navire pour Tarsis, qui, dans la Bible, signifie "le plus loin possible", un "trou du monde" où personne ne le retrouverait. Cela évoque le Psaume 138 : "Si je prends les ailes de l'aurore et me pose au-delà des mers, même là ta main me saisit." Nous cherchons parfois à nous cacher, à nous réfugier dans nos activités, mais Dieu nous rejoint toujours.

Lors de la tempête, Jonas dort profondément, ignorant la sollicitation du Seigneur. Ce sont les autres marins, plus perspicaces, qui s'écrient : "L'un de nous a attristé les dieux." Nous retrouvons ici le bon sens de nos frères athées ou agnostiques, qui peuvent nous dépasser par leur intégrité et leur connexion au bon sens. Jonas finit par se rendre à l'évidence lorsque le sort le désigne. Il leur dit : "Jetez-moi par-dessus bord." Les marins, malgré leur appréhension, refusent. Dieu lui accordera un temps de réflexion de trois jours dans la cavité interne d'un poisson. Ce temps est une épreuve, mais aussi une opportunité de repentance et de transformation.

Le Cheminement de Jonas : Foi, Frustration et Révélation

Après son séjour dans le poisson, Jonas est déposé sur la plage. Dieu lui enjoint alors de nouveau : "Va à Ninive !" Cette fois, il obéit. La conversion de toute la population est radicale : une porte s'est ouverte. Dieu, dans sa prescience, avait choisi Jonas et savait précisément ce qu'il faisait. La seule énergie véritablement requise de Jonas était de surmonter ses propres peurs et réticences à affronter les épreuves, à porter sa croix.

Nous connaissons la suite de l'histoire : Jonas s'installe sur une montagne voisine, attendant la destruction de Ninive par des météorites. Il s'attend à une punition divine immédiate après son avertissement prophétique. Lorsque rien ne se produit, il commence sans doute à craindre d'être pris pour un insensé, ressentant une profonde frustration qu'une prophétie ne s'accomplisse pas comme prévu. Peut-être aurait souhaité une "belle destruction" avec des météorites, mais en vain. Il se dit sans doute : "J'ai transmis le message divin, mais les gens pourraient me reprocher d'avoir proféré une fausse prophétie." Il continue donc à lutter, mais sur d'autres plans, menant un combat intérieur particulier.

Le Signe de Jonas : Une Interprétation Énigmatique

Le Nouveau Testament fait référence à Jonas dans deux textes, que je trouve assez difficiles à interpréter sans une clé de lecture spécifique.

Le premier, dans Luc 11:30, déclare : "De même que Jonas fut un signe pour les habitants de Ninive, ainsi le Fils de l'homme en sera un pour cette génération." Les Ninivites se sont convertis parce que Jonas lui-même fut un signe. Sa mission était son propre être, ce qui demeure quelque peu énigmatique.

Le second, dans Matthieu 12:40, précise : "Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans la cavité du grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre." On en déduit que le signe qui a conduit à la conversion des Ninivites fut son séjour de trois jours et trois nuits dans le poisson, ce qui n'est pas immédiatement évident à la lecture.

Ainsi, Dieu s'est servi de la résistance de Jonas, et du fait qu'il ait dû être enfermé dans ce "cachot sombre" pendant trois jours, comme un témoignage pour les autres.  

Pierre, Fils de Jonas : L'Héritage Spirituel de la Faiblesse

Dans Jean 14:2, Jésus dit à Pierre : "Tu es Simon, fils de Jonas, et tu seras appelé Pierre." Il est intéressant de noter que le père de Pierre ne s'appelait pas Jonas. Dans certaines traductions, le nom est retranscrit phonétiquement, mais il s'agit bien du même mot, "Jonas". Être "fils de Jonas" signifie être son héritier spirituel, être "comme" lui.

Jonas est ce prophète qui a fui sa mission, ne voyant pas qu'il était un instrument choisi par Dieu, doté d'une puissance particulière pour convertir un peuple entier et retarder de plusieurs siècles la destruction de Ninive. Ainsi, dire à Pierre : "Tu es Simon, fils de Jonas," signifie : "Initialement, tu es celui qui, comme Jonas, a des progrès à faire dans le domaine de la foi." Mais ensuite, Jésus ajoute : "Et tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église."

Nous retrouvons cette idée ailleurs, notamment en Jean 21, à partir du verset 15, où Jésus interroge Pierre trois fois : "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?" Il l'appelle par son ancien nom, soulignant une part de lui encore trop terrestre, "à son plus bas niveau d'interprétation spirituelle". Puis, il lui dit : "Fils de Jonas." Pierre représente les douze apôtres ; lorsqu'il prend la parole, il se fait leur porte-parole. Par conséquent, à travers Pierre, c'est chaque membre de l'Église qui est concerné, qui rencontre des difficultés dans sa vie spirituelle et sa mission. Nous devons prendre cette appellation "fils de Jonas" pour nous-mêmes.

 

Partie 3 : les 7 refus de Moïse

 

En parcourant Ex 3, 11 à Ex 6, 30, contemplons comment le SEIGNEUR fortifie Moïse dans les missions où Il l’envoie.

Moïse va opposer 7 refus à DIEU, qui sont en quelque sorte 7 refus type que nous pouvons avoir lorsque le SEIGNEUR nous envoie : la tentation de tout porter dans notre mission, douter de DIEU, douter des autres, douter de soi, se défiler, se décourager devant l’épreuve, se décourager devant les refus.

DIEU répond par des signes pour affermir notre foi, et aussi par sa justice qui nous confronte aux conséquences de notre refus, comme Il nous éduque.

Les 7 objections de Moïse.pdf 

Dieu apparaît donc à Moïse dans le buisson ardent et lui dit : "J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte, je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs." Nous retrouvons ici une résonance avec les Ninivites égarés : Dieu est pris de pitié pour son peuple opprimé. Il lui demande : "Va maintenant, je t'envoie vers le peuple, fais sortir mon peuple, les fils d'Israël."

Des commentateurs juifs ont souligné l'emphase du "va", un impératif pressant qui signifie : "Il n'y a que toi qui puisses accomplir cela, sinon ils sont tous perdus." C'est Dieu qui parle avec ses entrailles, dirais-je maternelles, disant : "Il faut que tu y ailles !" Un autre indice de cette urgence est l'appel direct de Moïse, répété sans virgule : "Moïse, Moïse." Contrairement à "Abraham, Abraham" ou "Samuel, Samuel" où une pause marque un appel doux, ici, l'absence de ponctuation en hébreu suggère une supplication, comme quelqu'un au fond d'un puits appelant à l'aide. L'appel de Dieu à Moïse est pressant.

Je crois que nous pouvons appliquer cela à nous-mêmes : nous ne réalisons pas assez à quel point Dieu, lorsqu'il nous appelle à une mission, parle du fond de ses entrailles. C'est par grâce qu'il agit. Pour ceux qui s'occupent d'un service d'Église, par exemple auprès des sans-abris, la misère de la rue est montée jusqu'à Dieu. "Il faut que tu t'en occupes !" Si nous réalisons cela, cela peut être un stimulant supplémentaire pour accepter les difficultés inhérentes à la croix.

Première Objection de Moïse : Le Doute de Soi

La première objection de Moïse est : "Qui suis-je, Seigneur, pour aller vers Pharaon et faire sortir d'Égypte les fils d'Israël ?" Ce "Qui suis-je ?" révèle l'idée que la mission repose sur lui et non sur Dieu. C'est la tentation de croire que l'on doit porter le poids seul, qu'une barrière s'est installée entre Dieu et soi. C'est la première objection que l'on peut formuler en recevant une mission : "Je n'y arriverai jamais seul."

À chaque fois, Dieu répond immédiatement par un don : "Je suis avec toi." Comme nous l'avons vu la dernière fois, Dieu offre son nom, un nom efficace qui nous fait connaître qui Il est et induit une action. "Je suis avec toi" : ce nom mystérieux affermit et éclaire notre mission. Le tétragramme "Je suis celui qui est" signifie qu'Il est présent dans le passé, le présent et l'avenir, car au ciel, le temps n'existe pas. Il est avec nous de toute éternité.

Un deuxième élément que Dieu donne immédiatement est un signe : "Vous servirez sur cette montagne." Ce signe peut paraître dérisoire pour Moïse. En quoi cela l'aidera-t-il dans sa mission ? C'est que notre mission, comme nous l'avons vu, est liée aux délicatesses du Seigneur, qui nous montre des indicateurs invisibles à notre regard, car trop lointains. Il nous révèle des éléments de l'avenir pour nous aider à ne pas nous focaliser sur le chemin immédiat, comme un conducteur qui ne reste pas rivé sur sa carte routière.

Ce "vous servirez sur cette montagne" doit nous apparaître comme un sujet d'espérance. Même si je suis aride dans ma prière et que je trouve la tâche difficile, je peux dire : "Seigneur, je te bénis pour la réalisation future de ton plan d'amour, notamment que nous sortirons d'ici et te servirons sur cette montagne." Cela signifie que nous aurons un culte indépendant des Égyptiens, dans un lieu où nous pourrons célébrer librement et respecter le chabbat, comme c'était le cas pour les Juifs. Ainsi, ce but que Dieu nous révèle peut devenir un motif de louange.

Justice et Conséquences cette première objection par l'Incrédulité

C'est la miséricorde du Père qui s'exprime dans la réponse de Dieu, mais aussi sa justice. Nos refus créent un déséquilibre, une sorte de "noirceur" qui affecte le rôle que nous aurions pu jouer. Si d'autres ont persévéré dans leur mission, notre faiblesse a ralenti la progression collective, entraînant des conséquences pour ceux qui doivent alors redoubler d'efforts. C'est la justice du Père : subir les conséquences pratiques de notre propre péché permet de rattraper le coup. Par exemple, si nous n'avons pas pris assez d'élan pour franchir un trottoir avec notre voiture, nous devrons ensuite pousser plus fort. Alors qu'avec une foi initiale, l'obstacle aurait été franchi sans même s'en apercevoir.

Une conséquence de cette incrédulité de Moïse est visible en Exode 5, verset 2. Lorsque Moïse et Aaron se présentent devant Pharaon, ils semblent hésitants, déclarant : "Dieu nous a dit que tu devais nous laisser partir." Pharaon répond : "Qui est le Seigneur Yahvé pour que j'entende sa voix et que je renvoie Israël ?" Ce "Qui est-il ?" fait écho au "Qui suis-je ?" de Moïse. Pharaon ne recentre pas le débat sur la divinité, mais sur une incrédulité, une négation de Dieu, ramenant tout au matériel : "Vois-tu Dieu ? Non." Certains scientifiques contemporains adoptent cette même posture : "Je ne peux pas observer Dieu avec mon microscope, donc Il n'existe pas."

Les commentaires rabbiniques rapportent que Pharaon aurait demandé à ses scribes de consulter leurs livres pour trouver trace de "Yahvé". Il savait pertinemment que ce nom n'y figurait pas. Cela est pertinent aujourd'hui lorsque des personnes nous opposent des arguments tirés d'émissions télévisées "démontrant" l'inexistence de Dieu. Nous pouvons nous sentir démunis. Ce que nous pourrions offrir, c'est une assurance plus ferme dans la puissance de notre parole, en affirmant : "Dieu m'a dit cela," sans trembler. C'est là que nous devons "pousser" pour que les roues de notre voiture montent le trottoir.

Moïse, quant à lui, se défend en arguant : "Si nous demandons cela, c'est pour éviter que Dieu ne nous envoie la peste et l'épée." Ce type de réponse n'est-il pas tentant ? : "Je vais à la messe parce que mes parents m'y obligent" ou "parce qu'il va m'arriver des malheurs sinon". En réalité, nous devrions nous taire plutôt que de ternir ainsi le nom du Seigneur. Une conséquence de cette attitude est que, un peu plus tard, les Hébreux subissent des coups des Égyptiens qui les obligent à fabriquer plus de briques et à trouver eux-mêmes la paille. Il semble bien que cette épreuve soit une conséquence pratique de leur incrédulité. Ce fléau ne leur aurait-il pas été épargné s'ils avaient défendu le Seigneur en présence des autres ?

Ainsi, lorsque nous ne défendons pas le Seigneur ou que nous ternissons son nom, nous pouvons en subir des conséquences concrètes. La manière de rattraper le coup est d'accepter ces épreuves en disant : "Seigneur, pardon, j'aurais dû mieux te défendre." C'est le premier obstacle dans la mission : le manque d'audace, le sentiment de devoir tout porter seul, l'incapacité d'assumer sa mission avec fierté chrétienne. Nous sommes des signes et des présages pour Israël, comme le dit Isaïe. Se le répéter peut nous aider.

Deuxième Objection de Moïse : Connaître le Nom Divin

La seconde objection de Moïse pour ne pas faire ce que lui demande DIEU est : "Quel est ton nom ?" Dieu répond alors : "À toi, je révèle mon nom : éyé achèr éyé (Je suis Celui qui est)." J'ai transcrit cette phrase hébraïque en phonétique, car la prononcer avec foi, comme "Abba" pour le Père, pourrait avoir une onction particulière. Cependant, pour le peuple, ce nom est trop sacré. Dieu dit donc à Moïse : "Tu leur diras : 'JE SUIS m'a envoyé vers vous.'" C'est une miséricorde du Seigneur, comparable à un parent qui, après qu'un enfant désobéissant se blesse, le prend dans ses bras avant de lui expliquer les conséquences de son acte. Dieu donne un "sucre d'orge" extraordinaire en révélant son nom, mais ensuite, la justice s'applique pour que l'enfant apprenne et grandisse.

En parallèle, dans la joute oratoire entre Moïse, Aaron et Pharaon, ce dernier déclare : "Moïse et Aaron, pourquoi empêchez-vous le peuple de travailler ?" La conséquence du dénigrement du nom de Dieu par Moïse, de son doute quant à sa puissance, est sans doute que Pharaon attribue les requêtes de Moïse et Aaron à leur propre volonté humaine, et non à une transcendance divine. Il minimise le projet divin en le ramenant à une conspiration humaine. Aujourd'hui, ce même discours nous est opposé : l'Église serait une institution autoproclamée, les papes décideraient de tout, réduisant un projet divin à une entreprise humaine dérisoire.

Face à cela, nous pouvons cultiver un attachement profond au Nom de Dieu, au nom du Père, de Jésus, et le prononcer avec une foi inébranlable. Dans ces moments où l'on nous oppose l'argument de l'humain et de l'invention, notre foi nous donnera la force nécessaire, les justes arguments et l'attitude adéquate face à ceux qui ramènent tout au matériel et à des décisions humaines médiocres.

Troisième Objection de Moïse : La Preuve de l'Autorité

La troisième objection de Moïse se trouve au chapitre 4, verset 1 : "Mais voilà, ils ne me croiront pas, ils n'entendront pas ma voix, ils diront : 'Le Seigneur ne t'était pas apparu !'"

Avec une grande patience, le Seigneur, pour lui répondre, lui demande : "Qu'as-tu à la main ?" Moïse répond : "Un bâton."

Ce bâton représente toute l'autorité qui lui reste. Après avoir tout perdu – il était le second de Pharaon, puis il a tué un Égyptien et passé quarante ans dans le désert comme berger – c'est son unique soutien. Le Seigneur prépare souvent ceux qui ont de grandes missions en les faisant s'occuper de brebis, observant leur manière de paître le troupeau avant de leur confier le sien. C'est le cas de Pierre, qui s'est occupé des douze apôtres avant de se voir confier l'Église tout entière. Le bâton de Moïse, ce sont toutes ses forces humaines restantes.

Dieu lui dit de le jeter, révélant que même ce sur quoi il s'appuie peut se transformer en serpent. Il est crucial de s'appuyer sur Dieu et non uniquement sur des supports humains. Moïse se retrouve face à sa propre faiblesse. Dieu lui demande de prendre le serpent par la queue, un acte de foi surnaturel. Ce geste symbolise le fait de prendre sa faiblesse en main, de prendre le taureau par les cornes. Le serpent redevient un bâton, et avec cela, Moïse accomplira des signes. C'est comme le poisson de Jonas : le cachot où il a été contraint de réfléchir est devenu un moyen de conversion pour les Ninivites. De même, nos faiblesses, nos refuges (comme l'alcoolisme pour reprendre un exemple courant), peuvent devenir des témoignages puissants de conversion de masse. Le Seigneur utilise nos refus et nos faiblesses pour notre mission.

Le verbe hébreu utilisé pour "saisir" est "shazak", signifiant "fort, rigide, dur". La faiblesse de Moïse est d'avoir un cœur dur, fermé. Ensuite, la main de Moïse devient lépreuse, puis saine, et l'eau se change en sang. Ces signes révèlent à Moïse ses propres faiblesses comme on va le voir tout de suite, ce qui est un signe de miséricorde. C'est comme un parent qui explique à son enfant pourquoi il a été réprimandé par son enseignant, l'armant ainsi pour l'avenir. C'est la miséricorde qui s'exprime, permettant à Moïse de progresser.

La main, qui symbolise l'action, devient lépreuse : "Regarde comme ce que tu fais est corrompu si tu ne t'appuies pas sur moi." Mais si Moïse remet sa main dans son sein et la ressort, elle redevient saine : s'appuyer sur la grâce divine rend notre action percutante et sanctifiée.

L'eau changée en sang représente aussi un appui humain : chercher de l'eau ailleurs qu'en recevant la pluie du Seigneur. Cette "eau" se transforme en sang, devenant imbuvable, nous dégoûtant. Par exemple, si je me console de ma tristesse en mangeant trop de chocolat, au-delà d'un certain point, le plaisir se transforme en dégoût. C'est cela : l'appui humain censé nous consoler finit par nous dégoûter. On retrouve ce thème avec Pharaon et le Nil : il s'appuie sur le Nil, qui se change en sang.

Humiliation et Conséquences des Blocages

Moïse exprime son incrédulité : "Ils ne me croiront pas." L'acte de justice qui va s'appliquer est qu'Aaron prendra la parole, accomplira les signes, et le peuple croira immédiatement. C'est une humiliation pour Moïse, se dire qu'il a manqué de foi, alors que le peuple s'est converti instantanément. Il a causé un grand blocage dans sa vie spirituelle et sa mission, alors qu'il aurait suffi d'un "oui" pour que tout se passe. Il est alors contraint de dire : "Pardon, Seigneur, j'ai manqué de foi."

Pharaon impose une épreuve : "Puisque c'est ainsi, vous devrez fabriquer plus de briques." Il retire la paille que les Égyptiens fournissaient auparavant, doublant ainsi le travail des Hébreux. Cela déstabilise le peuple, créant une inégalité, comme si un président décidait que les chrétiens cotiseraient le triple de leur retraite. Cela engendre de la méchanceté et un déséquilibre dans la paix sociale. Pharaon refuse Dieu par méchanceté. La paille, pour moi, est liée à la vue, à ce qui masque la vue, comme Jésus nous le révèle.

La Paille : Futilité et Défauts des Autres

Dans l'Ancien Testament, la paille symbolise la futilité : "les méchants seront comme la paille balayée par le vent". Pharaon met cette paille sous les yeux des Hébreux, les détournant ainsi de leur véritable objectif. La mission divine est de libérer les personnes de l'athéisme, de l'incrédulité, de la misère et de la tristesse, pour les mener vers les sources de vie et la vision de Dieu. Le démon et les forces hostiles s'efforcent de nous mettre des futilités sous les yeux, des choses inutiles qui retardent notre progression. Aujourd'hui, cela se manifeste par la surconsommation de loisirs et d'activités triviales.

Selon l'interprétation du Christ, la paille représente aussi les défauts des autres. Si je me base sur les imperfections de quelqu'un pour le juger, je me fonde sur des futilités qui masquent la personne dans sa vérité. L'un des combats que nous rencontrerons dans notre mission, et qui fait partie de cette troisième épreuve, est que le Malin nous montrera très clairement les faiblesses de ceux avec qui nous collaborons. Par exemple, si nous travaillons sur la liturgie de la Parole, l'imperfection du responsable pourra nous irriter, alors même que nous voulions simplement rendre service. C'est cela la paille : nous présumons des difficultés, nous rechignons à nous mettre en route, et des faiblesses, parfois apparentes, nous sont présentées comme des obstacles, alors qu'elles ne sont que de la paille. Pourtant, nous avons nous-mêmes une poutre dans notre œil qui nous empêche de voir notre frère ou notre sœur en vérité. Cela rejoint le thème du peuple qui croit malgré l'incrédulité de Moïse, et la paille qui bouche la vue.

Conséquences de la Justice Divine : Humiliation et Surcharges

Dans les conséquences de la justice divine, les scribes et les fils d'Israël frappent Moïse et Aaron, leur reprochant d'avoir provoqué leur surcharge de travail, leur faisant ramasser la paille et les rendant odieux aux yeux de Pharaon. C'est la fin de la parenthèse où Moïse craignait que le Seigneur ne les "dégomme par l'épée". La conséquence est là, palpable.

Revenons sur le mot hébreu shazak, qui signifie "fort, rigide, dur". Ce terme, utilisé pour "saisir le bâton", révèle que la dureté de cœur de Moïse trouvera un écho dans la dureté de cœur de Pharaon. Les endurcissements successifs se manifestent à travers les différentes plaies. Si Pharaon persiste dans sa dureté envers le peuple, Dieu va également endurcir les conditions des Égyptiens. Ces derniers, excédés par les plaies, presseront le peuple de partir à coups de pied au derrière. Dieu agit en s'appuyant sur cette dureté pour finalement faire sortir le peuple d'Égypte "à bras armés, à bras étendus".

Moïse s'objecte aussi en disant : "Je ne suis pas un homme de parole, je suis lourd de bouche et de langue." Le mot hébreu kavet, signifiant "lourd", est employé ici. Moïse insiste sur son manque de talent oratoire, ramenant la mission à une simple question de capacités humaines. Dieu répond : "Qui a fait une bouche à l'homme ?" C'est un acte créateur, un acte fort qui sanctifie et qui rend "sourd et muet, voyant ou aveugle". Dieu ajoute : "Je serai avec ta bouche." Le Nom divin est lié à la bouche de Moïse, et il accomplira des merveilles qui toucheront le cœur des gens.

Les conséquences de la justice se manifestent par la lourdeur du cœur de Pharaon, qui refuse de laisser partir le peuple, puis par les plaies elles-mêmes qui deviennent "lourdes". La quatrième plaie, la vermine, entre "lourdement" (shazak). La grêle est "très violente", une "telle masse" de sauterelles. Mais Dieu s'appuie sur cette adversité pour combler le peuple hébreu de grâces. Ayant été persécuté par la lourdeur de cœur des Égyptiens, et Moïse s'étant repenti de sa propre lourdeur, Dieu fait sortir les Hébreux avec de "lourds troupeaux". C'est magnifique de voir les grâces abondantes que le Seigneur accorde.

Une autre conséquence de la lourdeur se retrouve dans la manière dont Moïse exercera son autorité. Il subira de plein fouet la lourdeur du peuple, se plaignant au Seigneur : "Pourquoi mettre la charge de tout ce peuple sur moi ? Je ne pourrais pas moi-même porter tout ce peuple, il est trop lourd pour moi." Cela montre que la lourdeur initiale de Moïse se répercute sur le peuple. En offrant nos propres "misères" et nos "lourdeurs de cœur", nous pouvons rattraper le temps perdu et nous raccrocher au projet du Seigneur.

L'acte créateur de Dieu qui a "fait une bouche à l'homme" trouve son pendant dans la parole d'autorité de Pharaon : "Vous leur imposerez néanmoins la quantité de briques qu'ils faisaient auparavant." Pharaon va imposer une parole et un acte d'autorité, leur faisant travailler deux fois plus avec la paille sous les yeux. Au chapitre 5, verset 14, les commissaires des enfants d'Israël sont même battus par les inspecteurs de Pharaon. L'acte créateur de Dieu perturbe une organisation humaine. Plus tard, les plaies seront des actes grandioses qui renverseront la situation. Les derniers actes, comme la mer Rouge qui s'ouvre, sont des actes de puissance divine, des sium (acte créateur).

Cinquième Objection : Le Doute sur sa Propre Aptitude

La cinquième objection de Moïse est : "Je t'en prie, envoie donc avec la main de qui tu enverras." Le mot hébreu shalash (envoyer) est utilisé. La colère du Seigneur s'enflamme. Ici, la question n'est plus "Qui suis-je ?", mais plutôt "Suis-je la bonne personne ? N'y a-t-il pas quelqu'un de plus apte que moi ?" Moïse souhaite se fondre dans la masse.

L'acte de miséricorde de Dieu est alors de partager la mission de Moïse en deux, avec son frère Aaron. Moïse devra expliquer les choses à Aaron, dont le caractère est différent. Aaron finira par faire le veau d'or en suivant le peuple plutôt qu'en faisant confiance à Moïse. Moïse subira la "lourdeur" d'Aaron, même si Aaron est quelqu'un de joyeux par ailleurs. Mais c'est Aaron qui accomplira la plupart des prodiges et sera le porte-parole de Moïse devant Pharaon, récupérant ainsi une partie de la gloire.

Les conséquences se manifestent par l'endurcissement de Pharaon, qui ne laisse pas partir le peuple, et par la main puissante de Dieu qui finira par le forcer à les laisser partir. Finalement, au chapitre 9, verset 27 de l'Exode, Pharaon lui-même envoie chercher Moïse et Aaron, les suppliant d'éloigner les plaies. L'envoi s'inverse, et le Cantique de Moïse à la fin célèbre la colère de Dieu qui a englouti les ennemis dans la Mer Rouge.

Sixième Objection : La Souffrance dans la Mission

La sixième objection de Moïse est plus légitime : "Pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ?" Le peuple subit les conséquences des briques et du travail forcé. C'est un cri de souffrance, la croix au cœur du sujet : "J'ai rencontré ta croix, Jésus, et c'est dur." Moïse, qui avait accepté de suivre le Seigneur, se heurte aux hostilités, aux difficultés financières, et demande : "Pourquoi m'as-tu envoyé ? Je t'avais dit dès le départ qu'il fallait envoyer quelqu'un d'autre."

Dieu va transformer ce "aller" en acte de puissance. Il va envoyer Moïse vers Pharaon avec l'ordre de s'imposer. La faiblesse de Moïse ("Pourquoi m'as-tu fait aller vers l'Égypte dans la souffrance ?") est transfigurée. L'homme de prière, qui reste connecté au Seigneur et crie sa détresse non pas dans le vide mais auprès de Dieu en adoration, reçoit une réponse. Le Seigneur lui dit : "Je vais t'envoyer vers Pharaon, et tu enverras tes prodiges. C'est toi qui feras ces actes de puissance. Cet envoi où tu m'as interrogé sur la souffrance, tu vas toi-même participer à ma royauté, à mes actes de puissance. Tu opèreras des guérisons, tu iras parler à l'évêque, au président, alors que tu n'es personne. Mais parce que tu as accepté de porter ma croix, je te donne une autorité, une mission plus forte que la simple discussion avec Pharaon."

Septième Objection : Le Refus des Autres

Le dernier argument de Moïse est : "Les fils d'Israël ne m'ont pas écouté, moi l'incirconcis des lèvres." Cette réplique, que l'on retrouve aux chapitres 6, versets 12 et 30, entrecoupée d'une généalogie, exprime la difficulté de se heurter au refus des autres. C'est une épreuve de se prendre un mur. Cela m'est arrivé récemment : j'ai reçu dans la prière l'ordre du Seigneur de dire quelque chose à quelqu'un, j'y suis allé, et je me suis heurté à un refus violent.

Le prophète Jérémie a vécu une expérience similaire : il rappelle à Dieu comment le roi a déchiré et brûlé les rouleaux qu'ils avaient mis des heures à écrire. "Cela n'a servi à rien, Seigneur, pourquoi ?" Ce genre d'épreuve peut nous miner dans notre mission, lorsque Dieu nous demande des choses et que les gens restent inflexibles. Au départ, nous sommes peut-être de grands priants, courant vers le Seigneur, mais en pleine course, nous nous heurtons à ce mur.

Le mot écouter revient constamment dans les appels répétés de Dieu à Pharaon, mais sans succès. Pharaon est un personnage biblique qui semble refuser la grâce jusqu'au bout, le type même de la personne qui finit en enfer. Il demande parfois des prières, mais par superstition, non par conversion intérieure, comme Judas qui retourne voir les prêtres sans véritable repentir.

Pourtant, la grâce du Seigneur opère : à partir de la troisième plaie, les serviteurs écoutent. Les magiciens eux-mêmes reconnaissent "le doigt de Dieu". Progressivement, ils supplient Pharaon d'arrêter, réalisant les dégâts. Les Égyptiens qui ont écouté Moïse en rentrant leurs troupeaux ont été sauvés. Ainsi, se heurter à un mur avec Pharaon est une manière de convertir son entourage. Les "dommages collatéraux" de notre mission et de l'endurcissement de certains sont la conversion d'autres personnes, ce à quoi nous ne nous attendions pas forcément.

Ces deux dernières objections de Moïse ne sont plus des refus de la mission, mais des plaintes liées aux difficultés rencontrées, signes que nous ne sommes pas encore des saints comme Jésus, qui a accepté sa mission sans broncher. Parfois, nous nous posons devant le Seigneur en disant : "Je crie vers toi, car j'ai des difficultés, des murs, des gens qui ne croient pas ou ne veulent pas, et c'est dur." Dans ces moments, les paroles du Seigneur sont des consolations et des exhortations. Les actes de justice ne sont plus contre le prophète lui-même, mais contre le monde extérieur qui a refusé la grâce.

Le profil de Moïse correspond bien à une mission : les cinq premières difficultés sont les nôtres, et les deux dernières sont les obstacles classiques de tout prophète. Nous ne pouvons pas y échapper. Cela signifie que nous avançons lentement dans notre mission, mais nous avançons. Ces vrais obstacles surviennent quand nous prenons de la vitesse ou que nous avons été trop rapides sur certaines choses.

 

Partie 4 : D’autres blocages dans notre vie spirituelle

Quelques blocages à partir d’enseignements de Chris Ndikumana et d’autres éléments trouvés dans la Parole de DIEU : d’oublier bienfaisance et libéralité, la rancune, le manque de prière, le manque de soumission aux autorités, ...

 

Je vais maintenant citer d'autres blocages que nous pouvons rencontrer dans notre vie spirituelle en général, non spécifiquement liés à la mission. Parfois, nous manquons de fécondité spirituelle à cause de ces obstacles. Je m'appuie ici sur un prêtre (ou laïc, il semble qu'il soit prêtre) du Burundi, Ndikoumana, dont j'apprécie les prêches. Il parle des blocages qui empêchent nos prières d'être exaucées.

  1. La bienfaisance et la libéralité comptées : Selon Hébreux 13:16, "N'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir." L'obstacle est de ne pas être constamment centré sur ce que l'on donne, de ne pas compter au compte-gouttes.
  2. Le don de soi et le pardon : "Donnez, il vous sera donné ; on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée, qui déborde, car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis." C'est un don plus large, le don de soi et l'amour pour les autres, notamment la manière dont nous jugeons ou aimons. Le Seigneur agit de même avec nous, devançant notre pardon. Quand je parle de don, je pense surtout au pardon et à la bonté d'âme pour nos frères, comme Marie-Madeleine qui, ayant beaucoup aimé, a été beaucoup pardonnée.
  3. Le manque de prière : Dans Actes 10:2, le centurion Corneille était un homme pieux qui craignait Dieu avec toute sa maison. Il faisait beaucoup d'aumônes et priait Dieu continuellement. Un ange lui fut envoyé, et l'Esprit Saint dit à un apôtre (peut-être Philippe) d'aller le voir car il priait tellement. Corneille lisait Isaïe sans les clés, et il fallait lui donner Jésus. Ce grand priant, proche de la foi juive mais agnostique, a attiré les dieux par sa prière confiante. Il faut donc prier suffisamment.
  4. Le respect des autorités : Le père Ndikoumana parle de l'autorité dans le couple, mais cela s'élargit à la vie spirituelle en général. Éphésiens 5:24 dit : "Or, de même que l'Église est soumise au Christ, les femmes aussi doivent se soumettre à leur mari en toute chose." Si une femme prie pour son mari mais ne se soumet pas à lui (sur des choses importantes, mais non vitales), sa prière peut ne pas être exaucée. Il en va de même pour le mari avec sa femme. C'est une véritable arme de dire : "Je n'ai pas envie de faire cela, mais je le ferai par amour pour toi," même si cela n'est pas exprimé oralement, mais offert à Dieu.

Cette obéissance spontanée a une grâce particulière, surtout quand le moment semble inopportun. Si nous sommes en train de faire autre chose et que nous nous interrompons pour obéir, il y a une grâce spéciale. Dans Luc 3:10-14, Jean-Baptiste répond aux foules qui demandent ce qu'il faut faire pour se convertir. Il dit aux collecteurs d'impôts de ne rien exiger de plus que ce qui est fixé, et aux militaires de ne faire ni violence ni tort et de se contenter de leur solde. À chaque profession, il est demandé d'être soumis aux autres et d'exercer son autorité de manière saine. C'est la vie spirituelle.

L'un des blocages dans la vie spirituelle, surtout aujourd'hui où la liberté est exacerbée, est de vouloir être "quelqu'un" en exerçant sa liberté et en n'obéissant pas. Savoir dire non aux mauvaises choses et défendre la vérité est important, mais il y a des situations où se soumettre à l'autorité a un grand pouvoir. Philippiens 2:12-15 dit que nous brillons comme les astres dans l'univers lorsque nous nous soumettons aux autorités. C'est un sujet délicat, mais obéir à un chef professionnel, ou à une demande d'un collaborateur, a une fécondité particulière.

Le pardon : Nous en avons parlé avec le "tablier secoué débordant". Matthieu 5:23-24 est très clair : "Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande." Les blocages que nous gardons contre nos frères, les rancœurs, sont un frein à la vie spirituelle. Ils engendrent de l'amertume et de mauvaises pensées. Le pardon est reçu du Seigneur. Si nous prions le Notre Père ou demandons au Seigneur de nous aider à pardonner, nous recevrons la force de le faire. Il nous demande de prendre la décision de pardonner, même si nous ne le ressentons pas immédiatement, car c'est trop fort pour nous. Jour après jour, nous avançons, et si notre rancœur se déplace vers quelqu'un d'autre, nous continuons.

Conclusion : Aimer la Croix et S'Abandonner à Dieu

Pour résumer, notre société actuelle ne nous aide pas à aimer la croix. Elle fuit la souffrance, le respect de l'autorité et le contact avec Dieu, cherchant à nous mettre de la paille devant les yeux à travers le bruit du monde, les médias, etc. Ces distractions nous entravent dans notre progression.

Ce qui peut nous aider est de réaliser que le Seigneur nous demande des choses que nous recevons dans la prière parce qu'Il est lui-même épuisé intérieurement, infiniment triste face aux personnes à visiter, aux gens dont il faut s'occuper. C'est pourquoi il nous envoie. Il nous donnera ce dont nous avons besoin sur notre route, y compris un lot de souffrance. Mais dans ces souffrances, nous pouvons revenir aux prières de Moïse ou de Jonas, ou à des psaumes comme le Psaume 130 ("Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux"), ou aux prières de saints comme Charles de Foucauld. Ces prières nous aident à dire : "Seigneur, que ta volonté soit faite. J'accueillerai cette mission que tu me donnes, et j'accueillerai aussi le fait que tu utilises ma souffrance pour porter du fruit." En accueillant ces souffrances, nous avançons aussi en sainteté.

Que le Seigneur mette cela en lumière.

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Reconnaître l'ivraie

  

"C'est lui qui te sauve des filets du chasseur." Ps 91(90), 3

 

Vous êtes-vous déjà demandé comment s’y prend l’adversaire pour semer l’ivraie au milieu des bonnes graines ? Et aussi comment nous évitons d'en manger ?

 

Notre vie est en effet grevée de mauvaises semences qui nous empêchent d’avancer lorsque DIEU nous sollicite pour "prendre la mer" avec Lui, lorsque nous partons en mission (notre travail, le contact avec nos enfants, …) DIEU, dans sa grande bonté, nous aide à reconnaître l’ivraie.

Cet enseignement suit l’itinéraire de Moïse et Aaron qui, au contact de Pharaon, se retrouvent comme au milieu d’un champ de mines : l’ivraie est partout ! Ils reçoivent la grâce afin de ne surtout pas manger de cet ivraie et de poursuivre le but que DIEU leur a assigné : mener le peuple Hébreu hors d'Egypte. 

Durée : 1h18 1 ou 5 fichiers mp3

Introduction : Mais qui est donc ce semeur d'ivraie ???

La demande du CHRIST en Mt 13, 29 est de ne surtout pas arracher nous-même l’ivraie, mais de le laisser faire. Il a en effet un plan d’Amour autour de l’ivraie, et surtout pour nous... 

 

 

  

 

Le prophète Ezéchiel au chapitre 38 nous enseigne sur Gog et son rôle de semeur d’ivraie.

Le semis de l’ivraie par Pharaon dans le livre de l’Exode au chapitre 1 : « prenons donc de sages mesures contre eux ! » : le changement des lois au détriment des Israélites et de son peuple. 

 

Les refus de Pharaon : 7 plants d'ivraie.pdf 

 

1er plant d’ivraie : l’incrédulité

Ex 5, 1-5 : Pharaon déploie toute sa verve devant Moïse et Aaron pour ne pas reconnaître que DIEU est DIEU. Ah mais !

L’occasion de reconnaître pour nous lorsque nous sommes confrontés à un langage trompeur qui nous induit à douter de DIEU. 

   

2ème plant d’ivraie : la superficialité

Ex 7, 9-23 : Pharaon les plante là comme si la demande de Moïse et Aaron n’avait aucune importance. Même lorsque les prodiges se multiplient. Son attitude scandalise son entourage en semant la superficialité.

Comment résister à la superficialité, comment le Seigneur châtie ceux qui s’accrochent à cette superficialité. 

    

3ème plant d’ivraie : l’ego, l’orgueil

Ex 7, 26 - 8, 11 : Comment Moïse et Aaron évitent le piège de la plante d’orgueil tendu par Pharaon : leur prudence, le fait de tout ramener au Seigneur. 

 

4ème plant d’ivraie : l’imprudence

Ex 8, 15-28 : La tentation de faire des choses pour Dieu en faisant des concessions. Et de se laisser séduire par les apparents mouvements de conversion de nos interlocuteurs. 

 

5ème plant d’ivraie : l’hypocrisie, fausseté, duplicité

Ex 9, 7-35 : Pharaon utilise le mensonge pour faire tomber Moïse et Aaron dans un nouveau piège. Le ceinturon de la vérité nous immunise, la grêle châtie le menteur et le Seigneur rend de multiples façons à celui qui ne tombe pas dans le mensonge. 

 

6ème plant d’ivraie : la suspicion

Ex 10, 4-20 : tentation de nous aussi regarder le monde de travers, l’arme fatale : la candeur. 

 

7ème plant d’ivraie : l’avarice, cupidité

Ex 10, 24 - 11, 10 : quand le cupide nous fait percevoir le monde avec son regard financier.

  

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Surmonter la persécution

 

"Voici que je vois quatre hommes déliés
qui marchent au milieu du feu
sans qu'il y ait sur eux aucune blessure !" Dn 3, 25
 
 

Comment survivre lorsqu'une personne s'en prend à moi avec insistance et constance ?

 

La persécution n’est pas forcément ce qui nous concerne le plus pour le moment, nous les chrétiens occidentaux. Pourtant, nos frères du Moyen-Orient ou les premiers chrétiens de Rome étaient en permanence confrontés.

En suivant les itinéraires de plusieurs personnes persécutées de la Bible (Abel, Jacob et David), apprenons à comprendre comment naît la tentation d’oppresser son frère, comment vivre et surmonter la persécution et quelles grâces le SEIGNEUR nous donne dès cette terre. 

Durée : 1h30 1 ou 4 fichiers mp3

 

 Introduction

 

Partie 1 : Pourquoi et comment nous pouvons être persécutés

Plusieurs itinéraires de persécuteurs sont étudiés ici afin de mieux comprendre comment naît un persécuteur : le personnage du début du Livre de la Sagesse, Abel et Caïn, Jacob et Esaü, David et Saül. 

   

 1-1 : L’origine de la persécution est décrite dans le livre de la Sagesse

Sg 1, 16 – 2, 24 : l’impie fait une déclaration de sa foi (profitons du moment présent puisque Dieu est loin de nous) et dans un second temps persécute le faible puis le juste. Et le peuple de DIEU... 

 

1-2 : La persécution d’Abel par Caïn : Gn 4

L’attitude différente d’Abel et de Caïn lorsqu’ils offrent un sacrifice au Seigneur.

Le Seigneur qui prévient Caïn et non Abel.

Moteurs du persécuteur : jalousie, mensonge et incrédulité.

Protection du Seigneur pour les persécuteurs.

Le Sang d’Abel, qui donne un sens à la persécution. 

  

1-3 : La persécution de Jacob par Esaü : Gn 25 à 33 

 

La prophétie de Gn 25

He 12, 16-17 : la débauche d’Esaü conduit au reniement du droit d’aînesse.

Le projet d’Esaü d’après le Targum.

La duplicité d’Esaü d’après le Targum.

Les 5 péchés d’Esaü d’après le Targum.

La mort d’Isaac et la persécution ouverte qui se déclenche.

 

1-4 : La persécution de David par Saül : 1 S 13 à 1 S 19

L’impatience de Saül à Guilgal : accaparement du rôle du prêtre

Le jeûne forcé de l’armée de Saül durant le combat et la persécution de Jonathan.

Désobéissance au retour de la guerre contre Amaleq.

L’esprit de persécution entre en Saül.

La tentation d’utiliser les armes de la force contre Goliath.

Manigances de Saül contre David. 

  

1-5 : Conclusion de cette partie : le bon Larron, un des premiers martyrs 

  

Partie 2 : Le rugissement, arme du persécuteur

2-1 : 1 P 5, 8 : Le lion qui rugit : peur, effroi et désespérance 

 

2-2 : 2 R 18 : Délégation de Sennachérib qui pousse un rugissement envers Ezéchias et son peuple

  • Négation de la foi d’Israël
  • Semer le doute
  • Souligner l’absence de force humaine
  • Faire croire qu’il vient du Seigneur
  • Déshumanisation
  • Promesses fausses

 

2-3 : Le rugissement du Diable lors des 3 tentations de Jésus au désert.

Mt 4, 1-11

 

Partie 3 : La juste attitude du persécuté

Comment faire lorsque nous sommes persécuté-e.

 

3-1 : La fuite + ne pas ouvrir la bouche

1 S 20, 31 : « Il ne faut pas lever la main sur le roi »

La grâce de visiter des lieux dans lesquels nous ne serions pas allé-e si nous n'avions pas été persécuté-e

Ps 4 : « Mais vous, tremblez, ne péchez pas »

Se laisser consoler par des proches, comme Jésus qui se laisse consoler par Marie, d’après plusieurs mystiques.

Se retenir de juger, sauf en cas de possible contre-témoignage : Serviteur souffrant d’Isaïe 52-53 // Jésus pendant sa Passion.

 

3-2 : Vivre la persécution comme un expiation

David fuyant devant Absalom

JÉSUS fuyant devant les pharisiens. 

 

3-3 « Se plier » devant le persécuteur

Jacob retrouve Esaü, s’explique et le couvre de cadeaux.

 

3-4 : S'inquiéter pour les autres

Le souci de Paul pour les Églises de Dieu.

 

3-5 : Croire qu'il nous est donné la juste réponse

Ex 1 : les sages-femmes répondent au Pharaon dans la confiance. 

 

Partie 4 : Les grâces lors de la persécution

4-1 : Le Seigneur nous envoie du soutien actif

  • Par une amitié surnaturelle : Jonathan et David : 1 S 18-20
  • Par une "sponsalité" surnaturelle (complémentarité homme-femme) :
    • 1 S 19 : Mikal s’attache à David
    • Ex 1 : les femmes, piliers des familles Hébreu persécutées
  • Par une maternité surnaturelle : Rébecca protège Jacob, Marie nous est donnée comme Mère... 

4-2 : Profiter des renversements de situation

  • Esaü se met à pleurer devant Jacob
  • Pierre est délivré par les anges
  • Tremblement de terre qui délivre Paul de sa prison.

  

4-3 : Expérimenter que les persécuteurs se retrouvent dans notre main

  • Esaü dans la main de Jacob
  • La mission du persécuté de racheter le persécuteur
  • David épargne Saül. 

 

4-4 : Puiser dans les trésors des Sacrements

  • Elie au désert
  • L’Étoile du Matin. 

 

Partie 5 : Discerner les signes précurseurs des persécutions (en très bref)

La chute du Temple : par exemple : banalisation de l'Église

Faux messies : fausses doctrines, pratiques magiques

Guerres et rumeurs de guerre : l’inondation par un flot des médias qui tue l’espérance

Paix et Sécurité : par exemple le slogan de l’ONU

Evangile proclamé jusqu’au bout des nations : notamment par le Pape

Retour d’Israël : Rm 11 : miracle en 1947 : fondation de l’Etat d’Israël (cf. article sur les Signes des Temps : Séparation et Unité

  

Conclusion

Se préparer : le rugissement est un avertissement qui nous est envoyé pour se mettre à prier. 

   

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